Les droséras pygmées, de petits bijoux parmi les plantes carnivores
Les droséras pygmées sont de jolies plantes carnivores miniatures, faciles à collectionner grâce à leurs gemmes. Leur entretien, simple et plaisant, offre un micro-jardinage idéal en hiver.

Les droséras pygmées sont de charmants droséras miniatures, botaniquement regroupés au sein de la section des Bryastrum, qui contient plus de 50 espèces.
Ravissantes lorsqu’elles fleurissent, ces plantes carnivores prennent peu de place et s’échangent facilement entre collectionneurs grâce à leur production de gemmes.
S’occuper de ses potées de droséras pygmées, enlever les souches mortes, couper les hampes défleuries, récolter les gemmes, gratter la mousse, c’est en quelque sorte du « micro-jardinage », très satisfaisant pour s’occuper en hiver.
Distribution géographique
Presque tous les droséras pygmées sont originaires d’Australie. D’ailleurs, l’Australie est certainement le berceau de la diversification du genre Drosera. Les droséras pygmées se sont diversifiés précocement dans l’arbre phylogénique. Ils proviennent presque tous du sud de l’Australie occidentale.
Actuellement, il y a 2 exceptions dans cette distribution somme toute assez réduite : Drosera pygmaea qui existe jusqu’en Nouvelle-Zélande. Et Drosera meristocaulis, qui se retrouve très loin, puisqu’on l’observe en Amérique du Sud, en altitude entre le Venezuela et le Brésil.
Milieu de vie des droséras pygmées
Quasiment tous les droséras pygmées se retrouvent dans des climats aux hivers humides et aux étés secs, avec un hiver peu ou non gélif. Cela induit donc une croissance plutôt hivernale et un repos estival, plus ou moins marqué, où ces droseras se montrent capables de supporter de fortes chaleurs.
De même, contrairement à bon nombre de plantes carnivores, ils ne sont pas tous inféodés à la tourbière. Certains croissent dans l’argile, le sable, ou la latérite (sol rouge-brun, lourd, riche en oxyde de fer et alumine, qui a été formé sous climat tropical).
Bien sûr, comme toutes les plantes carnivores, ils ont conquis des milieux extrêmement pauvres en nutriments, et se nourrissent de proies vivantes. Cette stratégie leur permet de vivre là où presque rien ne pousse, d’où leur petite taille.
Caractéristiques des droséras pygmées
Bien sûr, comme l’entend leur appellation générique, les droséras pygmées sont des miniatures. De petites rosettes basses, larges de 1 à 3 cm, mais aussi des espèces caulescentes, miniatures comme Drosera omissa ou Drosera enodes (1 à 3 cm de hauteur) ou plus grandes comme Drosera scorpioïdes (jusqu’à 15 cm) et Drosera lasiantha (10 cm et souvent ramifiées).
Ce qui caractérise les droséras pygmées par rapport aux autres droséras, c’est :
- la présence de stipules entre les feuilles.
- la production de gemmes ou gemmae qui permettent une multiplication végétative très efficace, à la manière des plantes « mères de famille ». Exception faite de Drosera meristocaulis qui ne produit pas de gemmes.
- un long et fragile système racinaire.
- les fleurs souvent remarquables, grandes par rapport à la taille de la plante, plus grandes que sur bien d’autres dros é ras non pygmées.
Tout chez les droséras pygmées montre une adaptation à la chaleur :
- ils développent de longues et fines racines, capables de récolter l’eau en profondeur. Une rosette de 1 à 2 cm envoie parfois des racines ramifiées à plus de 20 cm en profondeur.
- qu’ils soient en rosette ou caulescents, les stipules papyracées entre leur feuilles reflechissent la lumière et renvoie la chaleur.
- Lorsque la période sèche arrive et que la plante se met en repos, typiquement, ces stipules se resserrent autour du bourgeon de croissance. Ce cocon de stipules argentées le protège de la chaleur.
- pour les espèces caulescentes, même assez courtes, la tige permet d’écarter la plante en croissance du sol surchauffé. Cette tige est de plus protégée du rayonnement solaire par les squelettes des anciennes feuilles mortes qui restent autour durant des années.
Bien que parfois cultivées comme des plantes annuelles, les droséras pygmées peuvent vivent durant 4 à 7 ans.
La culture des droséras pygmées
Cycle de vie des droséras pygmées
La croissance active de ce type de droséra se situe environ de septembre à juin (saison fraîche et humide). Une baisse de la photopériode avec l’arrivée de l’hiver va induire la floraison au printemps suivant et la production de gemmes (ou gemmae) . Ces gemmes remplacent les feuilles carnivores vers janvier/février.
