Le cynips du châtaignier, un ravageur invasif redoutable

Depuis une vingtaine d'années, le cynips du châtaignier, un minuscule insecte tout droit venu d'Asie, menace sérieusement la santé et la production de ces arbres majestueux. Sa progression rapide, son mode de reproduction très particulier et prolifique, ainsi que les dégâts importants qu’il provoque en font un organisme à surveiller de très près.

Cynips du châtaignier, Dryocosmus kuriphilus Yasumatsu
Cynips du châtaignier, Dryocosmus kuriphilus Yasumatsu © Gyorgy CSOKA

Description du Cynips du châtaignier

Dryocosmus kuriphilus Yasumatsu, plus connu sous le nom de cynips du châtaignier, est un hyménoptère de la famille des Cynipidés.

Cette petite guêpe ne mesure que 2 à 3 mm à l’âge adulte, avec un corps sombre et de fines ailes transparentes. Ses 3 paires de pattes ainsi que la base de ses antennes sont jaunes.

Ce micro-insecte passe la majeure partie de sa vie caché à l’intérieur des bourgeons du châtaignier.

Découvert en Chine, son pays d’origine, il s’est ensuite propagé au Japon (vers 1940), aux États-Unis (1974), puis en Europe, avec une première détection dans le Piémont italien. En France, il a mis à mal les zones de culture castanéicoles dès 2010. Depuis, il ne cesse de gagner du terrain, en particulier dans les zones de production de châtaignes.

Si petit soit-il, cet animal provoque des dégâts impressionnants pouvant réduire de 80 % les récoltes et même tuer des châtaigniers centenaires en cas de graves attaques.

Cycle de vie

Le cynips du châtaignier se reproduit par parthénogenèse thélytoque. En clair, nul besoin de mâle pour se reproduire et donner naissance à une multitude de femelles, qui une fois adultes, pourront chacune pondre près de 300 œufs chacune. Ce particularisme explique la fabuleuse expansion de l'espèce et son côté invasif.

Au début de l’été, les adultes émergent des galles et pondent directement dans les bourgeons latents des jeunes pousses, à l’aisselle des feuilles.

Les larves naissent rapidement mais restent invisibles, elles amorcent une première phase de croissance sans modifier l’aspect du bourgeon, ce qui rend la présence de l’insecte indétectable durant des mois !

Elles passeront ensuite tout l’hiver à l'abri des bourgeons, puis reprendront leur développement au printemps. C’est alors que leur présence devient visible, car elles sécrètent des toxines qui détournent la croissance normale du bourgeon et provoquent la formation d’une galle.

Symptômes et dégâts

Les premiers signes apparaissent au printemps, au moment du débourrement. Les bourgeons infestés par les larves de Cynips gonflent et se transforment en galles, sortes de renflements souvent verdâtres ou rougeâtres. Ces galles bloquent la pousse des bourgeons et empêchent le développement de nouvelles tiges ainsi que des fleurs, compromettant par là même la production de châtaignes.

Tous les bourgeons d’un même rameau peuvent être touchés. La pousse meurt alors totalement. À grande échelle, l’arbre s’affaiblit, sa production chute, et il peut finir par dépérir en été si l’infestation est massive.

Quelles plantes sont concernées ?

Le cynips s’attaque principalement au châtaignier européen (Castanea sativa), mais d’autres espèces de châtaigniers peuvent être touchées. Certaines variétés hybrides asiatiques présentent cependant une meilleure résistance.

Prévention

Le cynips étant minuscule, discret et passant la majorité de son cycle à l’intérieur des bourgeons, il est donc invisible et inaccessible à la plupart des oiseaux insectivores. De plus, il n’émerge qu’à un moment très précis et de façon massive mais brève, ce qui limite les opportunités de prédation. Rares sont ses prédateurs naturels. Il est donc crucial d'éviter toute importation de matériel végétal (plants, greffons, rameaux) en provenance de zones infestées : Chine, Japon, États-Unis, Italie. Si tel est le cas, vérifiez toujours la présence du passeport phytosanitaire.

Il existe quelques variétés de châtaigniers résistantes qu'il sera préférable de planter pour éviter les invasions.

Pensez à signaler immédiatement toute suspicion de présence de l'insecte auprès des services phytosanitaires ou aux Fédérations de Lutte contre les Organismes Nuisibles (FREDON et FDGDON). Agir au plus vite permettra de limiter les dégâts et l'expansion territoriale de la bête.

Traitements contre le cynips du châtaignier

Les traitements chimiques testés au Japon demeurent très insatisfaisants et présentent des risques pour l'environnement.

Un espoir réside dans la lutte biologique grâce aux lâchers d'un prédateur très efficace,

Torymus sinensis, un autre micro-hyménoptère, capable de parasiter efficacement les larves du cynips. Cet insecte a pour avantage d'avoir un cycle de vie correspondant exactement à celui du cynips.

Il pond ses œufs directement à l'intérieur des galles formées par les larves du ravageur. En se développant, les larves de l’auxiliaire vont dévorer celles du cynips.

Introduit au Japon en 1982, ce parasitoïde a été utilisé avec succès pour limiter les dégâts. En Europe, son introduction contrôlée est en cours dans plusieurs pays.

En France, l’équipe RDLB d’INRAE organise des lâchers expérimentaux de Torymus sinensis dès 2011. En 2017, les conclusions sont très positives puisque les châtaigniers traités avaient retrouvé leur rendement d'avant l'invasion de cynips. Un bel espoir pour les châtaigneraies !

Article rédigé par Iris MAKOTO

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