Les hirondelles en péril, causes et solutions pour leur protection
Elles témoignent depuis des temps immémoriaux du retour du printemps. Cependant, dans certaines contrées, les hirondelles se font de plus en plus rares malheureusement.

Un retour printanier menacé
Migratrices, les hirondelles ont pour habitude de revenir dès les beaux jours dans notre pays, mais l'impact humain est dévastateur pour leurs populations qui ne cessent de diminuer d'anné en année.
Les facteurs en cause dans la disparition des hirondelles
Parmi les 20 millions d’oiseaux qui disparaissent en Europe chaque année depuis près de 40 ans, les hirondelles font partie de ceux qui sont très impactés par les activités humaines.
Pourtant, ces oiseaux insectivores font partie intégrante de la biodiversité et ont une grande utilité dans la régulation des populations d'insectes qu'ils permettent de limiter de façon naturelle.
La longévité naturelle d'une hirondelle avoisine les 15 ans pour la plupart des espèces, cependant, nombreuses sont les embûches qui réduisent leur espérance de vie.
Les prédateurs naturels des hirondelles sont les rapaces, les chats, les lérots, les fouines et parfois les moineaux qui volent leurs nids et détruisent les œufs. Jusque-là, pas de quoi les faire disparaître, mais c'est sans compter avec l'impact humain !
Usage de pesticides en agriculture intensive, disparition des haies, artificialisation des sols qui empêchent la création de leurs nids nécessitant de la boue, pollutions diverses, éclairage et destruction des nids malgré un statut de protection, voici quelques-unes des raisons qui entraînent une disparition inquiétante de certaines espèces.
Pour mieux aider ces oiseaux protégés, il est essentiel de savoir les reconnaître et de respecter leur cadre de vie. Dans la plupart des cas, les hirondelles réutilisent les nids plusieurs années consécutives. Leur destruction, même lorsqu'ils sont inoccupés, est d'ailleurs interdite et vous expose à 3 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende d'après l'arrêté du 29 octobre 2009 !
Une migration à hauts risques
À l’approche de l’automne, les hirondelles entreprennent une migration spectaculaire vers des régions plus chaudes. Elles quittent l’Europe pour rejoindre l'Afrique subsaharienne, traversant le désert du Sahara et parcourant parfois plus de 10 000 km pour atteindre des zones riches en insectes.
Certaines espèces, comme l'hirondelle rustique, peuvent hiverner jusqu’en Afrique du Sud ! Elles reviennent au printemps, souvent sur les mêmes sites de nidification, après avoir surmonté de nombreux dangers.
Ce long voyage expose les hirondelles à de nombreux risques :
- Les conditions climatiques extrêmes : les tempêtes, les fortes chaleurs dans le désert du Sahara et les orages tropicaux peuvent être fatals.
- Le manque de nourriture : en cas de sécheresse ou d’utilisation excessive de pesticides, les insectes dont elles se nourrissent deviennent rares, les affaiblissant considérablement.
- Les obstacles artificiels : les lignes électriques, les éoliennes et les bâtiments vitrés représentent des dangers mortels pour les oiseaux en vol.
- La chasse illégale : dans certains pays méditerranéens et africains, les hirondelles sont capturées ou tuées, bien qu'elles soient protégées dans de nombreuses régions.
- L'épuisement : certaines hirondelles meurent de fatigue après plusieurs jours de vol intensif, notamment si elles ne trouvent pas d'endroits sûrs pour se reposer et se nourrir en chemin.
Malgré ces épreuves, les hirondelles effectuent cette migration chaque année avec une incroyable fidélité à leurs sites de reproduction, soulignant l'importance de préserver leurs habitats sur l’ensemble de leur parcours migratoire.
Reconnaître les différentes espèces présentes en France
L'hirondelle rustique (Hirundo rustica)
D'une longueur de 22 cm, elle présente un corps teinté de bleu très foncé sur le dessus, une gorge rousse et un torse blanc/beige.
Cosmopolite et migratrice, cette hirondelle est une des premières à arriver en France (dès février dans le sud). Grégaire, elle se déplace en groupes et ne craint pas la présence humaine puisqu'elle niche généralement à l'intérieur des bâtiments, notamment des granges, ce qui lui a valu son nom "hirondelle des granges".