Lorsque les gemmes sont tombées, parfois le droséra refait une série de gemmes, ou repart en production de feuilles carnivores, un joli renouveau de fin d’hiver, complété par la mise en fleur, en avril/mai/juin. Il n’y a production de graines en générale que lorsqu’ il y a une fécondation croisée.
Lorsqu’arrivent les grosses chaleurs et la sécheresse, les droséras pygmées se mettent en repos végétatif sous forme d’un bourgeon dormant argenté, car protégé par les stipules. Cependant, en culture, nombreux sont ceux qui ralentissent sans vraiment se caparaçonner dans un bourgeon dormant.
Dans la culture, il faut se renseigner plus précisément sur les besoins de chaque espèce, car certaines comme Drosera pygmaea, Drosera occidentalis, Drosera nitidula, Drosera scorpioïdes se cultivent avec succès sans saison de repos estivale, quand d’autres comme Drosera androsacea ou Drosera pycnoblasta stoppent complètement leur croissance jusqu’à ce que les températures baissent suffisamment.
On cultive ces droséras dans des pots profonds d’au moins 12 cm. Ces pots tremperont pendant la saison humide dans quelques c enti mè tres d’eau (douce). Ils ont besoin d’un maximum de soleil et peuvent être installés dehors (à condition d’être protégés de la pluie) quand il ne gèle plus. Ils apprécient également une atmosphère humide.
Pour plus de sûreté, on leur offre une température minimale de 5 °C en hiver, l’optimum se situe entre 5 et 15 °C. Ce qui peut être donné en véranda, en serre froide, mais tempérée, ou dans une pièce fraîche sous éclairage artificiel, mais en respectant la photopériode naturel pour obtenir les gemmes.
L’été est une saison plus ou moins sèche selon les espèces ; mais en culture, on préfère les garder encore légèrement humides. On laisse le niveau d’eau baisser sans que le substrat ne se dessèche complètement. N ombre d’espèces comme D. pulchella, D.omissa survivront à l’été en sol un peu humide. Ils supportent jusqu’à 40 °C.
Substrat
Les droséras pygmées croissent le mieux dans un sol riche en sable d’aquarium (non calcaire) : un mélange de 2/3 de sable pour 1/3 de tourbe ou moitié sable/moitié tourbe, mais avec davantage de sable près de la surface pour limiter le développement de la mousse.
Les droséras pygmées sont sans doute capables de croître dans autre chose que de la tourbe tant que c’est acide (argile pauvre, terreau de feuilles, fibres de coco, kaolin), mais le plus facile à gérer pour les débutants reste une part de tourbe.
Les fines racines ne supportent pas les perturbations, un droséra pygmée ne se transplante pas.
Les gemmes ou gemmae
Durant les mois d’hiver, si la photopériode a été respectée, les dros é ra s pygmées produisent des gemmes autour de leur bourgeon apical, à la place des feuilles carnivores. Un gemme est en fait une feuille différenciée, épaissie, qui entoure une micro-plante, prête à démarrer : c’est une reproduction asexuée.
Les gemmes mesure nt environ 2 mm chez Drosera scorpioïdes et moins d’un millimétré chez Drosera pulchella.
Ces gemmes grossissent, serrées en haut des plantes carnivores, en mettant peu à peu les stipules sous pression. Lorsque ces stipules se trouvent trop pressées, comme un ressort, elle s éjectent les gemmes un peu plus loin. « L’explosion » peut être déclenchée par une simple goutte de pluie !
Dans la culture, les gemmes sont récoltées soigneusement pour ne pas les voir se dessécher, collées aux feuilles alentours.
Ces gemmes doivent rester dans une atmosphère humide. Elles permettent de s’échanger des espèces par correspondance, enveloppées dans du papier absorbant humide, et ensachées. Elles peuvent ainsi patienter 1 semaine ou 2.
On les replante directement dans leur potée définitive d’une profondeur minimum de 12 cm, posée en surface, à peine enfoncées. E spacées comme on souhaite que le soient les plantes adultes, car on ne transplante jamais un droséra pygmée. Le temps du premier enracinement, les pots trempent dans plusieurs cm d’eau et seront couverts pour maintenir une atmosphère humide. En quelques semaines, les petits d ros éra s apparaissent.
