Les orchidées bijoux, espèces et mode de culture

Les orchidées bijou sont différentes espèces d’orchidées terrestres, plus appréciées pour leur feuillage remarquable que pour leurs fleurs. Elles font d’adorables petites plantes d’intérieur, jolies toute l’année, excellentes voisines pour les fougères ou les alocasias.

Ludisia discolor, une orchidée bijou parmi les plus courantes
Ludisia discolor, une orchidée bijou parmi les plus courantes © jakk_wong/stock.adobe.com

« Orchidée bijou » est une appellation horticole et/ou commerciale qu’on attribue à de sympathiques petites orchidées : ce groupe rassemble des caractéristiques communes d’aspects et de mode de croissance sans pour autant être toujours du même genre botanique.

Maintes espèces qui appartiennent à des genres différents peuvent donc être qualifiées d’orchidées bijou. Ce sont des orchidées terrestres, qui, pour la plupart, proviennent de climats tropicaux ou tempérés chauds, originaires des forêts humides d’Amérique du Sud, d’Asie ou d’Afrique.

L’orchidée bijou la mieux connue et présente dans les jardineries depuis des années est Ludisia discolor, mais d’autres sont maintenant disponibles.

Leur particularité ?

Ces orchidées bijou sont petites, voire miniatures et elles arborent un feuillage très décoratif. Elles sont de plus assez simples à cultiver pour qui sait gérer les arrosages réguliers de ses plantes vertes : si vous savez conserver des Alocasias ou des fougères dans votre maison, vous cultiverez vos orchidées bijoux avec succès.

Si vous avez des difficultés à être régulier dans vos soins, vous pouvez toujours tester leur culture en terrarium, car il offre des conditions plus stables. D’ailleurs, le maintien d’un terrarium végétal peut évoluer en loisir reposant.

Morphologie des orchidées bijoux

Les orchidées bijou ont pour la plupart des formes similaires. Elles présentent des tiges allongées, dressées ou rampantes à force de s’allonger, un peu épaisses, voire succulentes, des feuilles alternes et espacées, avec en face de chaque feuille, une racine épaisse qui est susceptible de se développer.

Les orchidées bijou ont d’ailleurs peu de racines, il ne faut pas les casser lorsqu’on les remporte.

Leurs feuilles sont remarquables, souvent plus attrayantes que leurs fleurs. Elles sont étalées en rosette lâche, et joliment colorées, marbrées, tessellées, avec des motifs géométriques réticulés ou électriques, et montrent des teintes remarquables.

L’orchidée bijoux développe une tige qui termine sa croissance par l’inflorescence, haute jusqu’à 30 cm. Cette dernière se compose d’un épi de multiples fleurs, petites, mais non sans charme et parfois parfumées.

Une fois la hampe défleurie (on peut la couper au-dessus des feuilles) plusieurs tiges latérales se développent, c’est ainsi que cette orchidée s’étoffe peu à peu. Sa croissance reste lente cependant.

Pour ceux qui n’apprécient pas les fleurs, mais préfère favoriser le feuillage, l’inflorescence peut être coupée dès le début de son développement, ainsi les tiges latérales apparaissent plus rapidement.

Mélange pour cultiver les orchidées bijoux

Ces petites orchidées sont des espèces terrestres qui ont besoin d’un sol humifère plus dense que les orchidées épiphytes. Ce qui explique qu’elles soient plus faciles à cultiver. Un simple bon terreau peut suffire s’il est bien aéré et drainant, sinon, voilà un exemple de mélange bien conçu pour ces orchidées bijoux :

  • 2 portions de terreau de bonne qualité.
  • 2 portions de terreau pour orchidée ou d’écorce de pin de petit calibre.
  • 1 portion de perlite, qui va empêcher le substrat de trop se compacter
  • et un peu de charbon de bois, qui a un effet assainissant.

Le substrat de ces orchidées bijou reste humide en partie toute l’année, donc il se dégrade assez rapidement. Les orchidées bijou seront rempotées en remplaçant leur sol chaque printemps ou au plus tard tous les 2 ans. Un moment où on en profite pour enterrer les tiges latérales ou rejets des plantes ayant fleuri si elles sont hors-sol et éventuellement les diviser.

On évitera de les rempoter dans des pots trop grands pour elles : la terre aurait tendance à y rester trop humide.

Arrosage des orchidées bijoux

Elles sont arrosées à l’eau douce, donc à l’eau de pluie ou l’eau de récupération du sèche-linge. En cas de nécessité, l’eau Volvic leur convient aussi.

