La fasciation et la cristation végétale, des plantes monstrueuses
Étranges, ne laissant jamais indifférent, les plantes fasciées ou cristées interrogent. Bien connues des amateurs de cactus, ces formes attirent les collectionneurs. Prenant des silhouettes originales, parfois targuées de monstrueuses, ces plantes ont soulevé bien des questions dans le domaine de la botanique.

Où rencontrer des plantes monstrueuses ?
Il n'est pas impossible qu'un beau jour, vous croisiez une plante différente de l'espèce type dans un jardin ou en forêt, car Dame Nature distille parfois ses surprises, cependant cela demeure très rare !
Certaines espèces végétales, une centaine, sembleraient plus sujettes au phénomène comme le démontre le genre Bauhinia, qui comporte des arbres souvent porteurs de ce type de manifestations. Les saules, certaines fougères et vipérines, mais aussi de nombreux cactus (dont plus d'une cinquantaine d'espèces sont concernées) peuvent aussi prendre des formes étranges.
Les amateurs de cactus, les adorent ou les détestent, mais ces plantes un peu particulières ne laissent jamais indifférent. Niveau collection, les cactophiles sont généralement férus du cristations et fasciations donnant aux espèces columnaires des formes en éventail et aux boules un aspect de circonvolutions cérébrales.
Chez les fleuristes, nous retrouvons dans les bouquets une plante fleurie cristée très courante : la célosie crête de coq (Celosia argentea cristata). Disponible en jardinerie, vous pourrez même la planter au jardin. Au potager, la variété de tomate 'Beefsteak' présente des fleurs légèrement cristées.
Les plantes cristées ou fasciées existent-elles à l'état naturel ?
Oui, la Nature produit parfois quelques modifications surprenantes !
Cristation et fasciation peuvent apparaître sur un plant déjà âgé, mais peuvent également être issues de semis spontanés.
Une plante devenant monstrueuse peut continuer à croître et à se reproduire. Ainsi, les botanistes qui se sont penchés sur le sujet ont constaté qu'environ 30 % des graines issues de ces plantes dites 'monstrueuses', conservaient cette forme étrange à la levée. Il est donc possible de les obtenir par semis en prélevant les semences sur les plantes mères atteintes, cependant, le pourcentage de plantes classiques obtenu sera largement supérieur.
Notez que certains sujets cristés ou fasciés peuvent au fil du temps reprendre une forme plus traditionnelle. Rien n'est figé dans le domaine végétal !
Quelles sont les causes des variations d'aspect de ces plantes ?
Ces modifications d'aspect seraient dues à la présence d'un gène récessif, ce qui explique pourquoi certaines graines seront porteuses de la variation. Cependant, d'autres causes seront explorées.
Le processus
D'une manière plus générale, la cristation ou la fasciation provient d'une modification du point apical. Dans ce cas, le méristème produit de nombreuses cellules sur toute sa périphérie. Le terme de 'méristème' définit la zone de croissance active à partir de laquelle les cellules se divisent rapidement pour en former de nouvelles. Elles sont indifférenciées et peuvent évoluer sous divers types d'appareils végétaux.
Concernant le phénomène qui nous interpelle, le méristème s'allonge et sa croissance devient latérale plutôt que radiale. En résulte une tige prenant la forme d'un éventail au sommet bien plus large que sa base. En se repliant, cette tige présente des ondulations dans le cas des cristations.
Du côté des plantes monstrueuses au sens botanique du terme, la modification implique non seulement le point végétatif apical, mais aussi les latéraux et intercalaires, lorsque la plante en possède. Cereus peruvianus var. monstruosus, un cactus spectaculaire, constitue l'exemple le plus fameux et sans doute le plus vendu dans l'univers des plantes monstrueuses !
Un processus un peu différent intervient chez les chimères, dont les plantes panachées constituent un exemple, mais pas seulement. Les chimères sont en réalité des plantes porteuses en parallèles de deux génotypes différents.
Quelques autres pistes
Les scientifiques n'ont pas encore percé tous les mystères du phénomène et évoquent des causes pouvant être exogènes et donc différenciées de la simple prédisposition génétique.
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Des conditions environnementales devenues tout à coup extrêmes ou stressantes (variations brutales des températures, exposition à une lumière plus intense, carences en nutriments) sont ainsi soupçonnées de favoriser l'apparition de la fasciation.
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Évidemment, l'exposition à des substances chimiques ou une pollution environnante fait partie intégrante de ce stress, tout comme des dommages sur les tissus causés par des animaux, des agents phytopathogènes ou des pratiques horticoles.
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Ces anomalies pourraient par ailleurs provenir d'un déséquilibre hormonal, notamment lorsque le dosage de l'auxine et des cytokinines est impliqué.
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Comme semble le prouver la littérature sur le sujet, les malformations peuvent également être induites par la présence d'un agent pathogène. Bactéries, virus, mais aussi champignons peuvent ainsi être à l'origine de ces modifications de l'aspect des plantes. Rhodococcus fascians, une bactérie bien connue dans le domaine végétal est responsable de nombreuses fasciations mais aussi de galles.
Ces causes peuvent s'entrecroiser et se cumuler, ce qui augmente encore la chance (ou le risque) d'obtenir une plante modifiée.
Notons que dans le domaine horticole, certaines de ces mutations, sont d'ailleurs provoquées par une irradiation volontaire des tissus des plantes, pour créer de nouvelles variétés.
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