Les coléoptères, quel rôle au jardin ?

Le vaste monde des coléoptères offre une diversité incroyable. De l'infiniment petit, perceptible uniquement au microscope, au splendide lucane cerf-volant, les coléoptères assurent tous leur rôle bien précis dans la biodiversité et par extension dans nos jardins.

Le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus) est encore courant dans les jardins
Le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus) est encore courant dans les jardins © Jan/stock.adobe.com

Mieux connaître les coléoptères

L'ordre Coleoptera regroupe plus de 400 000 espèces de coléoptères répartis sur la planète. Ces insectes très diversifiés par leurs tailles, leurs couleurs et leurs formes ont cependant quelques points communs :

  • ils présentent un exosquelette, sorte d'armure protectrice autour de leur corps, avec des stigmates permettant la respiration ;

  • les ailes membraneuses sont recouvertes par des élytres protégeant l’abdomen et les ailes ;

  • un écusson (sorte de petit triangle) est présent à la base des élytres ;

  • ils ont tous des antennes qui leur servent d'organe tactile et olfactif ;

  • leurs pièces buccales sont munies de mandibules puissantes, certaines espèces présentent un rostre leur permettant de s'infiltrer dans les matériaux les plus durs  ;

  • leur thorax est segmenté en 3 parties ;

  • ils possèdent 3 paires de pattes segmentées ;

  • ils se développent en quatre stades, œuf, larve, nymphe et imago pour la plupart des espèces.

Ce vaste ordre représente 40% de la totalité des espèces d'insectes. Le plus petit coléoptère (Scydosella musawasensis) mesure 0,330 mm, le plus grand, vit dans la forêt amazonienne et mesure 16 cm, l'écart est donc immense.

Le régime alimentaire des coléoptères est extrêmement varié. Ainsi selon les espèces, ils peuvent aussi bien se nourrir de tissus végétaux que de proie vivantes, de champignons que de cadavres d'autres animaux.

Les coléoptères les plus courants au jardin

L'adorable coccinelle, grande chasseresse de pucerons fait partie des animaux fréquents au jardin, elle est d'ailleurs très utile en lutte biologique.

La cétoine noire ou verte aime à se reposer sur les roses, elle est donc très commune. Ses larves aident à transformer la cellulose en humus aussi bien dans le tas de compost qu'au jardin.

Les scarabées dont les carabes peuplent également cet espace et aident le jardinier dans sa lutte contre les ravageurs.

D'un autre côté, le hanneton dont la larve se repaît de racines, la chrysomèle avide de plantes de la famille des Lamiacées (romarin, menthe, thym, sauge...) ou le doryphore qui se délecte de feuilles de pommes de terre, sont des insectes bien moins appréciés qui peuvent causer quelques dégâts importants aux cultures.

Cependant, il ne faut pas stigmatiser les coléoptères pour quelques exemples gênants, car nombreux ont une utilité cruciale au niveau de la biodiversité, des chaînes alimentaires et aussi de la transformation de la matière.

Utilité des coléoptères au jardin

L'incroyable diversité de tailles et de fonctions font des coléoptères des êtres présents sur tous les plans.

À la surface du sol, les coléoptères aident à la décomposition de la matière organique qui sera ensuite transformée par les champignons, bactéries et autres micro-organismes en humus, ce substrat noir à l'odeur caractéristique de nos bois et forêts.

Sans les coléoptères, pas d'humus donc, ni de terre fertile car ils constituent un des premiers maillons de cette transformation, qui va ensuite permettre aux éléments nutritifs d'être présents dans le sol et disponibles pour nos cultures. Ils ont donc une importance cruciale.

Ces espèces détritivores qui se nourrissent de débris végétaux, de bois pourri, de fruits tombés au sol, sont de véritables nettoyeuses du jardin. Ainsi, au fil du temps, les coléoptères œuvrent pour débarrasser le jardin de ses débris végétaux en les rendant accessibles aux micro-organismes qui peuplent la terre.

D'autres coléoptères sont nécrophages et assainissent le jardin en mangeant les cadavres d'autres animaux. Une fois encore, ils aident à transformer cette matière organique et à la rendre disponible dans le sol.

Enfin certains coléoptères comme le célèbre bousier sont également coprophages et éliminent les excréments. Ils ont une importance indéniable sur les site où l’agropastoralisme est pratiqué, mais aussi par extension au jardin si vous possédez des animaux comme des chevaux, des ânes, ou que vous remplacez votre tondeuse par un mouton !

Certaines espèces de coléoptères évoluent sur un plan plus élevé, se déplaçant du sol à plusieurs mètres de hauteur. C'est le cas des coccinelles ou des carabes qui se nourrissent d'animaux ravageurs de cultures (pucerons et cochenilles pour certaines espèces de coccinelles, escargots et limaces pour les carabes qui agissent discrètement la nuit).

Dans une moindre mesure, les coléoptères participent également à la pollinisation des végétaux et donc, à la survie des espèces végétales, en passant de fleurs en fleurs.

Une étude récente (1) a prouvé l'interaction entre les fleurs et les coléoptères sur la canopée de la forêt tropicale. Sans aller aussi loin, les coléoptères et les fleurs interagissent de même dans nos jardins. Il a d'ailleurs été prouvé que ces insectes étaient des précurseurs pollinisateurs puisqu'ils aidaient à la propagation des cycas, ces plantes primaires déjà présentes il y a 200 millions d’années !

(1) Flowers are essential to maintain high beetle diversity (Coleoptera) in a Neotropical rainforest canopy

Article rédigé par Iris MAKOTO

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