Le gyrin, un tourniquet dans la mare Vifs, légers, les Gyrins sillonnent la surface des eaux douces de leur éclat métallique, dans un ballet étourdissant de rapidité. Les gyrins, des tourniquets dans la mare Facebook Twitter Pinterest Le hors-bord des eaux douces Ils se déplacent à toute vitesse sur les eaux libres, se regroupent paisiblement dans les végétaux et plongent pour échapper aux prédateurs. Ils vivent entre air et eau. Les Gyrins, petits coléoptères des milieux aquatiques, détiennent le record de vitesse des insectes à flot, de leurs 4 pattes arrière ils propulsent leurs 12 grammes, en courbes certes aléatoires mais précises, évitant à coup sûr toute collision. Ces insectes de quelques millimètres, 6 tout au plus, aux couleurs sombres variées, comptent 3 genres et de nombreuses espèces, toutes de la famille des Gyrinidae. Une vie entre air et eau Flottant sur l'eau, les Gyrins respirent l'oxygène de l'air, comme tout insecte terrestre. Leurs trachées véhiculent les gaz au sein de tous leurs organes. Mais à la moindre alerte, ils plongent sous les eaux, se réfugient dans les herbiers, ne bougent plus. Retiennent-ils leur respiration, ont-ils un tuba comme la nèpe ou l'éristale ? Non, juste avant de plonger, du bout de leur abdomen, ils capturent une bulle d'air, réserve précieuse leur assurant de remonter le danger passé. Leurs activités quotidiennes, telle la chasse, se déroulent en surface. Un prédateur sur le miroir des eaux Inlassables, les Gyrins guettent, arpentent leur territoire, vaste étendue totalement plane. De leurs antennes posées à la surface de l'eau ils captent les vibrations des insectes, araignées, naufragés des airs échoués, se débattant désespérément pour échapper à la noyade. Repérés, ils sont saisis par les pattes avant, ingérés par un appareil buccal broyeur. Et si aucune proie aérienne ne se présente, larves de moustiques, petits crustacés, passeront bien à un moment ou un autre près de la surface, à portée de pattes d'un Gyrin affamé. Des yeux pour l'eau, des yeux pour l'air Entre air et eau, comment le Gyrin peut-il passer si vite d'une chasse aérienne à une chasse aquatique ? Comment repère t-il un prédateur des profondeurs ou plongeant du ciel ? Son adaptation est simple, évidente : ses yeux se sont divisés en deux parties, l'une pour la vision aérienne, l'autre pour la vision sous l'eau. Le surprendre devient alors un véritable défi. Et lui échapper aussi. D'autant que son adaptation à la nage est elle aussi remarquable. Des nageurs-rameurs Le spectacle des Gyrins filant, virevoltant, si vite que le regard ne peut les suivre, annonce de longues après-midi de contemplation au bord de la mare. Leurs pattes arrière sont dites natatoires, pourvues de soies elles offrent un appui puissant sur l'eau, s'activent vigoureusement plusieurs dizaines de fois par seconde, et propulsent le Gyrin à grande vitesse. Les rames au repos se replient dans une loge prévue, ainsi le petit corps caréné et huilé du coléoptère finit sa glissade avec fluidité... Mâles et femelles, rencontres aquatiques Suite à une hibernation terrestre, sous les pierres des berges, les couples de Gyrins se forment, les femelles pondront une trentaine d'œufs sur les plantes. Ces œufs donneront naissance à une larve qui, comme chez tous les coléoptères, ne ressemble pas à l'adulte. Longue de 15 mm, blanchâtre, fine, elle rampe sur les fonds ou se tortille en pleine eau, se nourrissant de petits animaux. Sa respiration est aquatique, des branchies abdominales plumeuses trachéennes assurent les échanges gazeux de son organisme. Après trois stades larvaires une nymphe terrestre se forme, la métamorphose donnera naissance aux Gyrins tourbillonnant sur les eaux. Ils flottent, filent sur l'eau à toute vitesse, ils plongent et nagent, leurs petits respirent sous l'eau...Et en plus ils savent voler. Leurs ailes déployées, ils partent découvrir de nouveaux milieux, aux eaux calmes, aux berges végétalisées, avec de grandes étendues pour glisser sans entraves.