Mangave
Les mangaves sont de magnifiques plantes ornementales succulentes, qui allient la forme régulière en rosette des agaves avec les coloris remarquables des manfredas. Pas vraiment piquants, ils font de vigoureuses et parfaites plantes en pot.


Si vous appréciez la forme en rosette très structurée des agaves, mais que leur côté piquant vous rebute, ou si vous aimez les couleurs vives des rosettes de broméliacées tropicales, mais que vous les trouvez trop délicates à cultiver, alors les mangaves, c’est ce qu’il vous faut !
Qu’est-ce qu’un x Mangave ?
Le mangave est une plante d’origine horticole, issue d’un croisement volontaire, d’une pollinisation croisée entre un Agave (très succulent, durable, piquant) et un Manfreda (plus petit, aux feuilles nombreuses, non fibreuses et plus souples, sans épines terminales). Il en existe au moins une quarantaine de croisements, nommés et vendus. Ils offrent une remarquable diversité de couleurs et de formes, associée à une vigueur et une vitesse de croissance accrue par rapport à celle des leurs parents.
Le mangave prend le meilleur de ses 2 parents et les variétés proposées à la culture sont sélectionnées pour leur beauté.
Leurs épines, s’ils en ont, sont douces ou peu agressives (l’un des principaux critères qui font rejeter les agaves), ce qui en facilite grandement la manipulation.
La plante en rosette régulière est forte et durable par son ascendance Agave. Ces rosettes, bien que très variables, aux feuilles raides, souples, retombantes, etc., ont une forme parfaite. Certains cultivars peuvent produire une rosette qui dépasse 1 m de diamètre !
Du côté Manfreda, la plante gagne en nombre de feuilles. De plus, ces feuilles sont joliment colorées, parfois tachetées, marbrées ou multicolores. Pour les plus colorées, ces rosettes de forme parfaite évoquent l’exubérance tropicale d’une Broméliacée.
Comme les manfredas, les mangaves disposent d’une tige souterraine rhizomateuse importante qui sert d’organe de stockage.
Cette hybridation leur permet également une croissance beaucoup plus rapide que chez les agaves. Les mangaves sont capables d’émettre une hampe florale parfois dès la 4e année de culture. Hautes de 1 à 2 m, elles portent des fleurs blanches, jaunes, ou jaune-vert.
À partir de leur rhizome, les mangaves produisent volontiers des rejets qui permettent chez soi une reproduction végétative plus facile que chez les agaves. Il arrive même qu’ils produisent quelques bulbilles le long de leur hampe florale.
Pour autant, les mangaves restent des plantes assez rares en culture et souvent un peu chères : elles sont généralement produites par culture in vitro.
Pour la petite histoire
Les premiers mangaves proviennent d’une pollinisation croisée accidentelle sur une plante près de Mexico en 2004. Ces graines récoltées sur Manfreda variegata et semées, ont fait apparaître quelques plantules différentes, hybridées de Agave mitis, de jeunes plantes très vigoureuses et intéressantes. C’est ainsi qu’est né Mangave ‘Macho Mocha’.
‘Macho Mocha’ ressemble beaucoup à Manfreda variegata, avec ses feuilles gris-vert tachetées de pourpre, mais il croit vite et mesure jusqu’à 120 cm de large !
Il a fait le tour des collectionneurs en tant que curiosité avant d’éveiller l’intérêt du sélectionneur Hans Hansen. C’est lui et son équipe qui ont élevé le mangave au rang de plante horticole exceptionnelle.
Point de vue botanique
Auparavant, Agave et Manfreda appartenaient à la famille des Agavacées, mais aujourd’hui les Agavacées sont considérées seulement comme une sous-famille de l’énorme famille monocotylédone des Asparagacées.
De même, Manfreda est aujourd’hui un sous-genre d’Agave : Agave subg. Manfreda.
Pourtant, pour l’observateur, les uns se différencient facilement des autres.
Les agaves sont succulents, monocarpiques au feuillage persistant.
Les manfredas sont semi-persistants, ils peuvent perdre leurs feuilles et rester au repos sous forme souterraine, et ne sont pas monocarpiques. Ils montrent des feuilles plus douces et souvent colorées.
C’est pourquoi dans le monde horticole les Manfreda existent toujours, et que leurs croisements avec des agaves restent des x Mangaves.
Comment cultiver et utiliser les mangaves ?
Ces merveilleuses obtentions horticoles sont faciles à cultiver et dotées d’une croissance vigoureuse, des succulentes qui donnent de gros sujets bien plus rapidement que les agaves ou les aloès.
