La grande passerage, une plante médiévale condimentaire et médicinale méconnue

Présentation

La grande passerage (Lepidium latifolium), autrement connue sous l’appellation de 'plante Maylis' en référence à l'abbaye de Maylis, dont les moines ont remis cette plante sur le devant de la scène dès le XIXe siècle en la transformant en tisanes salvatrices face à de nombreux maux, est aussi nommée 'Plante moutarde' pour son côté condimentaire.

La plante, herbacée, forme une touffe de feuilles lancéolées vertes pruineuses présentant un petit duvet blanchâtre sur le dessus. Elle présente un système racinaire rhizomateux très développé qui lui permet de se propager et de s'étaler facilement si les conditions de culture lui conviennent. Dans certains sols humides, elle devra donc être contenue pour ne pas devenir envahissante, cependant, lorsqu'elle est récoltée régulièrement, son développement est mieux maîtrisé.

La grande passerage est originaire des milieux humides d'Asie et d'Europe. Dans ses milieux de prédilection, elle peut atteindre de belles dimensions, s'élançant au delà d'un mètre de hauteur floraison comprise, alors que dans un jardin ordinaire, elle demeurera plus modeste.

En France, cette plante était présente surtout dans le Nord et l’Est, mais elle est de plus en plus difficile à trouver dans la nature.

La grande passerage en cuisine

Trop méconnu, le côté condimentaire de la plante mérite d'être développé. Les chefs cuisiniers s'intéressent justement à l'originalité de cette plante oubliée. Les feuilles se consomment encore jeunes, elles seront ainsi plus tendres.

Ciselée, elle offre sa saveur de moutarde à vos salades, mais aussi en accompagnement de viandes blanches ou de poissons.

Les feuilles cuites, légèrement passées à la vapeur vont servir de légume d'accompagnement d'une viande ou de complément de plat en assortiment pour le rehausser de son côté moutardé.

La graine peut être récoltée puis toastée légèrement à la poêle pour servir d'épice sur un plat ou pour assaisonner une salade.

Le système racinaire peut également être utilisé ; Une fois les rhizomes lavés, ils seront cuisinés à la manière du raifort, râpés sur les plats ou en sauce d'accompagnement.

La grande passerage, une plante médicinale

On a longtemps cru, d'après son nom de grande passerage, qu'elle servait à soigner la rage ; Elle a effectivement fait partie de la composition de certaines préparations pour traiter cette affection, cependant, elle était surtout utilisée pour calmer les douleurs, notamment celles des colites néphrétiques. Cette pathologie laissait croire que les personnes atteintes étaient enragées, à cause de leur comportement agité provoqué par la douleur insoutenable.

Cette plante très vitaminée a longtemps été utilisée pour lutter contre le scorbut grâce à sa forte teneur en vitamine C, mais aussi en vitamines A et B. Les amateurs de jus frais peuvent insérer une ou deux feuilles de grande passerage dans leurs préparations afin de profiter d'un maximum de vitamines et de donner ce petit côté moutardé et poivré au jus.

Si vous n'avez pas de gingembre sous la main, car il est difficile de faire pousser cette plante exotique au jardin, vous pouvez le remplacer par la grande passerage qui y poussera sans problème.

Culture et entretien

La grande passerage est une plante de culture facile qui saura s'adapter à tous les types de sols, qu'ils soient neutres, calcaires ou acides, lourds ou légers.

En sol léger, la plante aura un développement plus restreint (60 à 70 cm de hauteur) et des feuilles plus petites, fines et légères, un apport d'humus sera alors nécessaire.

Dans les sols lourds et humides, elle offrira tout son potentiel, en dépassant un mètre de haut en floraison. Son sol de prédilection est un sol riche et frais, mais en sol pauvre et plutôt sec, elle se développera tout de même, d'autant qu'elle présente une forte capacité à s’accommoder des conditions sèches.

Cette plante mellifère attire les insectes pollinisateurs qui adorent la butiner, elle a donc un grand intérêt au jardin. Elle est appréciée par les abeilles et les bourdons mais aussi par les mouches butineuses. Ces diptères sont très intéressants car ils servent de nourriture à de nombreux oiseaux insectivores au jardin.

Pour conserver des feuilles tendres et agréables à consommer, rabattez la plante immédiatement après la floraison afin qu'elle ne produise pas de graines, ainsi elle fera de nouvelles pousses.

Vous constaterez qu'en été, lors de la période sèche, la plante entre en situation latente et cesse sa croissance. Dès l'automne, l'humidité et les pluies provoqueront à nouveau sa croissance et on pourra en profiter pour consommer ses nouvelles feuilles bien tendres.

Les escargots, les limaces et les chenilles apprécient cette plante, ce qui prouve son côté culinaire intéressant, cependant, elle n'est sensible à aucun autre ravageur.