Vératre noir
Veratrum nigrum, le vératre noir est une très belle plante vivace, remarquable par son feuillage tant que par ses flèches de fleurs noires. Cette magnifique plante indigène se cultive dans la durée, lente à croître, mais très solide.


Veratrum nigrum, le vératre noir, est une plante herbacée appartenant à la famille des Mélanthiacées, comme les Trilles américains ou la parisette à quatre feuilles, présente en France. Les Mélanthiacées sont une petite famille de plantes monocotylédones fascinantes, incluses parmi des Liliacées au sens large. Veratrum nigrum est une plante de montagne présente dans les Alpes du Sud, donc indigène, mais rare et protégée ; elle est distribuée dans les montagnes d’Europe du Sud jusqu’en Asie occidentale.
Malgré sa rareté en milieu naturel, le vératre noir est multiplié en pépinière et proposé pour le jardin ornemental. Bien que très belle, c’est une plante assez peu courante, car lente à se développer et difficile à multiplier, qui s’installe donc sur la durée en fin connaisseur. Mais quel beau feuillage et quelles étranges inflorescences !
Description du vératre noir
Veratrum nigrum est une plante géophyte : elle se maintient sous terre en hiver seulement sous forme d’un gros bourgeon basal un peu épaissi en bulbe et d’un grand nombre de racines épaisses et longues.
Dès le début du printemps se développe une formidable rosette de feuilles, magnifique. Les feuilles, longues d’environ 30 cm, larges et lancéolées, aux nervures parallèles, sont imbriquées les unes dans les autres par un pétiole engainant, sur une tige assez courte (30 à 50 cm). Ce feuillage vert frais est très joliment présenté et devient remarquable dans un massif alors que les rosettes se multiplient et que la plante s’épaissit.
Au toucher, ces belles feuilles au limbe épais et plissé crissent ou grincent curieusement.
Lorsque la plante est assez forte pour fleurir, ce qui demande généralement quelques années, une inflorescence soyeuse se développe, raide et étroite, en candélabre, mais imposante, car elle fait culminer le vératre noir à 150, voire 200 cm de hauteur.
Cette inflorescence en flèche, aux courtes ramifications, porte d’innombrables petites fleurs très foncées, brunes, presque noires, appliquées le long des tiges florales comme chez les molènes. Les fleurs sont régulières, avec 6 pétales cireux s’ouvrant bien à plat. Cette surprenante et élégante inflorescence attire les insectes. Les fleurs pollinisées se transforment en petit fruit vert puis sec qui libère des graines vertes et allongées de 7 mm.
Comment cultiver et utiliser le vératre noir ?
Cultiver cette plante d’exception n’est pas difficile, mais demande de la patience. Dans la nature, Veratrum nigrum croît lentement et acquiert sa capacité à fleurir au bout d’une dizaine d’années à partir d’une graine (d’où sa fragilité dans les milieux naturels). En culture, vous profitez d’une plante de quelques années à l’achat, et bien nourrie et bien arrosée, ce vératre noir est heureusement un peu plus rapide à se développer, cependant voir sa première floraison peut demander 5 à 7 années ! Heureusement, son feuillage est intéressant.
Il est tolérant sur la nature du sol tant que celui-ci est profond et conserve un peu de fraicheur en profondeur. Il accepte les zones humides, mais non immergées, même des tourbières, jusqu’à un sol ordinaire pas trop sec. En revanche, pour qu’il croisse plus rapidement, il sera préférable que la terre soit nourrissante, riche en matière organique.
Veratrum nigrum se plait en plein soleil ou à mi-ombre ; il préfère certainement la mi-ombre, mais accepte bien la chaleur et le soleil tant que le sol reste frais. Par contre, ses fleurs noires, assez luisantes, seront mieux mises en valeur dans une lumière plus douce.
Veratrum nigrum supporte mal la perturbation des racines et il doit s’installer avant de s’épanouir : donc à moins de l’acheter dans un grand pot, il faudra le planter sous forme de jeunes plantes. Vous pouvez en planter plusieurs, de manière espacée, pour ponctuer un large massif, sachant qu’une plante à plusieurs rosettes s’épaissit ensuite sur 50 cm minimum. Un couvre-sol à feuillage pourpre (ex bugle rampant) fait un admirable écrin à ses feuilles vert franc.
Les potées sont enterrées en fin d’hiver ou au printemps, sans perturber les racines du pot, mais en travaillant bien la terre qui reçoit la motte, profondément et en y ajoutant de la matière organique.
Solide et fiable, le vératre se développe tranquillement. Son seul point faible, c’est les limaces et les escargots au printemps, qui se régalent des jeunes feuilles. Pour y remédier, posez une tuile ou une ardoise à plat sur la terre, près de la souche du vératre et en février et mars, récoltez très régulièrement les gastéropodes qui s’y réfugient, avant que les feuilles ne sortent.
Dans les massifs, le feuillage frais du vératre noir est toujours un point de mire qui attire la remarque des visiteurs. Et lorsqu’il fleurit enfin, c’est une récompense. Une fois qu’il est défleuri cependant, même si ses hampes en fruits sont assez intrigantes et sculpturales, il vaudra mieux les couper, car la production de ses très nombreux fruits et graines épuise la plante ; lorsqu’on les laisse, elle ne fleurit généralement pas l’année suivante. Au contraire, lorsqu’on les enlève, le nombre de rosettes augmente plus rapidement.
Si vous souhaitez le semer, ne laisser que quelques gousses venir à maturité.
Veratrum nigrum est une plante toxique (et médicinale en Asie), après manipulation de la plante, de ses fruits, de ses graines, ou le rabattage des ses hampes, lavez-vous les mains. En revanche, elle n’attire pas les animaux domestiques.
Comment multiplier le vératre noir ?
Comme toute Mélianthiacée, le vératre noir est difficile à propager.
Par division
Les divisions sont éventuellement possibles au printemps, mais la plante met trop de temps à s’en remettre. Plus profitable : le prélèvement d’un petit bulbe latéral sans déterrer le reste de la souche. Il sera installé en pot dans une terre riche en compost et maintenue toujours fraîche, le temps de la reprise, puis transplanté en place au printemps suivant.
Par semis
La levée des graines est un peu capricieuse également et peut demander de quelques semaines à plusieurs années. Utiliser des graines fraîches à peine récoltées, et les tremper 2 jours permet parfois d’obtenir une germination rapide.
La plante en bref
Botanique
Floraison
Port et feuillage
Plantation
Entretien & Multiplication
Espèces et variétés intéressantes
Le genre comprend 45 espèces
- Veratrum album, le vératre blanc, est également indigène de nos montagnes
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