Le nativar, Kezako ?

Émergeant dans la littérature liée au jardin, le terme 'nativar' intrigue les lecteurs de tous les horizons. D'où vient ce nouveau mot ? que définit-il ? C'est ce que nous allons essayer de déterminer !

Euphorbia x martinii 'Colibri', cultivar issu d'un hybride
Euphorbia x martinii 'Colibri', cultivar issu d'un hybride © sfaafaa/stock.adobe.com

Origine du mot nativar

Le mot 'nativar' est un anglicisme et une contraction de deux termes distincts 'Native' et 'Cultivar'.

Pour le comprendre, il sera donc nécessaire de se pencher sur ceux-ci, mais également sur d'autres bases de la sémantique en botanique. Accrochez-vous !

Notions de classification

Pour faire simple, le nom latin d'une plante est toujours composé d'au moins deux termes transcrits en italiques : l'un définissant le genre et l'autre l'espèce.

Par exemple, Rosa canina, l'églantier. Cette espèce est qualifiée de botanique, car elle existe dans la nature. Dans les zones où elle pousse spontanément et se développe depuis ses origines, elle est une plante native.

Un genre peut regrouper un nombre considérable d'espèces. C'est le cas dans la famille des Euphorbiacées avec le genre Euphorbia, qui comprend plus de 2 000 espèces d'aspects très diversifiés, mais aussi bon nombre de sous-espèces, d'hybrides, de variétés et de cultivars.

Les végétaux naturels et natifs

A l'état naturel, une espèce peut comporter des sous-espèces, mais aussi des variétés botaniques. Reprenons l'exemple de nos euphorbes, avec Euphorbia milii var. splendens qui qualifie une variété, et Euphorbia characias ssp.wulfenii, une sous espèce. Dans les deux cas, ces végétaux se développent sans intervention humaine. Ils émergent naturellement dans leur milieu en réponse à des pressions environnementales, à la sélection naturelle ou à des mutations.

Rajoutez à cela les hybrides comme Euphorbia x martinii qui qualifie l'hybridation naturelle entre deux espèces du même genre, dans notre cas entre Euphorbia amygdaloides et Euphorbia characias.

Jusque-là, nous demeurons dans tout ce que la nature peut réaliser, mais c'est sans compter sur les capacités créatives des obtenteurs.

Les végétaux sélectionnés

L'Homme a de tout temps voulu maîtriser son environnement. Tout d'abord pour des raisons agricoles, puis pour l'ornement. Il a donc sélectionné et créé de nouvelles plantes qui n'existaient pas à l'état naturel, mais correspondaient mieux à ses attentes. C'est là qu'interviennent les termes 'cultivars', 'hybrides' et 'variétés horticoles', et plus récemment, nos fameux 'nativars'.

Nous connaissons tous les hybrides F1 notamment célèbres chez les plantes potagères. Ces végétaux ont fait l'objet de nombreuses études pour être les plus performants possible (productivité, résistance aux maladies...). Dans ce cas, les deux parents utilisés pour créer un hybride F1 sont sélectionnés pour leurs traits souhaités. Par exemple : Lycopersicum esculentum 'Dolly' F1 est le nom latin de la tomate 'Dolly' hybride F1.

Nous trouvons également ce système dans les variétés horticoles de fruitiers, par exemple avec cet abricotier sélectionné pour sa petite taille, idéale pour une culture en pot, Prunus armeniaca 'Garden Aprigold'. Vous constatez que là encore, le nom du genre et de l'espèce est transcrit en italique alors que la variété ne l'est pas, mais qu'elle est entourée de guillemets.

Un cultivar (contraction de 'cultivated variety') est une plante qui a été sélectionnée pour ses caractéristiques bien précises et prédéterminées, telles que la forme des feuilles, la couleur, la forme des fleurs ou la résistance à certaines conditions climatiques.

Lorsque l'on emploie le nom latin de la plante, il est typographié ainsi : genre + espèce + appellation du cultivar entre guillemets. Par exemple : Euphorbia characias 'Tasmanian Tiger'. Dans le cas de cette euphorbe, c'est l'obtention du feuillage panaché et ourlé de blanc crème qui fait toute la différence avec l'espèce type.

Peut-on multiplier ce type de végétaux par semis ?

Toutes ces plantes obtenues au fil de nombreuses années de sélection par l'Homme ne peuvent pas vraiment être multipliées par semis. Bien souvent, leurs graines sont stériles ou non conformes à celles de la plante mère, qu'il s'agisse de cultivars, de variétés horticoles ou d'hybrides F1.

Vous pouvez toutefois tenter le semis si vous aimez les surprises !

La multiplication végétative, comme le bouturage ou le marcottage, est généralement nécessaire, mais aussi, et c'est fréquemment le cas pour les orchidées, le clonage.

Et le nativar dans tout cela ?

Le nativar désigne un cultivar développé à partir d'une plante native d'une région spécifique.

Les nativars sont des végétaux sélectionnés par l'Homme pour des caractéristiques bien particulières.

Cependant, ils diffèrent des variétés et des cultivars horticoles par leur propension à conserver des aspects de la plante sauvage, notamment son adaptation aux conditions climatiques locales.

Autre avantage : celui de correspondre aux besoins de la faune locale en termes d'éventuel habitat ou source de nourriture. Rappelons que de nombreux cultivars et variétés sélectionnés pour la grosseur ou la beauté de leurs fleurs sont très pauvres en nectar.

Au niveau commercial, les nativars trouvent leur place dans les jardineries et pépinières au rayon 'plantes locales', puisqu'elles demeurent adaptées aux conditions écologiques du lieu et qu'elles proviennent d'une plante native.

Article rédigé par Iris MAKOTO

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