Cette espèce est intégralement protégée. Elle est menacée par le froid intense et bien sûr par l'impact humain sur sa nourriture.
L'hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum)
Elle peut atteindre 29 cm d'envergure. Le dessus de son corps est bleu foncé avec des reflets métalliques, le ventre est blanc et la queue fourchue.
Elle revient d'Afrique vers le mois de mars et apprécie les milieux urbains, les villages. Elle aime nicher sur les façades, sur les rebords de fenêtres, sous les toitures, mais aussi sous les ponts et autres constructions humaines. Grégaire et sociable, elle vit en groupes.
Intégralement protégée depuis 2009, elle fait partie des espèces dont le déclin est inquiétant.
L'hirondelle de rivage (Riparia riparia)
Bonne nouvelle, cette espèce est classée par l'UICN en "Préoccupation mineure", cependant cette évaluation des populations date de 2016.
Elle mesure 12 cm de longueur pour une envergure de 30 cm, avec une couleur grise à légèrement brune sur le dessus, un ventre blanc avec une bande brune, un bec fin noir et une queue très fourchue.
Cette migratrice cosmopolite est présente d'avril à octobre au bord des cours d'eau, près de la mer, des lacs ou des étangs. Elle creuse son nid dans les sols meubles ou sablonneux puis l'aménage avec un mélange d'herbes et de plumes.
Outre les dangers cités plus haut concernant les causes de mortalité des hirondelles, cette espèce est encore plus sensible aux prédateurs qui ont un accès facile aux nids. Elle est également victime de l'artificialisation des berges, mais aussi de l'exploitation des sablières et des carrières. Cette espèce est protégée depuis juillet 1976.
L'hirondelle rousseline (Cecropsis daurica)
Cette espèce est discrète et plutôt rare en France, excepté dans le Var. Elle se nourrit majoritairement d'hyménoptères, dont une grande part de fourmis.
Elle est reconnaissable à sa calotte bleue sur la tête, ses joues et sa nuque rousse, son dos et son bas ventre noir, ainsi que son croupion pâle et les longs filets de sa queue.
De petite taille, elle ne dépasse pas 17 cm de longueur.
L'hirondelle de rochers (Ptyonoprogne rupestris)
Elle n'est présente que dans le sud-est du pays et hiverne sur le pourtour méditerranéen près des zones rocheuses, des reliefs et des falaises qu'elle affectionne. Ses nids sont construits à l'aplomb des falaises, mais toujours à l'ombre et abrités de la pluie.
Migratrice partielle dans le sud de l'Europe, elle ne se déplace pas plus loin que le nord de l’Afrique, mais certaines populations restent sédentaires.
Son vol gracieux, rapide et très maîtrisé est un régal à observer, bien que son corps trapu et sa queue courte ne lui donnent pas un style très aérodynamique à première vue !
Grise à brunâtre au niveau du ventre, elle présente un plastron plus clair au niveau de la gorge. Cette hirondelle peut atteindre 15 cm de longueur et présente une courte durée de vie (seulement 8 ans).
Comment faire revenir les hirondelles et les protéger ?
Préserver les nids
- Ne pas les détruire, même s'ils semblent inoccupés.
- Placer sous le nid du papier absorbant ou un petit récipient pour recueillir les fientes (réutilisables comme engrais).
- Installer des planches anti-salissures entre le nid et le sol.
Créer un environnement favorable
- Placer des nichoirs artificiels pour les attirer.
- Maintenir des flaques de boue pour qu’elles puissent construire leurs nids.
- Retarder la tonte et éviter l'utilisation de pesticides pour préserver les insectes dont elles se nourrissent.
Respecter leur cycle de vie
- Reporter les travaux à proximité des nids entre octobre et février.
- Sensibiliser le public sur l'importance des hirondelles et leur protection.
Chacun peut participer à leur retour
Les hirondelles sont indispensables à notre écosystème, mais leur disparition s’accélère sous l’effet des activités humaines. Par des gestes simples et respectueux, chacun de nous peut participer à leur préservation et favoriser leur retour dans nos paysages.
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