Comment aider les abeilles en hiver ?

De plus en plus malmenées par leur environnement et par les pratiques humaines, les abeilles ont bien du mal à passer l'hiver sans encombres. Manque de nourriture, maladies et autres conjonctures malheureuses peuvent rapidement venir à bout d'une colonie dans une ruche. Voyons comment limiter les dégâts pour aider les abeilles à survivre en hiver.

Comment aider les abeilles en hiver ? Une ruche sous la neige...
Comment aider les abeilles en hiver ? Une ruche sous la neige... © Au Jardin
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Les abeilles face au froid et à l'humidité en hiver

Les colonies d'abeilles n'ont jamais eu de souci, quelle que soit leur région, à survivre au froid pourvu que leurs réserves de nourriture soit abondantes.

En hiver, les abeilles forment une grappe autour de la reine et au centre de la ruche afin de créer de l’énergie calorifique en remuant leurs ailes et en contractant leurs cages thoraciques ; la température est ainsi maintenue autour de 35°C. Ces hyménoptères sociaux ont donc développé une compétence collaborative pour survivre au froid.

Il est inutile, à part peut-être dans les zones vraiment montagneuses, d'isoler les ruches par l'extérieur, d'autant qu'une isolation trop bien réalisée empêcherait l'air de pénétrer, augmentant l’humidité relative dans la ruche (qui devrait demeurer entre 50 et 70 %), chose bien pire pour les abeilles que le froid.

Pour limiter les effets de l'humidité, qui exposent les abeilles à des champignons et des maladies, il existe plusieurs techniques dont une surélévation de la ruche à une cinquantaine de centimètres du sol, mais aussi la mise en place d'une régulation de la ventilation (1).

Les insectes sociaux que sont les termites, les fourmis ou les abeilles sont bien plus inspirés que nous lorsqu'il s'agit de régulation thermique ou hydrique, c'est pour cette raison que le biomimétisme s'en inspire dans de nombreux domaines !

Autre souci causé par l'isolation externe : le faussement des données pour les abeilles qui, pensant que la température est adéquate pour sortir, font un voyage inutile à l'extérieur à la recherche de fleurs alors qu'elles sont encore absentes. Cette sortie leur vaudra une dépense énorme d’énergie qui devra être compensée par les réserves en miel de la ruche.

Les abeilles face au manque de nourriture en hiver

La perte d'une colonie en hiver provient très souvent d'un manque de nourriture.

En prévention, il a été constaté que les abeilles disposant d'un couvert mellifère et nectarifère suffisant en période automnale, par le biais de la mise en place ou du maintien de haies et de lisières forestières comme cela est pratiqué en agroforesterie, mais aussi par la plantation de cultures intermédiaires non loin des ruches telles la moutarde blanche, le trèfle d’Alexandrie, la vesce pourpre, ou encore la phacélie, donnaient de très bons résultats.

En effet, une étude (2) de 2017, a récemment prouvé que de les colonies composées d’individus présentant des forts taux de vitellogénine ont atteint des taux de survie hivernale d’environ 90 %. Cette protéine acquise par l'absorption de nourriture abondante en automne assurerait donc un taux de survie très important au rucher.

La nourriture joue donc un rôle crucial dans la survie de la colonie en hiver, c'est pourquoi l'apiculteur devra toujours laisser assez de miel à ses abeilles lors de la récolte (environ 15 kg par colonie) et vérifier en cours d'hiver (généralement en janvier) que les abeilles n'en manquent pas. Les conditions climatiques peuvent en effet influer sur la consommation qui sera plus importante par grand froid. Dans ce cas, il sera nécessaire de compenser avec l'adjonction de candy ou de sirop pour aider les abeilles.

Notez que certains apiculteurs conservent quelques cadres de miel pour les proposer aux abeilles en cas de besoin, chose bien plus naturelle que l'adjonction de candy.

Pour savoir si les abeilles ont assez de nourriture sans ouvrir la ruche, il existe plusieurs techniques. La plus commune étant celle de la pesée de la ruche. Une autre consiste à observer la plaque située au fond de la ruche et à vérifier l’absence de cire. Si ce matériau est présent en excès, il y a un risque pour que vos abeilles manquent de nourriture, il faudra alors compenser.

Si du complément doit être ajouté, une vérification tous les 15 jours à 3 semaines devra être faite de la consommation du produit afin d'en ajouter si nécessaire.

Laisser les abeilles en paix, une des clés du succès

En hiver, la colonie régule au mieux la température et l'hygrométrie comme nous l'avons vu précédemment. L’idéal est donc de laisser les ruches tranquilles et d'éviter le plus possible de les ouvrir excepté pour un traitement urgent du varroa (acariens parasites des abeilles) ou pour faire des adjonctions de nourriture.

Pour détecter le varroa sans déranger les abeilles, il suffit de retirer la plaque de la partie inférieure de la ruche (plaque blanche) et de vérifier la présence d'acariens puis de traiter le cas échéant.

En cas de neige abondante, pensez à dégager l'entrée de la ruche pour que les abeilles puissent tout de même sortir si elles doivent effectuer un vol de propreté.

Avec toutes ces précautions, vos abeilles seront prêtent à butiner dès le printemps !

La régulation ventilation – température - humidité dans la ruche écologique J.C Guillaume.

Alaux C., Allier F., Decourtye A., Odoux J.-F., Tamic T., Chariband M., Delestra E., Decugis F., LeConte Y., Henry M. (2017) A ‘landscape physiology’ approach to assess bee health highlights thebenefits of floral landscape enrichment and semi-natural habi

Article rédigé par Iris MAKOTO

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