Salsepareille d'Europe, Liseron épineux, Asperge du pauvre

Nom scientifique : Smilax aspera
Synonyme : Smilax maculata
Famille : Liliacées

La salsepareille d’Europe, Smilax aspera, est une belle plante grimpante, méditerranéenne, utilisée comme plante médicinale, mais aussi consommée en tant que légume. On la récolte sur les plantes sauvages, on peut aussi la cultiver dans un jardin au climat doux.

Salsepareille d'Europe, Liseron épineux, Asperge du pauvre, Smilax aspera
Salsepareille d'Europe, Liseron épineux, Asperge du pauvre, Smilax aspera © simona - stock.adobe.com
Salsepareille d'Europe, Liseron épineux, Asperge du pauvre, Smilax aspera
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Origine de Smilax aspera

Smilax aspera, la salsepareille d’Europe, encore appelée liseron épineux ou asperge du pauvre est une plante grimpante au feuillage beau et persistant, appartenant à la famille des Smilacées, une plante monocotylédone. Bien qu’appelée salsepareille d’Europe, elle ne fut rapportée d’Amérique que durant le 16e siècle. Et elle est depuis distribuée jusqu’en Asie, présente de l’Europe méridionale jusqu’en Himalaya, à la fois utilisée et naturalisée.

En France, on rencontre la salsepareille d’Europe dans les garrigues du sud qu’elle rend impénétrable. Elle est présente aussi en zone littorale de l’Aquitaine aux Pyrénées. Elle est récoltée par les connaisseurs, consommée parfois comme légumes ou utilisée en tisanes. Sa culture est possible et même facile dans les jardins qui ne sont pas trop froids.

Description de la salsepareille

Smilax aspera est une plante grimpante qui s’allonge jusqu’à 3 m en Europe (et jusqu’à 10 m en zone tropicale). Sa tige ligneuse croît en zigzag anguleux, portant régulièrement quelques épines recourbées, comme les tiges d’un rosier. 

Elles portent des feuilles alternes, en forme de cœur à la base et plus allongées vers le haut des tiges. Leur limbe n’est pas typique des plantes monocotylédones, car il montre des nervures non parallèles, il est luisant et bordé de minuscules dents épineuses qui agrippent la peau ou les vêtements. Leur pétiole est cerné de 2 vrilles qui s’accrochent fermement aux supports environnants, branches, pergolas ou grillages.

Ses racines (utilisées en phytothérapie) ont un développement important, parfois longue de 1 m pour 1 cm environ d’épaisseur.

Les fleurs radiaires à 6 pétales étroits et blanchâtres, sont petites et groupées en ombelles, elles-mêmes assemblées en épis parfois longs jusqu’à 45 cm. Les fleurs mâles sont un peu plus grandes que les fleurs femelles. Elles sont odorantes et fleurissent d’août à octobre, elles dégagent un parfum sucré, parfois intense selon les heures.

Smilax aspera est dioïque, donc non autofertile : une plante est soit mâle (fleurs avec étamines), soit femelle (fleurs avec pistil), et il faut les deux pour avoir une pollinisation et une fructification. 

Après le travail des insectes pollinisateurs, les salsepareilles femelles produisent de nombreuses baies rouge vif qui sont d’autant plus appréciées des oiseaux qu’elles arrivent à maturité tardivement en novembre et décembre, à un moment où leur nourriture se fait plus rare. Les graines de salsepareille germent plus facilement d’ailleurs, après être passées dans leur tube digestif, car sinon elles demandent 2 années de stratification froide pour germer.

Smilax aspera ssp. Balearica a des fleurs rougeâtres au lieu de blanches.

Comment cultiver la salsepareille ?

On peut vouloir la salsepareille dans son jardin pour la consommer ou pour en faire des tisanes, mais Smilax aspera est parfois cultivée aussi pour son aspect intéressant : quand on la fait pousser en haie sur un grillage, elle clôture le jardin de son beau feuillage brillant et persistant, une limite de propriété qui devient impénétrable du fait de ses branches épineuses et de ses feuilles « qui griffent ». En outre, ses tiges sont trop solides pour pouvoir être cassées avec les mains. 

En haie, la salsepareille sera remodelée (par une taille) chaque année juste après la floraison, donc en août. 

Pour obtenir les jolies baies rouges, si attractives pour les oiseaux, il faut qu’il y ait en présence une plante mâle et une plante femelle.

Smilax aspera est plus ou moins rustique selon son origine géographique. Les plantes originaires des garrigues françaises sont capables de supporter quelques courtes gelées à -10 °C, mais globalement on l’estime rustique seulement jusqu’à -6 °C. Si le jardin est plus froid, la salsepareille sera installée dans une zone protégée des vents froids, devant un mur ou dans une cuvette végétale.

Elle est capable de vivre à mi-ombre, mais supporte très bien la chaleur et le plein soleil. Elle est résistante à la sécheresse, mais sera plus ornementale et vigoureuse en croissance si elle dispose d’eau régulièrement. Smilax aspera est tolérant sur la nature du sol. 

Cette plante est facile à cultiver en climat tempéré chaud (France méridionale) et peut devenir envahissante en climat plus tropical.