Les arrosages devront être d’autant plus réguliers que leur pot est petit ; leur substrat ne doit jamais sécher complètement. Quand la surface du terreau commence à montrer des signes de pécheresse, il faut les arroser pour bien hydrater l’ensemble du substrat, mais ne pas les laisser tremper dans l’eau plus d’une heure (soucoupe ou bassinage).

Comptez 2 à 3 arrosages par semaines.

Apports nutritifs

Les orchidées bijou ne sont pas gourmandes, et en plus leur sol qu’on renouvelle chaque année est nutritif, contrairement à celui des épiphytes. On ne leur apporte que de l’engrais très dilué et seulement 2 fois l’an, une fois au printemps et une fois en juillet. 

Quelle luminosité offrir aux orchidées bijou ?

Les orchidées bijou apprécient une lumière vive sans soleil direct. Elles sont placées près d’une fenêtre, derrière un voilage, ou à 1 mètre, ou sur le côté.

Une luminosité optimum permettra d’obtenir la meilleure coloration du feuillage.

Ambiance atmosphérique autour de l’orchidée bijou 

Provenant de zones tropicales pluvieuses, les orchidées bijou apprécient une atmosphère entre 50 et 70 % d’humidité, bien que l’espèce Ludisia discolor se contente de moins. 

Différentes stratégies permettent de leur offrir cela dans la maison :

  • les installer au milieu d’autres plantes vertes, des fougères ou des plantes au feuillage bien fourni qui boivent beaucoup. Leur évapotranspiration va créer autour de l’orchidée un microclimat favorable.

  • mettre le petit pot de l’orchidée sur un plateau de billes d’argiles et d’eau : l’eau dans ce plateau est à renouveler régulièrement, car elle s’évapore rapidement.

  • enterrer le pot dans un plus grand pot rempli de billes d’argiles humides

  • l’installer dans un terrarium ouvert, par exemple une boule, mais à moitié remplis de billes d’argiles avec un fond d’eau.

  • la brumiser légèrement le matin (à l’eau douce).

  • installer complètement l’orchidée bijou dans un terrarium plus ou moins clôt où vous pourrez maîtriser complètement les conditions de culture, notamment l’humidité et la lumière en recréant un mini-monde tropical avec des mousses, des sélaginelles ou pourquoi pas, d’autres petites plantes extraordinaires qui partagent les mêmes besoins (des bégonias miniatures, par exemple).

Des orchidées qui se bouturent facilement  !

La tige pseudosucculente et assez longue des orchidées bijoux permet de les bouturer : bouturage de tête ou de tige latérale ou encore de bas de vieilles tiges effeuillées… À partir du moment où le segment de tige mesure quelques centimètres et dispose d’un minimum de 3 yeux, il pourra sans doute vous refaire de nouvelles orchidées.

Ce bouturage prend mieux entre mai et août.

Les tiges feuillées sont coupées avec un couteau aiguisé, leur tranche est laissée à sécher 1 journée à l’air libre, puis leur base est enfoncée dans le substrat et l’ensemble maintenu à l’étouffée jusqu’à ce qu’on remarque des signes évidents de reprise.

Pour les rejets latéraux, autant attendre qu’ils aient déjà fait au moins une racine avant de les séparer.

Pour le bouturage sans racine, on ne laisse que 2 ou 3 feuilles s’il y en a, tandis que les tronçons sans feuille et sans racine seront appliqués sur la terre, allongés.

Quelques espèces d’orchidées bijoux

Ludisia discolor est une orchidée bijou assez courante, aux splendides et larges feuilles ovales noir velouté aux nervures rouges et aux épaisses tiges. Elle est relativement grande puisque ses feuilles peuvent mesurer 10 cm de long.

Elle est facile à cultiver en plante d’intérieur dans un simple terreau léger (type terreau de feuilles).

Les motifs et la couleur des feuilles peuvent varier, et il en existe quelques variétés :

Ludisia discolor 'Alba' montre des feuilles vert sombre aux très nombreuses nervures vert clair

Anoectochilus roxburghii x Ludisia discolor, de son petit nom ‘Spiderman’, arbore des feuilles sombres marques roses très nettes.

Macodes petola, très mignonne, montre des feuilles lancéolées bien élargies, dans différents tons de vert. De fines lignes pâles tracent sur ce limbe des motifs géométriques qu’on dirait dessinés au crayon avec art ; certaines rappellent le chemin élaboré d’un arc électrique.

Un peu plus exigeante pour l’humidité atmosphérique, cette orchidée bijou asiatique se plaira volontiers en terrarium, entre 18 et 27 °C.

