La cloque du pêcher, comment la reconnaître et la traiter ?
La cloque du pêcher est une maladie cryptogamique redoutable pouvant compromettre la récolte. Marc-Henri Doyon des pépinières Ripaud, nous explique dans cette vidéo comment la reconnaître et la traiter dans de bonnes conditions.
Qu'est-ce que la cloque du pêcher ?
La cloque du pêcher est une maladie provoquée par un champignon pathogène nommé Taphrinia deformans, Marc-Henri la considère comme l'une des maladies majeures des arbres fruitiers.
Sur un arbre sain, la feuille du pêcher est bien plate et, comme un panneau solaire, elle permet la photosynthèse de la plante.
Le champignon, en se développant va opérer une crispation de la feuille. Nous comprenons alors grâce à la métaphore du panneau solaire, que si celui-ci est recroquevillé sur lui-même, seuls 20 à 25 % de la surface totale seront atteints par les rayons. Le pêcher sera donc en manque d’énergie.
Certaines variétés sont bien plus résistantes que d'autres à ce champignon. Sur les variétés les plus sensibles, les récoltes sont compromises, puis au bout de 2 ou 3 ans, l'arbre est épuisé et finit par mourir.
Comment se prémunir contre la cloque du pêcher ?
Choisir une variété très résistante
Marc-Henri nous conseille de choisir une variété très résistante à la cloque du pêcher. Malheureusement, il y en a très peu. Il faut surtout éviter d'opter pour une variété très sensible, toutefois, dans le sud de la France, ce paramètre est moins grave.
Si vous habitez dans le nord du pays, il est nécessaire de se tourner vers les cultivars les plus résistants aux maladies comme par exemple 'Bénédicte' et 'Avalon Pride', cette dernière proposant une floraison plus tardive qui permet d'échapper aux derniers épisodes de gel.
Comprendre la maladie pour pouvoir s'en prémunir
Taphrinia deformans demeure sur les écorces des branches mais aussi au sol. On va donc employer un côté prophylaxie consistant à ramasser toutes les feuilles tombées au pied du pêcher.
Au niveau des traitements, il faudra en mettre deux en place.
Le premier traitement peut être effectué à base de bouillie bordelaise, autour du15 janvier, tant que l'arbre ne comporte aucune feuille. Ce traitement va permettre de détruire les spores du champignon présentes sur les branches.
Le traitement sera renouvelé avant le débourrement, lorsque les bourgeons vont commencer à gonfler, mais toujours avant leur éclosion, entre le 15 février et le 15 mars selon les régions.
Une fois que les feuilles sont sorties, cela ne sert plus à rien de traiter, car le champignon est bien à l'abri dans les parties aériennes. Une erreur majeure consiste à traiter lorsque le mal est visible, c'est-à-dire lorsque les feuilles sont gaufrées.
Pour que le champignon puisse se reproduire grâce à ses spores, il faut de bonnes conditions d'humidité. Le pêcher devra donc être planté au plein soleil.
Dans le nord, les sujets palissés, de type 'palmettes à la diable', dont toutes les branches sont placées le long d'un mur bien exposé, constituent un bon compromis. Si l'arbre est protégé par une avancée de toit dans un climat très humide cela constitue un point très positif. Les murs de pêchers à Montreuil en région parisienne étaient d'ailleurs très renommés.
Le mur présente de nombreux avantages : il restitue sa chaleur, permet un assèchement plus rapide, abrite éventuellement de la pluie, et protège des gelées tardives.
Il faut donc favoriser un séchage maximal pour éviter que le champignon, amateur d'humidité, ne se développe. En effet, il a besoin d'une durée minimale de 10 h d'humidité constante sur la plante pour prospérer. S'il pleut en continu, cela est moins grave, car les spores sont lessivées et évacuées, elles ne peuvent pas germer et entrer dans la plante ; ce n'est que lorsque le taux d'hygrométrie est très haut durant plus de 10 h que le danger est le plus fort.
Tailler régulièrement
N'hésitez pas à tailler le pêcher, (voir notre vidéo 'Pourquoi est-il essentiel de tailler le pêcher ?').
Il s'agit de bien éclaircir le cœur de la couronne pour ne pas offrir un fouillis végétal propice à la prolifération de parasites et maladies. Une taille très ouverte va permettre à l'air de bien circuler et donc d'assurer un assèchement plus rapide.
Remèdes de grands-mères contre la cloque du pêcher
Il existe de nombreux remèdes traditionnels pour lutter contre cette maladie. Un des plus utilisés consiste en la suspension de coquilles d’œufs dans la ramure du pêcher. Marc-Henri demeure dubitatif sur le principe ; cette méthode lui paraît inutile, car il ne perçoit pas comment une coquille d’œuf serait capable de détruire des spores.
Certains purins de plantes peuvent avoir un réel intérêt pour renforcer la plante, mais pour lui, seule la prophylaxie décrite ci-dessus fonctionne réellement.
Parfois, vous allez remarquer des fruits séchés sur l'arbre, phénomène souvent lié à une autre maladie, la moniliose. Il est crucial de les éliminer, car ils constituent autant de supports à la cloque du pêcher. Le nettoyage des arbres du verger est donc très important en période hivernale.
Grâce à ces conseils, vous pourrez obtenir chaque année une belle récolte de pêches et vous en régaler !
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