Le parc Matisse de Lille (59)

Véritable cœur de nature en plein quartier des affaires de Lille, le parc Matisse rend hommage au célèbre peintre né au Catteau en 1869, tout près de Cambrai.

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Le parc Matisse est implanté sur les anciennes fortifications de la citadelle de Vauban et notamment l'une des portes encore existante : la porte de Roubaix, bâtie en 1620. Créé en 1995 par deux paysagistes locaux accompagnés de Gilles Clément ainsi que du designer plasticien Claude Courtecuisse, ce parc offre un très vaste espace vide et végétalisé à la frontière entre le vieux Lille et le quartier moderne aux immenses immeubles de verre ou de métal.

C'est le principe du jardin en mouvement qui a été choisi pour la conception générale de ce parc, selon le parti pris que le paysage n'est pas figé. Cette thématique n'est toutefois pas réellement traitée mis à part par l'intervention inspirée, sur de petites zones, des équipes de jardiniers.

Le parc Matisse est essentiellement constitué d'une très vaste pelouse, la grande prairie du boulingrin, ouvrant à la fois d'un côté vers les bureaux modernes et la gare nouvelle de Lille Europe, et de l'autre vers les briques rouges du vieux Lille. Cet espace organise réellement l'articulation entre ces deux parties de la ville. Loin d'être juste un endroit où l'on se promène, le parc Matisse est une véritable plateforme d'accueil, un tableau accueillant les voyageurs qui sortent de la gare.

De grandes bandes de cheminements en béton s'y étalent et sont soutenues par quelques arbres solitaires. Cette zone du parc est surtout marquée par la présence de l'île Derborence qui fait référence à une forêt primaire des Alpes suisses. Cet espace de 2500 m² se situe à plus de sept mètres de haut, posé sur un socle en béton dont la forme est la réplique d'une petite île de l'hémisphère sud se trouvant aux antipodes de Lille.

Cet endroit inaccessible, est un véritable laboratoire donnant une idée de l'évolution de la forêt sur plusieurs décennies sans l'intervention directe de l'homme. Les brassages planétaires des espèces végétales sont donc laissés libres et peuvent être observés de temps en temps par les scientifiques qui sont les seuls à avoir accès à cette plateforme. Les végétaux qu'on y a initialement plantés sont tous issus de l'hémisphère nord et ont la particularité d'offrir de belles feuillaisons colorées à l'automne.

Du côté de l'île Derborence se trouve le jardin en creux qui occupe le fossé des fortifications de Vauban. Des allées y serpentent en contrebas de la grande pelouse, au milieu d'ifs taillés ou passant sous le pont accédant à la porte de Roubaix.

Le reste du parc est essentiellement composé de boisements, nommés bois des Transparences composés de trois parties majeures : la clairière du feu, plantée de pyrophytes (résistantes au feu) organisées autour d'un cercle noir laissé par les flammes, la clairière de la lande où la bruyère domine et enfin la clairière du vent où s'épanouissent librement bambous et plantes annuelles. Ce bois des Transparences, moins fréquenté que le cœur du parc garde un certain côté mystérieux et magique.

La voie ferrée accédant à la gare y est même accueillie puisqu'elle plonge sous le parc au niveau de zones humides où poussent des massettes et autres plantes de sols humides. Cet espace est séparé de l'île Derborence par des bosquets souples de Betula et de Nothofagus, très beaux à l'automne.

Au total le parc Matisse offre plus de huit hectares au promeneur, alternant espaces vides et espaces plantés, tout cela dans un écrin naturel extrêmement oxygénant en plein cœur de la capitale des Flandres. C'est en plus une véritable plaque tournante, articulant le quartier des affaires avec le centre ancien, les accès y sont très nombreux et l'un deux, celui qui donne accès à la gare, nous offre même la possibilité de tomber nez à nez avec la statue de François Mitterrand...