Le scolyte, un coléoptère aussi utile que dévastateur
Le terme scolyte regroupe près de 140 espèces en France causant des dégâts importants dans le domaine de la sylviculture. Minuscule coléoptère, le scolyte fait partie de ces organismes indispensables à la décomposition du bois mort. Cependant, il a tendance à s'attaquer également aux végétaux ligneux affaiblis, dévastant ainsi des forêts entières.

Description des scolytes
Les scolytes sont de petits coléoptères xylophages, voire cambiophages, appartenant à la sous-famille des Scolytinae. Le terme générique de Scolyte regroupe plusieurs genres dont Scolytus et Ips pour les plus fréquents. On compte cependant près de 6 000 espèces au niveau mondial.
Ces insectes de 2 à 7 mm, au corps cylindrique ou allongé, brun à noir, portent des élytres protégeant leurs ailes.
La petite tête est pourvue d'antennes à massues et de puissantes, mais discrètes mandibules lui permettant de creuser ses galeries.
La larve au corps dodu, blanchâtre et segmenté présente une tête brune minuscule.
Cycle de vie du scolyte
Le cycle de vie du scolyte dépend des conditions climatiques, notamment de la température qui doit atteindre entre 15 et 20 °C pour assurer l'émergence des adultes. En général, une génération se développe par an, mais dans des conditions favorables, jusqu'à deux générations peuvent se succéder en avril et en juillet.
La reproduction a lieu sous l'écorce des arbres, puis la femelle creuse des galeries dans lesquelles elle pourra déposer jusqu'à 80 œufs en un mois environ. Les œufs éclosent après quelques jours.
Les larves se développeront ensuite en 8 à 10 semaines et se déplacent perpendiculairement aux galeries maternelles. La forme des dessins sous les écorces est alors très caractéristique.
Une fois leur développement terminé, les larves vont se nymphoser dans l'écorce.
Les scolytes ont bien des manières d'hiverner ! Soit sous la forme adulte sur les troncs, soit à l'état larvaire ou de pupe dans l'aubier des arbres.
Dégâts causés par les scolytes
Bien que certaines espèces soient très utiles, car dans la nature, ces insectes se nourrissent de bois mort et régénèrent donc les forêts en transformant cette matière organique rapidement, de nombreuses autres espèces sont inféodées à une essence bien particulière. Le typographe (Ips typographus) est par exemple connu pour dévaster les forêts d'épicéas, alors que le sténographe (Ips sexdentatus) préfère les pins.
Les scolytes sont principalement attirés vers les arbres affaiblis par des stress environnementaux. Sécheresse, tempêtes, pollution, maladies, carences... Tout est bon pour favoriser leur présence.
En creusant des galeries sous l'écorce, ils interrompent la circulation de la sève, entraînant le dépérissement rapide de l'arbre.
Les signes d'infestation incluent de petits trous d'entrée sur l'écorce, des écoulements de résine et un jaunissement ou rougissement prématuré des aiguilles ou des feuilles.
Dans les vergers, les scolytes peuvent provoquer la gommose, un écoulement de substance gommeuse sur les rameaux infestés, suivi du dessèchement et de la chute du feuillage.
Prévention et lutte contre les scolytes
Prévention
Au niveau du simple jardin, évitez tout type de stress sur vos arbres. Avant la plantation, notez si l'arbre choisi correspond à la nature du sol et au climat ; privilégiez pour cela des essences locales.
Pour préserver vos arbres, arrosez-les régulièrement en été surtout les 3 années suivant la plantation pour qu'ils ne subissent aucun stress hydrique.
Nourrissez-les bien pour qu'ils ne soient pas victimes de carences, par exemple avec des apports de compost réguliers à leurs pieds.
Favorisez la biodiversité et donc les prédateurs.
Au niveau forestier également, il faudra conserver une biodiversité importante. La présence d'oiseaux en nombre, dont les pics qui se nourrissent de scolytes à toutes les phases de leur développement, mais aussi de mouches, de guêpes et d'acariens parasitoïdes limitera leurs attaques.
Une gestion forestière adaptée peut en outre réduire la vulnérabilité des arbres aux scolytes. Cela inclut, des plantations uniquement en sols aptes à les recevoir, l'élimination des arbres morts ou affaiblis, mais avec discernement dans les zones pentues, la diversification des essences ainsi que la réduction de la densité des peuplements pour améliorer la résistance des arbres.
Détection précoce
La surveillance régulière des jardins, des vergers et des forêts, surtout au printemps, est essentielle pour détecter rapidement les infestations.
L'observation de signes tels que des trous d'entrée dans l'écorce, des dépôts de sciures sur le tronc et aux pieds des arbres, des écoulements de résine ou des changements de coloration du feuillage peut indiquer la présence de scolytes.
De nos jours, des drones hyperspectraux aident à détecter la présence de scolytes sur de vastes étendues.
Lutte biologique
Il existe des pièges à phéromones permettant de capturer les mâles de scolytes. Ces pièges permettent non seulement de limiter la reproduction de ce coléoptère, mais aussi de repérer leur période d'activité et d'agir en conséquences.
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