Autres utilisations de la salsepareille

Usage alimentaire

La salsepareille n’est pas que la nourriture de prédilection des Schtroumpfs ! c’est une plante consommée ponctuellement depuis des siècles, notamment en tant que légume : ses jeunes pousses tendres, y compris leurs vrilles, sont cuites à l’eau bouillante et consommées à la manière des asperges, car elles en rappellent le goût avec une légère et agréable amertume, d’où le nom vernaculaire d’« asperge du pauvre ».

Comme pour les asperges, lorsqu’un couteau de cuisine bien aiguisé ne coupe plus la tige, c’est qu’elle est trop dure pour être consommée.

Ces jeunes pousses de salsepareille peuvent être également consommées crues et agrémentées d’une vinaigrette.

La récolte se déroule au printemps alors que les nouvelles pousses sont les plus tendres. Muni d’un sécateur (pour ne pas tout arracher) et de gants, vous pouvez aller prélever une partie des tiges sur les plantes sauvages une fois que vous savez les déterminer.

Choisissez les plantes bien fournies et n’en cueillez que 1/3 de leur tige, pour laisser la plante en bonne santé et revenir l’année suivante.

Bien sûr, comme c’est une plante sauvage et médicinale, il ne faut pas consommer ce type de légume trop souvent

Pour en faire une liqueur ou des infusions, ce sont des feuilles matures (fermes) qui seront récoltées, donc plus tard en saison : elles ont un goût aromatique agréable et doux. 

Les jolies baies rouges n’ont pas d’intérêt pour l’homme, voire sont légèrement toxiques, mais les oiseaux en sont friands.

Plante médicinale

Les feuilles de la salsepareille contiennent le maximum de composés utile lorsqu’elles sont matures. La cueillette pour les tisanes se fait donc en été et en début d’automne, de préférence le matin.

La salsepareille en tisane stimule l’immunité, elle est anti-inflammatoire et digestive avec notamment un effet bénéfique sur la flore intestinale. Une tisane de feuilles de Smilax aspera aide à digérer un repas trop copieux.

Détoxifiante et anti-inflammatoire, elle aide à limiter les problèmes de peau tels que l’acné, elle est indiquée en cas de psoriasis ou d’eczéma.

Elle peut aussi soulager un peu les douleurs de règles.

Les racines, utilisées en infusions, sont encore plus riches en composés actifs, notamment en smilacine, salsasaponine et acide salsasapinique. Elles sont hautement détoxifiantes, protectrices du foie, toniques et stimulantes. Mais attention, elles peuvent augmenter l’effet de certains médicaments.

Comment multiplier Smilax aspera ?

Le semis

Dès leur récolte, les graines devront être débarrassées de toute la pulpe qui les entoure, puis trempées 5 jours en changeant l’eau tous les jours. Dans la nature, c’est le tube digestif des oiseaux qui nettoient les graines des substances anti-germination présentes dans la pulpe.

Une fois bien nettoyées et avant l’hiver, elles sont enterrées sous 1 cm de terreau humidifié dans un pot. Ces graines en terre doivent subir les variations de température des cycles de saison durant 1 à 2 années avant de devenir capables de germer. Le pot est donc ensaché (pour éviter que la terre ne devienne trop mouillée ou trop sèche) et installé dehors, mais abrité des fortes gelées. Il devra être observé à chaque printemps, pour surveiller d’éventuelles germinations.

La division

Les divisions sont possibles juste au moment où la plante entreprend une nouvelle croissance au printemps.

Des boutures de racines seraient faisables en novembre. Et les boutures semi-lignifiées au mois d’août reprennent éventuellement à l’étouffée.

Le saviez-vous ?

Autre usage de la salsepareille : on peut extraire un colorant rouge naturel à partir des vrilles un peu vieillies du liseron épineux.

La plante en bref

Botanique

Origine
Plante introduite au 16e siècle en Europe, mais provenant d'Amériques du sud aujourd'hui plante méditerranéenne 

Floraison

Période
Août à octobre 
Couleur
Blanc

Port et feuillage

leaf
Type
Plante grimpante, sauvage et cultivée, plante méditerranéenne 
Feuillage
Persistant
Hauteur
3 à 10 m

Plantation

Exposition
Mi-ombre à plein soleil
Rusticité
Rustique, jusqu'à -10 °C sur de courtes périodes
Sol
Drainant, argilo-siliceux
Acidité
Légèrement acide à légèrement basique
Humidité
Frais à très sec
Utilisation
Plante ornementale, plante médicinale, plante alimentaire
Période favorable
Printemps

Entretien & Multiplication

Multiplication
Marcottage, semis, bouture

Espèces et variétés intéressantes

350 espèces dans le genre

  • Smilax excelsa,  salsepareille élevée, plus rustique
  • Smilax china, autre espèce médicinale aux feuilles rondes presque succulentes
  • Smilax auriculata, espèce américaine aux belles feuilles oblongues
  • Smilax regelii, la salsepareille du Honduras 
  • Smilax glauca, dont les feuilles sont bleues au revers
  • Smilax tamnoides ou medica, autre smilax medicinal
  • Smilax rotundifolia, salsepareille à feuilles rondes 
  • Smilax herbacea, une grimpante plus rustique et herbacée, non épineuse.

Article rédigé par Véronique MACRELLE

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