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Le café le plus cher du monde, une méthode de production étonnante

'Kopi Luwak', 'Jacu Bird' ou encore 'Black Ivory' sont des noms qui vous parlent ? Si tel est le cas, c'est que vous êtes prêts à débourser entre 200 et 2000 € pour un kilo de café, un fameux breuvage dont la méthode de production laisse quelque peu pantois !

Le Luwak dévorant des cerises de café
Le Luwak dévorant des cerises de café © Akkharat J./stock.adobe.com

Des cafés 'affinés' par les animaux

Il faudra compter entre 70 et 600 € par tasse pour déguster un de ces cafés d'exception, affinés par les animaux. Ce produit de luxe et atypique, très apprécié au Japon, en Europe et aux États-Unis est issu d'une méthode de production originale et quelque peu surprenante puisque les cerises de café sont avalées par des animaux puis récupérées dans leurs excréments avant de les transformer en un café aussi rare que coûteux.

Pas d'inquiétude cependant : les graines rejetées dans les déjections sont lavées puis torréfiées à une température dépassant les 200°C !

Le Kopi Luwak, le café le plus connu mais aussi le plus controversé

Ce café aux notes de fruits rouges et de caramel, au corps puissant mais sans aucune amertume, toujours dégusté en expresso serré, est issu de la digestion d'une civette asiatique le luwak (Paradoxurus hermaphroditus), un petit mammifère de la famille des Viviridés.

Ce café de luxe, le plus connu au monde, est né d'un hasard : les colons hollandais producteurs de café à Java et Sumatra interdirent aux fermiers locaux de cueillir les baies précieuses, ils récupéraient donc les graines dans les excréments du petit animal afin de les consommer.

Toujours avides, les propriétaires des plantations, après avoir goûté et approuvé le breuvage, l'adoptèrent ; Un des café le plus cher du monde était né !

Le prix de ce café varie entre 200 et 400 € le kilo soit 70 € la tasse, mais attention, car des dérives existent notamment concernant les conditions de détention des civettes sauvages.

Ces dernières sont retenues dans de petites cages grillagées, parfois sans accès à l'eau potable et sans autre nourriture que des cerises de café pourries alors que ces animaux sont omnivores*. Autre souci : le phénomène touristique qui conduit les curieux à venir observer ces animaux emprisonnés.

La solution consisterait donc en l'achat d'un café uniquement d'origine sauvage. Malheureusement cela est devenu impossible car le Kopi Luwak n'a pu obtenir aucune certification à ce jour ni au niveau du SAN (Sustainable Agriculture Network), le réseau d'agriculture durable, ni de l'UTZ une certification qui, comme le SAN, fait partie de la Rainforest Alliance.

Selon Tony Wild, le négociant en café qui a fait découvrir le Kopi Luwak en occident et Alex Morgan directeur de l'engagement global chez Rainforest Alliance, il est préférable d’éviter de consommer ce café.

Le 'Black Ivory', le café le plus cher au monde

Le 'Black Ivory' se négocie entre 1700 et 2000 € le kilo soit environ 600 € la tasse. Produit en quantité très restreinte, en un seul lieu au monde dans une province thaïlandaise nommée Surin, ce café arabica révèle des saveurs de tabac et de cuir mêlées à celles de chocolat, d'herbes et de fruits rouges. Sans aucune amertume, il est doux et ne contient pas beaucoup de caféine.

Le processus de fabrication de ce café d'exception est une fois de plus très original, mais également compatible avec le respect des animaux qui le produisent.

Ainsi, la Golden Triangle Asian Elephant Foundation qui recueille des éléphants maltraités ou en difficulté et les place chez des famille d'accueil, travaille en concert avec la Black Ivory coffe compagny depuis 10 ans.

Les familles d’accueil reçoivent les meilleures cerises de café Arabica ayant poussé à 1500 m d'altitude pour nourrir leurs éléphants en complément de leurs mets habituels comme les bananes, le riz ou le tamarin ; Les éléphants ne sont donc pas victimes de carences comme nos pauvres civettes productrices de 'Kopi Luwak'.

Une fois la digestion effectuée, les cerises de café sont récoltées dans les excréments par le soigneur, puis elles sont lavées, triées et séchées au soleil par des étudiants payés pour ce travail. La torréfaction aura lieu ensuite, seulement sur les plus grosses et belles cerises. Le café sera ensuite diffusé dans les hôtels de luxe

Le Jacu Bird

Ce café, produit de manière biodynamique et respectueuse des animaux et des populations dans la ferme de Camocim au Brésil, est connu pour son arôme à la fois subtil et corsé, aux notes délicates de caramel, de chocolat, d'anis et de fruits rouges.

La ferme accueille des oiseaux, plus exactement une espèce de faisan brésilien (Penelope superciliaris), le jacu qui se nourrit avec délectation de certaines cerises de café arabica, les meilleures.

Autrefois chassé pour cette raison, il est maintenant le bienvenu puisqu'il permet, grâce à son système digestif, d'affiner les cerises de café.

Après lavage, séchage et torréfaction, le Jacu Coffee certifié se négociera aux alentours de 200 € le kilo.

*Étude 2016 Animal Welfare

Article rédigé par Iris MAKOTO

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