Leur succulence plus ou moins visible, associée à leur tige souterraine, leur donne une excellente résistance à la sécheresse, ce sont de vraies plantes xérophytes et de parfaits candidats comme plante en pot pour décorer une cour, un escalier, un balcon ou une allée.
Les mangaves sont parfaitement résistants au manque d’eau et à la chaleur (finie la potée méchamment grillée au retour de vacances !), tandis que leur forme sculpturale est superbement mise en valeur en hauteur dans un beau contenant.
Par contre à cause de son rhizome, le mangave a besoin d’un pot suffisamment profond, d’un minimum de 40 cm ; rempli d’une terre modérément riche, mais un peu drainante, encore qu’un pot soit naturellement drainé. Un terreau pour succulente est parfait, mais une terre franche pas trop collante également.
Arrosage
Durant la belle saison, avril à fin septembre, malgré sa résistance à la sécheresse, on l’arrose régulièrement chaque semaine, pour de le voir grandir et devenir plus magnifique encore, même si les oublis sont sans importances. C’est lorsque son feuillage est complètement turgescent (ses tissus gorgés d’eau) que ses couleurs sont les plus éclatantes ; sa rosette est plus ferme, parfaitement dessinée.
Un manque d’eau très prolongé en été ne le fera pas mourir, mais peut forcer le mangave à se mettre au repos et à perdre quelques feuilles et même parfois toutes.
Durant sa dormance hivernale, il conserve ses feuilles s’il ne fait pas trop froid. Il n’est pas arrosé d’octobre à avril, sauf si les feuilles du bas de la rosette se rétractent trop. Dans ce cas, un léger arrosage est indiqué à un moment où il ne gèle pas.
Exposition
D’avril à octobre, le mangave a besoin d’une exposition ensoleillée un minimum de quelques heures par jour. Plus votre mangave profitera du soleil direct et plus il sera haut en couleur.
Pendant sa phase de repos hivernale, la quantité de lumière n’a pas vraiment d’importance, car il doit être suffisamment privé d’eau pour ne pas pousser (nouvelle croissance centrale).
Rusticité
Les mangaves montrent quelques résistances à de faibles gelées, mais en général au-delà de -5 °C, ils souffrent, surtout dans nos jardins français aux hivers humides.
L’hiver venant, cette potée devra être remisée à l’abri de la pluie et des gels importants pour ressortir au printemps suivant.
Sur la Côte d’Azur ou sur le littoral atlantique et breton, la douceur du climat permet de tenter de les acclimater en pleine terre. Ces mangaves en pleine terre ont besoin alors d’un drainage parfait (sol graveleux ou sablonneux, pentes, enrochements… et éventuellement de l’aménagement d’un toit anti-pluie pour l’hiver.
Pour les régions trop limites, attendez d’en obtenir quelques rejets enracinés pour tester leur résistance plutôt que de risquer de perdre votre gros sujet. Certains cultivars sont plus rustiques que d’autres tel Mangave ‘Macho Mocha’ et 'Cappucino' (-12 °C), Mangave 'Bad Hair Day', ‘Ingblot’, ‘Iron Man’ et ‘Pineapple Express’ (-7 °C), et ‘Blue Mammouth’ (-14 °C).
Avec une extrême sécheresse ou le froid hivernal, certains mangaves peuvent perdent leurs feuilles : ils repousseront sans doute au printemps, mais autant l’éviter.
Quelques variétés de mangaves
Mangave 'Bloodspot', probablement Manfreda maculosa × Agave macroacantha, montre une forme magnifique et parfaite d’agave compacte (35 cm), mais avec des pointes qui ne piquent pas vraiment. Son épiderme bleu vert (ou violet en plein soleil), est ponctué d’une multitude de taches rougeâtres. Il fleurit en monocarpique au bout de 7 ans environ, faisant quelques rejets ou non. Supporte -4 °C.
Mangave 'Blazing Saddles', Mangave 'Bloodspot' × Agave nizandensis en rosette de 35 cm, s’épanouit en une multitude de feuilles étroites, pas trop épaisses et finement dentées, si tachetées de pourpre qu’il n’y a presque plus de vert. Il peut supporter -4 °C en sol bien sec.
Mangave 'Gonzaloi’ ressemble à 'Blazing Saddles', mais avec des points rouges mieux discernables, donc plus vert, mais remarquablement moucheté.
Mangave ‘Lavander Lady’ est une plante globuleuse de 30 à 50 cm de diamètre aux nombreuses feuilles bien dressées se terminant en pointe, d’une remarquable couleur gris violacée. Sculpturale, elle montre une aussi belle tenue qu’un agave, mais sans la féroce pointe terminale. Elle pourrait supporter -4 °C, abritée de l’humidité.
