Un nouveau virus chez la tomate

Qu'est-ce-que le ToBRFV ?

Le 'Tomato Brown Rugose Fruit Virus' (Virus des fruits bruns et rugueux de la tomate), de son petit nom ToBRFV est un tobamovirus, tout comme la célèbre mosaïque (tabac, tomate...).

Il sévit sur certaines plantes de la famille des Solanacées dont la tomate, le poivron et le piment.

Il semblerait, selon des tests réalisés, que le tabac serait aussi une cible potentielle du virus et que certaines herbes folles pourraient servir de réservoir au virus, parmi lesquelles Chenopodiastrum murale et Solanum nigrum des plantes très communes dans la nature.

Quelle est l'origine de ce virus ?

Ce virus est dit 'émergent' car les premiers cas ont été détectés en 2014 en Israël, avant de se disséminer en Jordanie, Turquie et Palestine puis d'atteindre les États-Unis et le Mexique ainsi que l’Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la Grèce et les Pays-Bas entre 2018 et 2019. Les premiers cas français ont été confirmés dans le Finistère en février 2020. Une enquête de traçabilité sur les plants a été déployée pour trouver la provenance des plants infectés. Ils auraient été produits au Royaume-Uni, à partir de graines provenant des Pays-Bas.

Le virus de la tomate est-il dangereux pour l'Homme ?

Ce virus très contagieux pour les plantes n'a bien sûr aucun impact sur la santé humaine.

Comment se transmet le ToBFRFV ?

Ce nouveau virus se transmet très rapidement via les graines, au cours des opérations d'entretien (tuteurage, taille...), mais aussi par simple contact physique par les insectes pollinisateurs, les outils, l'homme, les plantes ou avec l'eau d'irrigation.

Très stable, ce redoutable virus perdure plusieurs mois voire, plusieurs années dans le sol, sur les supports (tuteurs, plateaux, pots, caissettes...). Il est pour l'instant résistant à tous les traitements contre les autres tobamovirus.

Quels sont les symptômes du ToBRFV ?

• Sur la tomate les folioles et les feuilles sont atteintes de chlorose, marbrures et mosaïques, elles se déforment. Sur les pédoncules floraux on note la présence de nécroses. Les fruits présentent des taches jaunes et brunes et une rugosité de la peau. La maturation est irrégulière.

• Sur les poivrons et piments on observe des boursouflures et une mosaïque sur les feuilles, des nécroses sur les pédoncules, des taches ou striures jaunes et brunes parfois rugueuses apparaissent sur les fruits dont la maturation est irrégulière.

Les jardiniers amateurs sont-ils concernés par ce nouveau virus ?

Les cultures à haute densité de production sont les plus touchées, notamment les cultures sous serres, où l'eau d’irrigation et l'univers clos s'ajoutent aux autres vecteurs de propagation. Dans ce cas, la totalité de la récolte peut être perdue. On note une incidence de la maladie de l'ordre de 10 à 100% selon les sites.

Le jardinier amateur peut tout à fait être confronté à ce type de virus, sans en subir les dommages économiques de la production à grande échelle. Cependant, il devra alerter les autorités sanitaires afin que des tests soient effectués. Selon les recommandations de l'Anses (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, Alimentation, environnement et Travail), il suffit pour le particulier de n'acheter que des plants et des semences certifiés. Attention aux semences provenant de pays où la contamination existe et aux graines échangées ou achetées sur Internet via des sites non sécurisés.

Dans un souci de précaution, évitez aussi de semer des graines de tomates achetées dans le commerce en vue de leur consommation. Si vous avez touché des piments, poivrons ou tomates, lavez-vous les mains avant d'aller au potager.

Quels sont les traitements disponibles contre le nouveau virus de la tomate ?

Aucune méthode de lutte curative n'a été mise en place à ce jour. Les plantes infectées doivent être brûlées et l’environnement désinfecté.

Mesures prises en Europe

En septembre 2019, des mesures d'urgence ont été adoptées par la commission européenne pour lutter contre la propagation de ce virus.

Les semences proposées à la vente doivent être testées préalablement et certifiées indemnes de contamination au ToBRFV. Quant aux plants qui circulent dans l'EU, un certificat phytosanitaire doit les accompagner prouvant leur innocuité.

Les états membres de l'EU doivent informer tous les producteurs de tomates, de poivrons et de piments de la présence potentielle du virus et des mesures à adopter.

Des tests doivent être réalisés annuellement afin de déceler l'éventuelle présence de virus sur les sites de production.

Quelles sont les mesures à prendre en cas d'infestation sur un lieu de production commerciale ?

Il est nécessaire de déclarer le doute de contamination et de faire confirmer la présence du virus par des tests en laboratoire. Dans l'attente, fermer la serre à clé et interdire son accès à toute personne ou animaux.

Si les cas sont avérés, il est recommandé de détruire le lot de semences ainsi que toutes les plantes présentes dans la zone contaminée par incinération en prenant soin de les évacuer avec le plus grand soin pour éviter des contaminations extérieures. Même les plants exempts devront être détruits et les fruits même d'apparence saine ne seront pas consommés. La serre sera ensuite désinfectée avec un virucide homologué ainsi que le circuit d'irrigation et tous les outils.