Le charançon de l'agave, un imperceptible ravageur
Importé par le biais de plantes infestées, le charançon de l'agave est présent sur le territoire européen depuis près de 30 ans. Se manifestant discrètement autrefois, il se développe avec vigueur grâce au changement climatique. Ce petit coléoptère occasionne des dégâts vraiment conséquents depuis une quinzaine d'années sur les plantes de la famille des Agavacées, mais aussi les yuccas, les dracaenas et les cordylines.

Comment reconnaître le charançon de l'agave ?
Originaire du Mexique, le charançon de l'agave (Scyphophorus acupunctatus) est un petit coléoptère noir mesurant entre 10 et 15 mm. Il se distingue par son long rostre incurvé, qui lui permet de perforer les tissus végétaux pour se nourrir et pondre ses œufs, ainsi que par ses élytres nervurés qui le protègent.
Cet insecte est particulièrement actif lorsque les températures sont très élevées et que le climat est sec, ce qui explique son expansion dans les zones les plus chaudes encore plus marquées par les effets du changement climatique.
Les larves de ce charançon sont quant à elles plus grosses que les adultes, puisqu'elles mesurent environ 10 à 20 mm de long à maturité. Elles présentent un corps mou, dodu et incurvé de 4 mm de diamètre, de couleur blanc crème à jaunâtre. La tête, bien distincte du reste du corps, est brunâtre à roussâtre et dotée de puissantes mandibules adaptées pour ronger les tissus végétaux.
Cycle de vie du charançon de l'agave
Lorsque les conditions lui sont favorables, Scyphophorus acupunctatus peut se reproduire jusqu'à cinq fois par an. Son cycle s'étend sur 50 à 90 jours selon l'époque de ponte et les conditions climatiques.
La femelle utilise son rostre pour percer les parties aériennes, puis dépose ses œufs qui font environ 1,5 mm de longueur dans les plaies ainsi créées, notamment dans les feuilles ou la tige des plantes hôtes. Après leur éclosion, les larves creusent ensuite des galeries profondes dans les parties charnues, migrent progressivement vers la base de la plante et peuvent même atteindre les racines pour s'en nourrir.
Elles traversent ainsi quatre stades larvaires avant de se transformer en pupes protégées dans un cocon. Un charançon adulte en sortira bien vite si les conditions climatiques sont favorables et le cycle destructeur sera poursuivi.
Notez que c'est durant ce stade larvaire que les dégâts sont les plus importants sur les végétaux.
Dégâts causés par le charançon de l'agave
L'action insidieuse du charançon de l'agave affaiblit ces plantes jusqu'à leur mort, ce qui pose un problème majeur dans les régions où elles sont cultivées, notamment sur le pourtour méditerranéen.
Les dommages causés par ce ravageur sont conséquents. En rongeant l’intérieur des plantes, les larves favorisent le développement d’attaques bactériennes et fongiques qui affaiblissent rapidement la plante jusqu’à sa mort.
Les adultes, bien que moins destructeurs, causent également des blessures aux tissus végétaux en se nourrissant, facilitant ainsi l’infiltration d’agents pathogènes.
Lors du premier stade, la plante commence par s'incliner de manière anormale, puis les feuilles brunissent à leurs bases avant de présenter parfois des nécroses.
Au dernier stade, la plante dégage une odeur putride et peut se liquéfier de l'intérieur lorsqu'elle est touchée par les maladies cryptogamiques.
Comment prévenir les attaques du charançon de l'agave ?
Une surveillance très régulière et une intervention rapide sont essentielles pour limiter la propagation de ce ravageur et protéger les plantes sensibles.
L'adulte peut s’avérer actif tout au long de l'année dans les régions les plus chaudes. Il faut observer souvent les plantes pour détecter au plus vite la présence du charançon.
Si des plantes sont atteintes dans le voisinage, surveillez d'autant plus les vôtres !
Vous pouvez également installer des pièges spécifiques à phéromones afin de capturer au plus tôt les mâles et d'identifier plus facilement le début de la période de reproduction. Cette stratégie permet de réduire les populations avant qu'elles ne causent trop de dégâts.
Comment lutter en cas d'attaque avérée ?
Lorsque la présence du charançon est constatée, il existe quelques méthodes curatives, mais il faut alors agir très vite :
-
coupez et brûlez immédiatement toute feuille brunie ou présentant des galeries ;
-
pulvérisez des nématodes parasitoïdes (Steinernema carpocapsae), qui parasitent et détruisent les larves ;
-
appliquez une préparation à base de Beauveria bassiana, un champignon pathogène efficace contre les larves. Cette solution sera alors répandue au cœur de la plante et sur toutes les parties aériennes ;
-
notez que lorsqu'une plante vient à mourir des conséquences des attaques du charançon de l'agave, il ne faut jamais la laisser sur place, car elle peut encore contenir des larves et des pupes, notamment dans ses racines. Il sera alors nécessaire de la déterrer et de brûler tout ce qui demeure.
Il est également judicieux de signaler la présence de ce coléoptère au FREDON de votre région afin de contribuer à la surveillance et à la lutte contre ce ravageur.
Vos commentaires