Mangave ‘Silver Fox’ mesure 50 cm de large à maturité. Ses feuilles sont gris bleu, argentées, crantées et bordées de courtes épines. Ces feuilles, en gouttières épaisses et recourbées, forment une rosette magnifique. Ce mangave a peut-être davantage un look de broméliacée que d’agave ! Rustique jusqu’à -4 °C.
Mangave ‘Mission of Mars’ montre des feuilles succulentes assez larges qui s’effilent régulièrement jusqu’à la pointe (non acérée). Rigides, elles dessinent une rosette impeccable plus large que haute : à maturité : 55 cm de large sur 25 cm de haut). Et surtout, ce mangave prend une extraordinaire couleur rouge en plein soleil. Rusticité -7 °C en milieu bien sec.
Mangave ‘Pineapple Express’ a des feuilles étroites qui se rapprochent en forme de celle des ananas en bien moins piquantes ! Elles sont fermes et rigides, avec un épiderme luisant vert foncé tacheté de pourpre, tirant sur le violacé au soleil. Ce mangrave, large jusqu’à 40 cm, dessine une rosette très fournie et produit facilement des rejets. Au sec, il a été capable de résister jusqu’à -7 °C.
Mangave ‘Chocolate Chip’ ou Manfreda ‘Undulata’ produit une rosette toute plate qui s’étale sur 60 cm. Ses nombreuses feuilles étroites sont effilées et ont un rebord ondulé. Elles sont vertes et abondamment maculées de taches rondes et sombres : une allure impressionnante et plus tropicale qui rappelle certaines broméliacées, en beaucoup plus facile à cultiver. Sa hampe florale qui apparaît au bout de 3 ou 4 années de développement mesure 2 m de haut ! Ses petites fleurs chocolat sont surtout caractérisées par de très longues étamines de même couleur. Sa rusticité se limite à -4 °C en milieu sec.
Mangave ‘Moonglow’, fait une petite rosette (30 cm) de feuilles étroites si tachetées qu’elles sont plus violacées que bleu/vert. Plus elle dispose de soleil, plus son côté « léopard » est remarquable. Elle est de plus prolifique en rejets latéraux, donc se reproduit facilement. -7 °C.
Mangave ‘Dreadlocks’ est un joli mangave plat, dont les très nombreuses et assez fines feuilles sont caractérisées par leurs bords ondulés. -7 °C.
Mangave ‘Macho Mocha’ est le premier mangave, issu d’une hybridation spontanée, et le premier à être apparu en culture. Assez similaire à Manfreda variegata, ses feuilles charnues sont vertes, plus ou moins ponctuées de rouge, parfois tant qu’il peut devenir presque entièrement rouge. Sa croissance est rapide, pleine de vigueur : cette rosette s’élargit jusqu’à 120 cm de diamètre !
Ce mangave produit de nombreux rejets et peut tenir jusqu’à -12 °C en sol sec.
Mangave ‘Praying Hands’, est très originale avec ses feuilles bleutées et redressées vers le haut et le centre : elle prend la forme d’une pomme de pin. -4 °C.
Mangave ‘Bad Hair Day’ est une étonnante plante couleur chocolat aux très longues feuilles étroites retombant en cascade autour du pot en simulant une chevelure ; il est rustique jusqu’à -7 °C.
Il existe encore bien d’autres cultivars de mangaves plus ou moins disponibles à l’achat en France : ‘Permanent Wave’ fait une rosette très succulente et quasiment blanche.
‘Pinneaple Punch’, ressemble à un yucca aux feuilles panachées.
‘Black Magic ‘ est une rosette noire, plate, aux feuilles retombantes.
‘Red Wing’ est encore un autre beau mangave rouge.
Il existe même un mélange entre Agave, Manfreda et Polianthes (les tubéreuses) appelé X Hansara ’Jumping Jacks’ qui fait d’assez jolies fleurs.
Comment reproduire ses mangaves ?
Étant donné que ce sont des hybrides, le semis de mangave, s’il est possible, ne donne pas une plante identique à son parent : c’est une peu une loterie.
Pour conserver une variété nommée, il n’y a que la propagation in vitro ou la division des rejets quand il y en a, ce qui est souvent le cas, mais pas toujours.
Les rejets se prélèvent entre mai et juillet, alors qu’ils sont développés suffisamment de longueur de tige pour être séparés. Ils s’enracinent facilement.
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