Le cornouiller mâle, un petit fruitier facile de culture

Il existe des petits fruitiers, très faciles de culture, qui s'adaptent aussi bien à la sécheresse qu'au froid intense. C'est le cas du cornouiller mâle, une plante bien connue dans les pays de l'Est, dont Laurent Ollivier des pépinières 'Les jardins d'Ollivier' nous présente ici les nombreuses qualités d'adaptation en ces temps de réchauffement climatique.

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Intérêts des petits fruitiers sauvages

Depuis des années à la pépinière, Laurent Ollivier et ses collaborateurs testent des plantes et suivent avec attention l'évolution de certaines plantes, à la recherche de petits fruitiers qui pourront à terme remplacer, aussi bien dans les jardins que chez les producteurs, les petits fruitiers classiques qui souffrent du dérèglement climatique, de la sécheresse, ainsi que des conditions chaudes qu'il engendre. Les cassissiers, groseilliers ou framboisiers ne donnent plus le rendement souhaité ; Les fruits sèchent sur la plante, parfois c'est la plante qui dessèche en partie ou en totalité. Même les plants installés depuis plusieurs années sont victimes de ce dépérissement dû à ce réchauffement qui engendre des périodes sèches bien trop longues.

Depuis plus de 7 ans, surtout avec les étés 2019, 2020, 2021 et le dernier en 2022 qui a été marqué par des périodes très chaudes, sèches, avec des nuits où les températures restaient élevées, on a pu constater à la pépinière de très bons comportement sur de petits fruitiers sauvages qui peuvent venir compléter la palette déjà présente au jardin ou remplacer certains arbustes fruitiers devenus mal adaptés.

Présentation du cornouiller mâle

Les cornouilles sont les fruits des cornouillers, plus spécifiquement ici du cornouiller mâle (Cornus mas), présenté dans cette vidéo sous ses belles couleurs automnales.

Ce cornus pousse à l'état sauvage dans de nombreuses régions, dans les zones forestières, en lisières ou en clairières, en France, mais également en Europe. Cet arbuste a pour avantage sa très grande rusticité à la froideur extrême malgré une floraison printanière précoce survenant dès février, tout en tolérant très bien la chaleur.

Cet arbuste est nommé 'cornouiller mâle', sans que pour autant il existe un cornouiller femelle, comme ce serait le cas chez les plantes dioïques qui nécessitent un plant mâle et un plant femelle pour produire des fruits. Souvent la question est posée à Laurent par se clients qui lui demandent si un plant femelle est nécessaire pour avoir des fruits lorsqu'ils plantent un cornouiller mâle. La réponse est non. Cette appellation étrange provient d'une simple observation : les fleurs simples, sans pétales, présentent des étamines si proéminentes que le pistil devient quasiment invisible, ce qui a induit en erreur et a donné son nom de 'Cornouiller mâle' à cette plante bien qu'elle soit monoïque. On pensait alors que le pied mâle fleurissait et on cherchait sans succès le pied femelle, et pour cause ! Notre cornouiller mâle est bien constitué des deux organes reproducteurs : les étamines et le pistil qui composent les parties mâles et femelles d'une plante.

Intérêts du cornouiller mâle

Cette espèce a la faculté d'avoir un très bon comportement en période sèche, la concentration des fruits en sucres va même être augmentée par ces épisodes de chaleur.

Sur l'espèce type, le fruit, rouge, semblable à une olive par sa forme et par la présence d'un noyau, a pour particularité d'être assez acidulé, il peut être assimilé par son acidité en jus et sa vigueur de peps en bouche à la groseille rouge. Pour certains, il présente un peu trop d'acidité mais grâce aux périodes chaudes, on va récupérer du sucre sur un fruit légèrement plus petit, mais plus concentré avec une très bonne tenue de celui-ci sur la plante.

