Labourer ou aérer/ameublir/décompacter la terre de son potager ?
Des années de pratiques ancestrales nous ont enseigné qu'il était nécessaire de labourer le sol du potager chaque année pour que celui-ci demeure productif. Cependant, cette technique séculaire serait en réalité une belle erreur. Voyons pourquoi...

Que signifie labourer ?
Labourer le sol consiste à opérer une action mécanique en profondeur sur la terre.
Autrefois la charrue tirée par des animaux s'y employait, plus tard le motoculteur bien bruyant ou la bêche qui provoque des lumbagos furent (et sont encore) massivement utilisés, quand il ne s'agit pas de lourds tracteurs lorsque l'on parle d'agriculture ou de maraîchage.
Lors de ce processus, les différentes couches qui se superposent dans le sol sont retournées, c'est pourquoi l'on emploie le terme de 'retourner la terre'.
Problème : la terre est constituée de micro-organismes essentiels à son équilibre et donc à sa bonne santé et à sa fertilité. En labourant, cet équilibre est rompu.
Le labour est donc contre-productif et ne sert même pas à éliminer les herbes folles. Pourtant cet argument fait partie de ceux des jardiniers férus de la pratique. Que nenni ! Le labour fait remonter les graines en dormance qui ne trouvaient ni la lumière ni l'aération nécessaires à leur germination ! Dès la première pluie, l'invasion est garantie.
Intérêts multiples des micro-organismes dans le sol
Sans micro-organismes, la terre n'est plus qu'un substrat sans vie. Virant sur un brun très pâle, voire au jaune, elle ne contient plus d'humus. Elle perd sa capacité à absorber et surtout à retenir l'eau et les nutriments, devient stérile et a donc besoin de nombreux intrants pour produire.
Ces micro-organismes que sont les champignons, les bactéries mais aussi de nombreux vers et insectes comme les carabes sont à la base de l'équilibre des sols.
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Certains habitent les couches superficielles et aident à réduire la masse de matière organique pour que les êtres encore plus petits, dans les profondeurs, la transforment en humus et mettent à disposition des nutriments assimilables par les plantes. La terre est ainsi naturellement enrichie et fertilisée.
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Leurs déplacements, dont ceux des vers de terre, souvent verticaux, permettent une meilleure aération de la terre, assurant ainsi sa porosité à l'eau et favorisant les échanges gazeux entre surface et couches plus profondes. Ils ameublissent ainsi le sol.
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Certains micro-organismes ont également une capacité de filtration et de dépolluants. Ils aident à éliminer les métaux lourds, les restes d'engrais, d'herbicides et d'insecticides. Bien sûr, ils doivent être présents en masse pour assurer cette fonction sur un sol qui a été malmené, il est donc logique, que vous n'utilisiez plus ces substances pour les favoriser et permettre au sol de se ressourcer.
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Les micro-champignons ont également un rôle symbiotique avec les racines des plantes. Leurs filaments, en les prolongeant, aident les plantes à mieux absorber l'eau et les nutriments, ce sont des boosters de croissance. Si vous utilisez des fongicides et que vous labourez la terre, ces organismes seront détruits et ne pourront plus assurer cette fonction cruciale.
Ainsi on comprend mieux pourquoi le labour constitue une agression majeure sur ces êtres vivants. Un sol labouré mettrait plus de deux ans à retrouver son équilibre. À partir de ces constatations, il est facile de comprendre que le labour soit néfaste.
Comment décompacter, aérer, ameublir et nourrir le sol de son potager ?
Pour préserver et booster la vie du sol, pas de mystère : il est nécessaire de le couvrir et de faire des apports en matières organiques réguliers.
Le paillage des planches inoccupées en hiver avec du fumier ou une couche de compost recouverte de feuilles mortes broyées ou de paille, protégera et nourrira tout ce petit monde.
Le semis d'engrais verts en inter-cultures constitue une autre solution. Ces plantes améliorent la qualité du sol en bien des points. Une fois fauchées, elles serviront de paillage qui en se décomposant nourrira la terre.
En un second temps, lorsque le printemps arrive et que l'heure est aux semis et plantations, la terre, sera découverte. Vous constaterez, qu'elle est bien meuble, aérée, sans adventices. Plus besoin de désherber !
Entre alors en jeu, la biofourche autrement nommée grelinette. Cet outil est constitué d'une fourche à deux manches qui se manie sur le principe du levier. Il suffit d'enfoncer la fourche dans le sol et d'effectuer les fameux mouvements de levier d'avant vers l'arrière et de gauche à droite sans jamais retourner le sol. La terre est ainsi aérée sans que les micro-organismes ne soient agressés.
Si au préalable, vous avez ajouté une couche de compost, ce geste va permettre de faire pénétrer plus facilement cet amendement d'autant que l'infiltration de l'eau de pluie sera favorisée et permettra donc de le conduire dans les couches moins superficielles.
En résumé, il est préférable de remplacer le labour par une couverture du sol lorsque les planches ne sont pas utilisées, puis de le travailler en douceur pour l’aérer, le décompacter et l'amender. En préservant la vie du sol, votre terre sera bien plus productive, cela vaut la peine d'essayer !
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