Des champignons dans les maisons
Des océans aux sommets des montagnes, des dunes aux marécages, les champignons sont partout. Et ils s'invitent même dans les maisons.

De la forêt à la maison
Ils vivent dans les sous-bois, ils se nourrissent de matières organiques. Installés sur les troncs, branches, feuilles, ils les décomposent lentement en fibres, copeaux, qui retournent à la terre. Ils sont quelques uns à rechercher une humidité élevée, une chaleur douce et constante, un espace obscur, clos. L'habitat humain peut leur offrir des conditions de vie parfaites, au point de les voir quasiment disparaître de leur milieu originel, telle la redoutable Mérule.
Une vie casanière, la Mérule pleureuse
Débarquée avec des bois de construction des forêts boréales, la Mérule pleureuse s'est si bien adaptée aux habitats humains qu'on ne la retrouve plus guère en milieu naturel. Serpula lacrymans déploie son redoutable mycélium dans tous types de bois, elle s'infiltre, se répand à toute vitesse, plusieurs centimètres par semaine en conditions optimales. Si 20/25°C et 30% d'humidité lui conviennent au mieux, elle est capable de véhiculer l'eau le long de ses filaments pour coloniser des milieux plus secs. Elle se nourrit des fibres du bois, le décomposant en petits cubes, mais aussi des nutriments trouvés dans les plâtres, les métaux, papiers peints. La Mérule est LE champignon destructeur des maisons.
Sa cousine, la Mérule tremblante, Merulius tremulosus, se rencontre fréquemment dans les forêts, s'invitant très occasionnellement dans les maisons.
Un Polypore dans la cave
Plus gourmand que la Mérule en chaleur et humidité, Donkioporia expansa, le Polypore des caves, développe un mycélium blanc épais, jaunissant, brunissant puis devenant coriace. En comparaison la Mérule est formée de fins filaments blancs peu visibles, évoluant vers une forme en coussins blancs puis jaunâtres à rouille brunâtres. Les sporophores de ces deux saprophytes se ressemblent, masses molles, arrondies, visqueuses, mesurant entre 1 et 2 cm d'épaisseur. Donkioporia expansa est de croissance lente, son adaptation aux ambiances confinées, à l'obscurité, en font un adepte des vieux bâtiments.
Le Coniophore des caves ou Coniophore bosselé, Coniophora puteana, apprécie lui aussi l'atmosphère particulière des caves, mais il aura besoin de plus d'humidité, 50 à 60%, et d'une chaleur importante. Son mycélium s'observe courants sur et à l'intérieur des murs, en filaments fins, noirâtres.
Une Pézize dans la douche
Moins destructrice que la Mérule, son apparition reste surprenante lorsqu'elle pointe sa coupelle sur son petit pied... entre les joints de la salle de bain. La Pézize des maisons, Peziza domiciliana, nous prévient d'une visite à venir du plombier. Ses spores présentes dans l'air, avec celles de nombreux champignons, profitent d'un taux d'humidité inhabituel, donc d'une fuite, pour se développer. Elles se nourriront de tout support organique à portée de mycélium, bois mais aussi papier, carton, tissus... Son impact est plus d'ordre esthétique que réellement destructeur.
Sa cousine la Pézize variée, Peziza varia, avec sa grande variabilité d'habitats, sols, bois décomposés, vieilles feuilles, cartons, vieux murs, est signalée aussi dans les maisons, dans des lieux parfois inattendus...
Un coprin dans les toilettes
Les sanitaires des maisons, sujets à fuites, voient parfois apparaître des hôtes inattendus, Pézizes, mais aussi Coprins, voire champignons comestibles... Un cousin du Coprin chevelu, le Coprin domestique, Coprinellus domesticus, pointe parfois son petit cône conique entre les plinthes proches de canalisations suintantes. Paxillus panuoides var. Ionipus, comestible sans intérêt au pied violet caractéristique, a pu être cité. Et surtout des Pleurotes, Pleurotus ostreatus, provenant certainement de bois de chauffage stocké dans les caves, ont été récoltées...
Dans tous les cas, observer des champignons dans sa maison n'est jamais bon signe, leurs conditions de développement ne correspondant pas aux besoins humains : humidité excessive, chaleur importante, manque de ventilation...
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