La pince à greffer de Monsieur Paul ALIES Connaissez-vous la pince à greffer de Monsieur Paul ALIES ? La pince à greffer de Monsieur Paul ALIES Facebook Twitter Pinterest Cet instrument, quelquefois appelé pince à ligaturer, a été inventé vers 1886, à l’époque ou le phylloxéra sévissait dans nos vignobles. La nécessaire opération de greffage sur des plants de vigne américains, résistants à cette maladie, était délicate et fastidieuse. A leur méthode, les greffeurs s'évertuaient à obtenir un taux satisfaisant de réussite. Aussi Monsieur ALIES (Léopold de son vrai prénom), coutelier de métier à ST-ANTONIN NOBLE VAL, eut-il le génie d’inventer un instrument performant à leur usage. Son principe est de maintenir en place le greffon sur le nouveau cep en enrobant le point de greffe avec un bouchon fendu dans sa longueur, laissant ainsi les mains libres pour ligaturer l’ensemble. L’outil est constitué d’un assemblage de 32 pièces. Il en était fabriqué une cinquantaine par semaine au plus fort de la demande, et environ 1000 pièces par an. Paul ALIES créa spécialement une machine capable de fendre 5000 bouchons par heure, et ainsi fournir le matériau d’enrobage prêt à l’emploi. La tréfilerie familiale fournissait aussi le fil de fer fin recuit nécessaire à la ligature. Détail du maniement: On positionne les demi-bouchons dans les mâchoires munies de deux picots pour les maintenir en place, puis on enserre complètement le point de greffe dans la longueur du liège (greffe anglaise fortement préconisée). La compression est maintenue avec la crémaillère située au bas des poignées ; le greffeur peut alors libérer ses mains et insérer trois fils de fer recuits de 15 cm dans les parties ajourées des mâchoires, puis les tordre du bout des doigts autour du bouchon. Cette technique limite la durée de l’opération à moins d’une minute pour un greffeur expérimenté. Le fil rouille et se casse naturellement entre 6 et 8 mois. Selon une réclame de l'époque, « la Greffe-Bouchon donne 90 à 98 % de réussite ; des soudures parfaites et sans bourrelet… » 0n pouvait directement greffer sur pied, ou bien sur table en choisissant un modèle à fixer. Cette pince a été fabriquée jusqu’en 1986 par M. ALIES, arrière petit-fils de l’inventeur, certes en moindre quantité qu’au début du siècle. A noter que cet outil est de nos jours très souvent confondu avec une pince à inciser ; ce petit article se devait donc de rétablir une vérité et porter en cela des égards à son concepteur. Je remercie Madame Ezide ALIES qui m’a aimablement et passionnément relaté les aspects techniques et historiques de cet instrument viticole intimement lié au patrimoine de sa famille. Frédéric DESCHAUME