Macodes lowii est du même type que Macodes petola mais dans des teintes tirant sur le pourpre. Hautes d’une vingtaine de centimètres, ses feuilles sont presque rondes, le fin dessin sur les limbes est plus simple, en vert vif et en crème. 

Elle est également assez exigeante pour l’humidité atmosphérique et se prête bien à la culture en terrarium.

Aspidogyne argentea est une petite orchidée sud-américaine, aux feuilles lancéolées un peu allongées, vertes, aux motifs plus ou moins tessellés, avec une très large bande centrale argentée, en tout cas pour la forme la plus courante en culture, car certains individus montrent des feuilles aux motifs réticulés à travers tout le limbe. 

Cette orchidée bijou est une miniature : une tige feuillée mesure généralement moins de 10 cm de large et elle est vendue en pot de 5 cm !

Les fleurs d’Aspidogyne argentea sont blanchâtres en épis conique et dense. L’inflorescence est haute de 6 à 25 cm. Les petites fleurs cireuses (5 millimètres) sont souvent marquées de taches sombres. Elle fleurit en hiver.

Bien que rare, Aspidogyne argentea est plutôt facile à cultiver, maintenue dans un pot assez petit et en ombre lumineuse, son terreau sera réhydraté (à l’eau douce) à chaque fois que le tiers supérieur est sec.

Sa taille réduite permet aussi de la maintenir en tout petit terrarium.

Dossinia marmorata, originaire de Bornéo, est assez facile à cultiver. Elle apprécie les terrariums également, sinon l’eau du robinet, même calcaire, peut lui convenir, puisqu’elle pousse dans les anfractuosités de roches calcaires. Ses larges feuilles sont chocolat marquées de traits en réticule vert vif.

Le genre Anoectochilus contient une cinquantaine d’espèces dont on peut trouver plusieurs vendues en tant qu’orchidée bijou. En plus de leurs jolies feuilles, leurs fleurs, même petites, sont très attrayantes, mimant un insecte ou un petit bonhomme selon l’espèce : la partie antérieure du labelle est frangée de chaque côté, voire parfois affublée de longs filaments.

Les 2 espèces qu’on trouve le plus facilement en jardinerie sont Anoectochilus roxburghii et Anoectochilus formosanus. Certains vendeurs spécialisés en proposent des cultivars incroyables !

Anoectochilus formosanus est une miniature aux tiges rouges et feuilles veloutées vertes à pourpres marqués assez uniformément de dessins vert clair. 

Anoectochilus roxburghii (syn : Anoectochilus setaceus) de 15 à 20 cm de hauteur est une miniature qui montre des feuilles très variables. Elle est à l’origine de nombreux cultivars, parfois luisantes à l’aspect de cuir, noires à peine réticulées de vert, parfois veloutées et bien marquées. L’espèce provient du sud-est asiatique où elle vit dans le brouillard. Bien florifère, les filaments du labelle sont plus longs que chez Anoectochilus formosanus.

Il en existe quelques hybrides extraordinaires tels Anoectochilus roxburghii ‘White Gold’ dont les marques foliaires crème sont denses et épaisses.

Anoectochilus albolineatus (syn Anoectochilus siamensis) est un peu plus grande. Elle montre des feuilles de velours sombre fortement marquées de nervures roses, jaunes, avec de plus une large ligne centrale claire. Cette espèce est plutôt changeante au niveau couleur selon les individus ; il y en existe même avec des feuilles vert sombre ou d’un vert cru particulièrement lumineux.

D’autres petits genres peuvent entrer dans cette catégorie, de celles qu’on ne trouve que chez des producteurs spécialisés : Crepidium, Cyclopogon, Cystorchis, Malaxis, Odontochilus, Zeuxine…. une affaire d’orchidophile.

Si les orchidées bijou sont majoritairement des plantes exotiques pour climat chaud, certaines parmi les espèces tempérées froides peuvent aussi être qualifiées d’orchidée bijou, mais en version rustique.

Goodyera pubescens est une miniature en rosette basale originaire du Québec où elle est surnommée « plantain crotale » ; c’est une plante menacée. Ses feuilles sont elliptiques avec un dessin net en réticule sur fond vert sombre ainsi qu’une large nervure claire.

Goodyera repens  est une espèce d’orchidée bijoux indigène aux feuilles marbrées : française, rare et donc protégée. Étant rustique, elle est parfois vendue en tant que plante vivace pour le jardin chez quelques pépiniéristes spécialisés, mais elle est difficile à contenter.

Article rédigé par Véronique MACRELLE

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