Le balanin des noisettes, un ravageur redouté du noisetier
Bien connu des producteurs et amateurs de noisettes, le balanin, malgré sa discrétion, peut causer de sérieux dégâts dans les vergers et compromettre les récoltes de ces fruits secs succulents. Le reconnaître et mettre en place des gestes préventifs est essentiel pour continuer à manger des noisettes en toute sérénité !

Reconnaître le balanin de la noisette
Le balanin de la noisette (Curculio nucum) est un petit coléoptère aisément reconnaissable à son rostre aussi long que son corps et à ses yeux ronds, noir mat.
L'animal, beige à brun ne dépasse pas 1 cm de longueur, il porte de belles pièces buccales et de longues antennes. Il n'est visible que durant la belle saison, car il passe l'hiver sous terre sous sa forme larvaire.
Cycle de vie
En toute fin de printemps, après transformation, les adultes émergent pour se reproduire. C'est là, généralement en début d'été, que les problèmes commencent pour l'amateur ou le producteur de noisettes, car la femelle, munie de son rostre, va percer l'enveloppe (involucre) des tendres noisettes en croissance pour y pondre ses œufs. Ces derniers, entre 25 et 30, vont éclore en une semaine.
Les larves vont se développer bien à l'abri de ces fruits à coques, pour en sortir après avoir consommé tout l'intérieur. Pendant ce temps, les adultes percent d'autres noisettes pour les rendre accessibles aux larves. La voracité des larves s'étend sur une période de 2 mois, temps largement suffisant pour que sur un seul verger de noisetiers, 80 % de la production puisse être décimée.
Cette espèce de charançon est totalement dépendante du noisetier, puisque celui-ci constitue sa seule plante hôte, contrairement aux autres espèces du genre Curculio. Elle s'en nourrit et se protège de ses prédateurs que sont les oiseaux et les carabes.
En fin de cycle, la larve se laisse happer par la gravité et tombe au sol pour s'enterrer parfois jusqu'à 5 ans, puis se transforme en nymphe avant de réapparaître sous la forme adulte (imago).
Dégâts causés par le balanin
Les principales conséquences de l’infestation par le balanin sont :
- La présence de noisettes vides ou abîmées avec un trou caractéristique de sortie de la larve.
- Une réduction significative de la récolte, car une seule larve peut entièrement consommer l’intérieur d’une noisette.
- Un risque de propagation rapide si aucune mesure de contrôle n’est mise en place.
Méthodes de lutte contre le balanin des noisettes
Il n’existe pas de traitement chimique efficace contre le balanin en culture biologique. Cependant, plusieurs méthodes de prévention et de lutte permettent de limiter son impact :
Ramassage et destruction des noisettes infestées
Les noisettes tombées prématurément contiennent souvent des larves. Il est essentiel de les ramasser et de les éliminer rapidement pour éviter que les larves ne s’enfoncent dans le sol et recommencent leur cycle.
Travail du sol sous les noisetiers
Retourner la terre sous les noisetiers en automne ou au début du printemps expose les larves et les nymphes aux prédateurs naturels comme les oiseaux et les insectes auxiliaires. Cela peut également perturber leur cycle de développement.
Favoriser la présence de prédateurs naturels
Les oiseaux insectivores (mésanges, rouges-gorges, troglodytes…) et certains insectes auxiliaires peuvent se nourrir des larves du balanin. Installer des nichoirs dans le jardin peut encourager leur présence.
Pose de filets au sol
Déployer un filet sous les noisetiers en fin d’été permet de capturer les larves lorsqu’elles quittent les noisettes. Cela empêche leur enfoncement dans le sol et réduit la population pour l’année suivante.
Secouer les branches pour capturer les adultes
Tôt le matin, lorsque les températures sont encore fraîches, il est possible de secouer les branches des noisetiers pour faire tomber les balanins adultes sur un tissu clair. On peut ensuite les collecter et les éliminer manuellement.
Association de plantes répulsives
Certaines plantes, comme la tanaisie ou l’absinthe, auraient un effet répulsif sur les insectes ravageurs. Il peut être intéressant de les planter à proximité des noisetiers.
Vers une solution ?
De récentes études, conjointement menées par le laboratoire entomologique de l'ANPN (Association des producteurs de noisettes) et l'INRAE de Versailles, tendent à prouver que le balanin est guidé vers les noisettes par son sens olfactif. Elles ouvrent des pistes sur l'identification des molécules responsables de cette attraction et donc un espoir de traitement en lutte biologique grâce à des composés odorants. À ce jour, les formulations sont testées dans les vergers.
Un espoir pour les producteurs !
Limiter son impact
Le balanin des noisettes est un ravageur redoutable qui peut causer d’importantes pertes de récolte. Une lutte biologique efficace repose sur une combinaison de méthodes préventives et mécaniques, telles que le ramassage des noisettes infestées, le travail du sol et la protection par les prédateurs naturels.
En mettant en place ces bonnes pratiques, il est possible de limiter significativement son impact et d’assurer une récolte de noisettes plus abondante et saine.
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