Dans sa pépinière, Laurent Ollivier a constaté que les fruits tenaient bien mieux sur la plante et bien plus longtemps, même après maturité. Habituellement, la maturité des fruits des cornouillers mâles intervient en août, cette année, ils ont pu être consommés facilement jusqu'à fin septembre, chose assez étonnante car habituellement les fruits tombent de manière naturelle après maturité et ne demeurent pas si longtemps sur la plante.

En automne, le cornouiller mâle se pare de teintes flamboyantes. C'est d'ailleurs le début de sa période idéale de plantation qui pourra être réalisée jusqu'en mars hors épisodes de gel.

Une déclinaison en de multiples variétés

Nos voisins des pays de l'Est, habitués à côtoyer ces petits fruitiers comme nous cultivons nos groseilles, nos cassis ou nos framboises, ont développé de nombreuses variétés de cornouillers mâles présentant plus de fruits, ou des fruits plus gros, voire des couleurs et des saveurs gustatives différentes. D'origine russe, polonaise, ukrainienne ou tchèque, ces variétés ont été développées par les producteurs de ces pays qui avaient constaté au fil du temps un très bon comportement de ces plantes dans les conditions extrêmes qui sévissent dans ces régions septentrionales avec un climat très marqué aussi bien en hiver qu'en été.

Justement cette plante qui fleurit très tôt au mois de février donne l'impression que l'on ne pourra pas obtenir de fruits si les fleurs subissent un épisode de gel. Cependant ce n'est pas le cas, car les fleurs sont très résistantes aux gelées, tout comme les fruits une fois fécondés qui sont également résistants au gel tardif ; ils passeront très bien des conditions printanières froides et ensuite pourront s'adapter aux conditions sèches et chaudes de l'été comme c'est le cas dans les pays d'origine de cet arbuste.

Sur l'espèce type, le fruit est rouge. D'autres variétés fruitières se déclinent sur des fruits jaunes, roses ou noirs encore très méconnus en France, ayant pour particularité de présenter une acidité diminuée. On a constaté que les baies rouges sont toujours plus acides que ces autres couleurs qui vont apporter une note plus sucrée tout en gardant en arrière-plan le côté acidulé, avec parfois des arômes de griottes, de groseilles et autres qui suivent sur des fruits bien charnus.

Les fruits seront en effet plus gros et beaucoup plus abondants que sur le cornouiller sauvage type. La production sera donc de meilleure qualité et plus importante.

Il existe aussi une variété à gros fruits rouges en forme de poire, très différents des fruits sauvages. Cette forme bien spécifique va offrir une partie basse bien plus charnue, donc plus de pulpe, ce qui constitue un avantage lors de la transformation de ces fruits en confitures, en jus ou en compote. On obtiendra donc plus de produits avec un seul plant de cette variété.

Au jardin, il va être possible de mixer toutes ces variétés pour jouer sur les différentes périodes de maturité des fruits. De manière classique la maturité est atteinte en août, mais certaines variétés précoces offrent leurs fruits dès juillet, d'autres plus tardives en août voire en septembre, ce qui permet d'obtenir une belle palette pour prolonger les récoltes ainsi qu'une grande diversité dans les goûts, les couleurs, les formes, les acides, les sucres.

On peut observer une particularité chez le cornouiller mâle : les boutons floraux sont déjà formés alors que le feuillage est encore présent sur la plante en automne. Lorsque les feuilles seront complètement tombées, elles ne masqueront plus ces boules qui demeureront sur les rameaux, qui vont peu à peu gonfler et seront prêtes à s'ouvrir en février sans jamais craindre le froid.

Alors faites vous plaisir avec les cornouilles !

Article rédigé par Iris MAKOTO

Vos commentaires

Didier Charpentier le 19/12/2022 à 09:24
Merci pour cet éclaircissement sur Conus mas. Je compte créer une haie de bocage dans la Sarthe pour abriter un jardin-nourricier et j'avais sélectionné cet arbre. C'est bien de revenir sur cette plante méconnue chez nous et "sauvage". Cela confirme mon choix et aussi l envie de tester les variétés comestibles chez ce cornouiller.