No Mow May, pas de tonte en mai, mais pourquoi ?
Nous venant tout droit du Royaume-Uni, le mouvement 'No mow may' devrait révolutionner la manière de penser des jardiniers possédant une pelouse. 'Pas de tonte en mai', qu'à cela ne tienne, l'herbe devra pousser pour changer doucement les mentalités et sauver la biodiversité !

Origines du mouvement No May Mow
Né au sud de l'Angleterre, le mouvement incitant à ne pas tondre sa pelouse en mai est la suite logique de l'étude annuelle lancée par l'association Plantlife, nommée 'Every flower counts', une mission citoyenne consistant à réaliser un inventaire des fleurs présentes sur sa pelouse du 21 au 30 mai.
Des outils sont mis à la disposition des participants, comme par exemple un document permettant d'identifier les fleurs. Chaque participant obtient à la fin du challenge un score de nectar personnel (Personal Nectar Score) attestant de la dose de pollen et de nectar que sa pelouse a pu produire et combien d'abeilles ont été aidées.
Outre le côté ludique de la chose, on comprend bien que cette action va permettre de modifier à la fois la vision des choses concernant le jardin et la pelouse, mais aussi de dédouaner les jardiniers peu sûrs d'eux et attachés au paraître du regard et du jugement des voisins.
L'association met d'ailleurs à la disposition des jardiniers des affiches déculpabilisantes expliquant pourquoi leur pelouse n'est pas conforme à la fameuse norme.
No May Mow, un réveil des consciences
L'association Plantlife a lancé le mouvement 'No May Mow' tel un cri d'alerte pour préserver la biodiversité et dénoncer les dangers qu'impliquent une pelouse très entretenue.
Désert vert ne fleurissant jamais car régulièrement tondu, le gazon est également très vorace en engrais et en eau pour demeurer ornemental. Ne parlons pas des produits anti-mousses et anti-fongiques, ainsi que des substances de désherbage épandues sur l'herbe afin que le tapis demeure verdoyant et sans autre vie que les graminées admises dans la pelouse !
Le mouvement aide donc à prendre conscience que la belle pelouse prônée depuis des siècles et représentant une certaine réussite sociale ainsi qu'une vitrine de bienséance, n'est rien d'autre qu'une aberration contre-nature supprimant la vie au lieu de la préserver.
Pourquoi ne pas tondre sa pelouse en mai ?
Les insectes pollinisateurs sont en déclin, la diversité des végétaux également, partant de ce constat il est logique de les préserver au mieux.
Une maintenance accrue de la pelouse par des tontes répétées empêche les plantes sauvages de croître, de fleurir et de se multiplier par leurs graines. Ces plantes ont pourtant une importance cruciale au niveau de la biodiversité ; elles servent souvent de lieu de ponte, de nurserie mais aussi de nourriture à de nombreux insectes indispensables à l'équilibre du jardin.
Changer sa façon de tondre en procédant à des tontes moins régulières et moins drastiques, préserver des zones sauvages dans le jardin permet de sauvegarder la biodiversité et les insectes pollinisateurs que sont les abeilles, les bourdons ou encore les papillons.
En mai, les plantes sauvages sont en fleurs, les insectes sont en pleine reproduction, ils ont besoin de zones de pontes mais également d'une nourriture abondante. Attendre juin pour tondre sa pelouse est une bonne idée pour les préserver.
Notez que cette mouvance nous vient du Royaume-Uni, en zone méridionale dans notre pays, c'est plutôt en avril que tout se passe, agissez avec discernement !
En 2021, les résultats ont été spectaculaires selon Plantlife, qui grâce à l'enquête menée sur les participants a démontré qu'une pelouse non tondue pouvait regorger d'espèces. Plus de 250 plantes ont été dénombrées, parmi elles, la saxifrage des prés, la fraise des bois, le trèfle sauvage (qui améliore le sol), la fritillaire meleagris, l'euphraise, la rare fougère aspic, mais aussi une grande variété d'orchidées sauvages.
Et après le mois de mai ?
Il est préconisé de laisser quelques zones non tondues ou de ne tondre qu'une fois par mois au lieu de chaque semaines. Pour cela affûtez bien les lames de la tondeuse et réglez-les à la plus grande hauteur.
Le plus logique serait cependant de glisser lentement vers une prairie naturelle plutôt qu'une pelouse si contraignante et inutile. Vous pourriez y semer des fleurs des champs pour en profiter pleinement puis, une fois les floraisons terminées et les graines naturellement propagées, remettre un geste ancestral au goût du jour : le fauchage manuel.
Si vous préférez vraiment les jardins très structurés, il existe également des alternatives à la pelouse comme la création de bosquets d'arbustes fleuris et à baies, ou la plantation de végétaux couvre-sol. Ces derniers ne demandent généralement que très peu d'entretien et vous éviteront les fastidieuses corvées de désherbage. Faux fraisier, petite pervenche, thym rampant, phlox mousse ou gazon d'Espagne qui produiront une multitudes de fleurs, vous avez le choix !
À moins de transformer votre ancienne pelouse en rocaille comprenant de nombreuses plantes résistantes à la sécheresse mais néanmoins très florifères pour anticiper le futur !
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