Le putois, pourquoi est-il mal aimé ?
Classé sur la liste des espèces 'susceptibles d’occasionner des dégâts' en France, le putois est considéré comme un nuisible. Chassé sans relâche, victime de la fragmentation des habitats, de collisions routières et de la raréfaction de la populations de ses proies, le putois est une espèce actuellement en déclin.

Le putois, une espèce en déclin dans 20 pays européens
Le putois d'Europe (Mustela putorius) est un petit mammifère carnivore appartenant à la famille des Mustélidés. Son aspect très mignon n'a pas empêché depuis des siècles de nombreux massacres sur sa population.
Mesurant entre 40 et 60 cm de long, la bête de forme allongée portée par des pattes courtes et présentant une petite queue, arbore une tête plate avec un masque blanc entourant de doux yeux foncés surmontés par de petites oreilles arrondies.
Alors que de nombreuses personnes choisissent un furet comme animal de compagnie, le putois, qui n'est en réalité que sa version sauvage, est encore considéré comme indésirable. Opportuniste au niveau de son choix de nourriture, il constitue pourtant un prédateur hors-pair permettant de protéger les cultures de nombreux rongeurs.
En 2017, le Putois d’Europe a été classé 'Quasi-menacé' sur la liste rouge nationale des mammifères de France métropolitaine, ce qui ne l'empêche pas de demeurer également sur la liste des nuisibles (ESOD) jusqu'en mai 2022. Ainsi classées, ces espèces peuvent faire l’objet de mesures de destruction sous prétexte que ces animaux sont considérés comme des menaces pour l'Homme.
Pourquoi tant de haine ?
Le putois, pourtant fort méconnu et souvent confondu avec d'autres espèces faisant partie de la famille des Mustélidés, souffre de sa mauvaise réputation.
Effectivement, lorsqu'il est en alerte, le putois peut s'exprimer bruyamment par de petits cris faits de stridulations inquiétantes. Il est également connu pour dégager une odeur fétide, mais cette odeur de défense envers un danger ou un éventuel prédateur ne survient que lorsqu'il est stressé.
Accusé de porter préjudice aux animaux de basse-cour, de piocher allégrement dans les lapins et faisans d'élevage lâchés pour contenter les chasseurs, le putois semble donc être un concurrent de taille pour l'Homme ! Toutes ces accusations portées par ignorance ou méconnaissance, en ont fait une victime simple à piéger et à massacrer pendant des siècles. Selon la SFEPM (Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères), plus de 300 000 putois étaient piégés chaque année en France en 1950.
Seuls les poulaillers vétustes, sans fondations et aux entrées faciles peuvent être visités par le putois, tout comme par un bon nombre d'animaux dont les chiens de chasse qui n'hésites pas à croquer les poules de temps en temps lorsqu'elles picorent librement hors de leur espace protégé. Quant au gibier lâché à des fins 'récréatives' pour les chasseurs, aucune étude concrète ne prouve que le putois se fasse la part belle sur le butin.
Quelles sont les menaces pesant sur le putois ?
Outre le piégeage et la chasse, le putois est soumis à une raréfaction de ses proies notamment due au déclin des amphibiens qui autrefois partageaient son habitat de prédilection (les zones humides) et constituaient une bonne part de son alimentation. Le lapin de garenne, espèce classée quasi-menacée depuis les épidémies de myxomatose et de calicivirus constituait également une proie de choix.
Les collisions routières mais aussi l'intensification des axes routiers qui isolent les populations de putois constituent une autre cause de déclin, tout comme la perte de son habitat de prédilection c'est à dire les zones humides et les milieux bocagers détruits par l'activité humaine intensive. La modification du paysage et à la pollution qui en découlent n'arrangent rien à l'affaire de nos putois.
Un espoir pour le putois ?
En 2017, la SFEPM édite un dossier nommé 'Protéger le putois', demande dans la foulée au ministère de l'écologie de retirer le putois de la fameuse liste des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts et de l'inscrire au contraire sur celle des espèces protégées comme l'a fait l'Italie, la Suisse et le Royaume-Unis.
L’acharnement juridique de l’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages) qui lutte pour la préservation des milieux naturels et défend les espèces jugées nuisibles, indésirables voire insignifiantes, a porté ses fruits, tout comme l'engagement sans faille de la SFEPM.
Une victoire devant le Conseil d'état en juillet 2021 avait déjà fait bouger les choses puisque le piégeage en Pas-de-Calais et Loire Atlantique fut interdit et l'animal retiré de la fameuse liste des ESOD par l’arrêté du 14 mai 2022.
La victoire n'est pourtant pas totalement savourée, puisque le putois demeure à portée de tirs autorisés lors des parties de chasse, ne bénéficiant pas d'un statut de protection avéré.
En outre, le fameux classement 'ESOD' bénéficiera d'un nouvel arrêté triennal en juillet 2023 qui déterminera une nouvelle liste de victimes ainsi que leurs modalités de destruction, dont le putois pourrait à nouveau faire partie.
Vos commentaires