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La lutte biologique, une solution naturelle et écologique

Un jardin malmené par une utilisation régulière de produits chimiques depuis des décennies est bien plus sensible aux attaques de parasites. La lutte biologique va offrir une solution naturelle et écologique pour retrouver un bon équilibre entre parasites et prédateurs assurant ainsi des cultures plus saines et meilleures pour la santé et l'environnement.

La lutte biologique, une solution naturelle et écologique
La lutte biologique, une solution naturelle et écologique © Jürgen Kottmann/stock.adobe.com

En quoi consiste la lutte biologique ?

La lutte biologique est une approche naturelle du jardinage permettant de palier aux déséquilibres induisant une trop forte présence de certains parasites.

Des années de cultures monospécifiques en agriculture intensive, l'utilisation d'insecticides, de fongicides et d'herbicides, aussi bien au niveau professionnel que dans les jardins particuliers, ont provoqué de multiples déséquilibres dans la nature. Les oiseaux sont de moins en moins nombreux, tout comme les insectes dont les populations ont drastiquement baissé ces 30 dernières années. Les chaînes alimentaires entre parasites et prédateurs s'en trouvent fortement affectées, ce qui implique la prolifération de certains parasites au jardin.

Une cause externe peut aussi être la source de l'infestation par des ravageurs, par exemple l'introduction d'une nouvelle plante abritant des œufs, des larves ou des parasites adultes.

La lutte biologique consiste à mettre en relation deux organismes vivants (animaux, bactéries, champignons...) pour contrer naturellement ou réguler une prolifération problématique de parasites. 'Problématique' est un mot important : tous les animaux considérés comme des parasites ne doivent pas être anéantis, car sans nourriture, les prédateurs risquent de disparaître à leur tour. Les parasites reviendront alors massivement dans votre jardin !

La lutte biologique va aider à retrouver cet équilibre entre parasites et prédateurs de manière naturelle par la préservation du biotope et une mise en avant de la biodiversité ou par l'introduction d'une espèce bien particulière qui s'attaquera de manière curative à un ravageur présent en trop grand nombre au jardin.

On peut intégrer également dans la lutte biologique les pièges à phéromones qui devront être placés à la bonne époque pour attirer les mâles et ainsi empêcher la reproduction des parasites.

Autre technique, l'introduction massive de mâles stériles, cependant, elle est peu utilisée dans le cadre amateur du jardinage.

Quels types d'organismes sont utilisés en lutte biologique ?

Outre les bien connues coccinelles et chrysopes dévoreuses de pucerons, nombreux sont les organismes susceptibles d'être utilisés en lutte biologique.

Ces prédateurs, s'ils sont des animaux (insectes, hérisson...) sont considérés comme des auxiliaires de lutte biologique dont on va favoriser la présence en privilégiant une grande biodiversité au jardin ou que l'on va introduire au moment de la lutte.

Les parasitoïdes, sont également à prendre en compte dans la lutte biologique. Il s'agit souvent de petites guêpes qui pondent directement dans le corps des ravageurs. Leurs larves vont alors s'y développer jusqu'à la mort de l'hôte. Les nématodes, ont elles aussi cette capacité à coloniser le corps de leurs hôtes que sont les limaces, les taupins, les doryphores, les courtilières, de nombreuses chenilles mais aussi les redoutables larves d'otiorhynques, de charançons rouges, de hannetons ou de tipules.

Cependant, les insectes auxiliaires, les mammifères, les oiseaux ou les reptiles ne sont pas les seuls à savoir réguler les populations de ravageurs.

Dans le monde de l'infiniment petit existent des organismes redoutables. Ces agents pathogènes sont de plusieurs types : les bactéries, dont le célèbre Bacillus thuringiensis, 'Bt' pour les intimes, utilisé pour lutter contre les tordeuses, les carpocapse, les piérides, les pyrales, et les teignes du poireau et de l'olivier mais aussi contre les doryphores et les moustiques ; les virus entomopathogènes (Baculoviridae, Reoviridae et entomopox) notamment utilisés contre le carpocapse de la pomme  ; les protozoaires (Ciliophora, Sarcomastigophora, Apicomplexa et Microspora) très utiles contre certains acariens mais aussi contre les sauterelles ; les micro-champignons (Beauveria, Verticillium, Erynia, Entomophtora et Entomophaga) utilisés sur l'eudémis de la vigne, les taupins ou les pucerons

Efficacité et limites de la lutte biologique

Tous ces agents de lutte biologique provoquent la mort des ravageurs sans impliquer de toxicité pour l'Homme ou les animaux de compagnie contrairement aux pesticides chimiques.

Cette approche naturelle permet de favoriser la biodiversité et de retrouver un équilibre, elle a aussi un intérêt financier et écologique en réduisant l'emploi de pesticides.

Sur le long terme, les auxiliaires vont s'installer durablement dans le jardin et s'y reproduire, il ne sera plus nécessaire de les introduire à nouveau. L'impact est donc important sur la santé et l'environnement.

Les auxiliaires de lutte biologique sont utilisés dans de multiples cas mais doivent l'être en respectant un certain protocole afin de produire pleinement leur effet destructeur sur les colonies de parasites. C'est par exemple le cas de Beauveria bassiana, un micro-champignon infectant divers invertébrés comme les acariens, les pucerons, les thrips et les aleurodes, qui demande de strictes conditions d'application et donc une certaine connaissance ou une formation préalable.

Cependant, le jeu en vaut la chandelle car en matière de lutte biologique, le jardinier a tout à gagner !

Article rédigé par Iris MAKOTO

Vos commentaires

AS le 05/02/2022 à 16:09
Excellent article