Quelques espèces de droséras pygmées
Drosera allantostigma produit de minuscules rosettes basales de 1 à 2 cm de diamètre. I l a la p articularité d’avoir des poils à mucus plus long vers l’extrémité des feuilles ; il semble donc encore plus « hérissées » que d’autres droséras miniatures. Ses fleurs blanches, avec un stigmate rouge, sont presque aussi larges que ses rosettes. Il a besoin d’une saison de repos estivale plus sèche.
Drosera callistos produit une superbe petite rosette basale de 3 cm de diamètre avec un grand nombre de feuilles au pétiole assez court . Sa hampe florale s’élève d’une dizaine de centimètres pour porter environ 8 fleurs qui s’ouvre nt successivement. Orange vif, ces superbes fleurs sont presque d’un diamètre équivalent à la rosette. Dans son milieu naturel, ce droséra pygmée vit sur sol latéritique graveleux.
Drosera enodes (Drosera dichrosepala ssp enodes) fait éclore des fleurs blanches étoilées légèrement parfumées. Il croît dans les marécages du sud-ouest de l’Australie occidentale, sur un sable noir tourbeux. Drosera enodes est un droséra pygmée caulescent, donc plus haut que large : il produit une petite tige qui s’élève en portant une rosette un peu plus lâche à son somment, tandis que les feuilles du bas grillent, mais restent en place : ce stratagème l’éloigne de la chaleur qui rayonne du sol noir et brûlant, tandis que les feuilles fanées protègent la tige et d’éventuelles racines aériennes.
Drosera lasiantha est un autre droséra pygmée caulescent, aux tiges assez hautes (une dizaine de centimètres) et parfois ramifiées, aux hampes florales laineuses et aux fleurs roses. Des racines aériennes verticales s’enfoncent dans le sol en guise de soutien. On dirait vraiment une rosette « sur pied », et même lorsqu’il est ramifié, il ressemble à un mini arbre à droséras !
Il est endémique de la chaîne de Porongurup et du parc national voisin dans le sud de l’Australie occidentale où on le voit pousser par exemple dans les fissures du granit. Cette espèce est rare avec une distribution limitée.
Drosera omissa (syn : Drosera ericksoniae) croît dans du sable clair en pourtour de mares hivernales ou en sol latéritique. Sa rosette basale mature mesure environ 3 cm de diamètre et fleurit en rose ou en blanc. Ce droséra pygmée préfère bénéficier d’une dormance estivale, même si cette dormance est peu profonde. Il se cultive de la même manière que Drosera pygmae .
Drosera scorpioïdes est l’un des plus faciles à cultiver. C’est un drosera pygmée caulescent qui peut se passer d’une dormance estivale, même s’ il a une croissance ralentie en été. « scorpioides » fait référence à ses feuilles dressées et à ses limbes incurvés. Il fleurit en rose ou en blanc, très agréablement parfumé.
Non seulement Droséra scorpioïdes est tolérant en culture, mais en plus, il montre une certaine résistance à de légères gelées.
Drosera pulchella est un bijou : sa rosette basale aplatie montre des feuilles au pétiole caractéristique, plat et large. Il a une croissance continue, avec encore une forte humidité en été.
Les fleurs de ce droséra pygmée peuvent être blanc pur, blanc au cœur rose, rose tendre, rose foncé, orange vif, orange métallique, saumon… il croît aux abords de lac ou en zone humide, sur sable, sable tourbeux ou latéritique…
Drosera platystigma est une délicieuse miniature dont la fleur est orange, avec quelques reflets métalliques et un cœur sombre. Les fleurs semblent vraiment grandes par rapport à la taille de la plante : 1,5 cm pour la fleur, 2 cm pour la rosette. Sa rosette basse est très trapue, avec des pétioles aplatis.
Dans son milieu naturel, on le trouve en zone forestière ouverte, sur une grande diversité de sols, parfois latéritique ou non : sols limoneux, argileux ou sablonneux grossier ou fin.
Drosera roseana ou Drosera paleacea ssp roseana est un droséra pygmée légèrement caulescent qui croît dans les marais sur un sol sablonneux tourbeux. Ses feuilles sont nombreuses et en forme de cuillère, elles forment une petite colonne dense. La floraison est blanc pur, très légèrement parfumée.
Drosera X « Carbarup », le dorséra pygmée Carbarub (nom commun indigène australien d’après la localisation où il pousse) est un hybride naturel issu de Drosera occidentalis x D. platystigma ; ses fleurs sont blanches ou rosées, avec de lumineux stigmates rouge vif.
Ce droséra pygmée fait des rosettes basses larges de 1,5 à 2 cm et peut devenir vraiment très rouge avec une lumière abondante.
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