Produire ses plants de salade, quels bénéfices pour le jardinier ?
Même si planter des salades en mini-mottes semble plus facile, faire ses propres plants de salades en pleine terre demande peu de travail, c’est bien plus efficace et à moindre coût. Intéressez-vous aux différentes variétés et semez, semez, semez…
Des salades maison toute l'année
Faire soi-même ses propres plants de salade plutôt que de les acheter en mini-mottes est autant une manière de limiter les dépenses que de favoriser sa réussite au potager, car la plantule de salade est moins bouleversée dans son environnement.
Cela permet aussi de cultiver des variétés de salades peu connues ou rares que l’on ne trouve jamais vendues en plant tout fait.
Voici une manière simple et avantageuse de semer, puis de repiquer les salades sans trop de travail, pour récolter de la salade fraîche du jardin à volonté !
Parmi la grande diversité de salades que l’on peut cultiver dans notre potager, nous pouvons trouver des graines des salades à semer en fin d’hiver, au printemps en été et en automne, bref pour quasi toutes les saisons. laitue, scarole, batavia… rouge, verte, douce ou croquante, frisée… toutes sont à votre portée.
Au départ, il faut des graines !
Quand on achète un paquet de graines de salades, généralement il est bien rempli, ce qui permet d’en semer plusieurs fois, dans la même saison ou l’année suivante. Les graines de salades se conservent plusieurs années, mais c’est toujours mieux qu’elles soient bien fraîches, car en vieillissant, la graine germe moins vite.
Cependant, nombre de jardiniers qui ont jeté dans un coin du jardin leurs graines vieilles de plus de 3 ans savent que parfois, elles germent quand même…
Il est cependant bon de vérifier les caractéristiques pour les semer au bon moment : on peut les séparer globalement en 2 sortes, les laitues (y compris les batavias), et les scaroles.
Les laitues peuvent germer quand il fait froid, à partir de 4 °C. Les plantules résistent même au gel, et selon les températures, elles germeront et grandiront plus ou moins rapidement.
Par contre, au-delà de 24 °C, c’est trop chaud pour elle, et elles refusent de germer.
Donc les laitues se sèment en fin d’hiver, et début de printemps ou en automne. On peut en récolter presque tout le temps, sauf en hiver.
Les scaroles (qui sont des chicorées, donc pas de la même espèce d’origine), ont besoin de chaleur pour germer : un minimum de 12 °C. Elles sont donc semées en avril/mai/juin. Leur croissance est rapide : à 20 °C, elles peuvent germer en 3 jours seulement !
Le semis du plant
Pour faire au plus simple et sans trop de surveillance, le semis peut être fait directement dans le potager : une petite ligne sur une terre bien travaillée, qui a été amendée pendant l’hiver (apport de compost ou fumier).
Elles sont semées densément, les graines à peine couvertes, arrosées immédiatement, puis jusqu’à la germination : on ne laisse pas le terrain sécher.
Généralement, les sillons verdissent rapidement pour notre plus grande satisfaction. Si ce n’est pas le cas au bout de 3 semaines, ressemez une autre ligne ! Bah oui ! Un jardinier qui réussit, c’est parce qu’il multiplie les tentatives…
Le plus souvent la germination est dense, les petites salades, très serrées, sont dressées, du coup. De même, leur racine principale s’enfonce toute droite en profondeur.
Quand elles mesurent 5 à 10 cm de hauteur (et même 15 cm, si on se laisse débordé), elles sont prêtes à être repiquées.
Généralement, il y en a trop pour les repiquer toutes. Une fois que vous aurez repiqué la quantité que vous désirez, en avoir donné aux voisins et amis potagistes (ils vous le rendront probablement) et qu’il en reste encore, alors consommez-là comme de la salade à raser ! Ces jeunes feuilles tendres sont un plaisir à déguster.
Le grand-père appelait ça « de la raclaircissure » en patois…
Repiquage des salades : quelques astuces
-
Préparez le terrain là où vous voulez planter vos salades.
Dans un premier temps, la terre sera décompactée en profondeur, puis, le jour même du repiquage, elle doit être parfaitement émiettée. Ainsi elle se mettra mieux en contact avec les racines. Cela signifie de choisir un jour pour le repiquage où elle n’est ni trop sèche, ni trop humide. -
Parmi les plants, choisissez un endroit ou les petites salades sont belles et bien serrées puis avec une gouge, sortez l’ensemble des salades.
Séparez délicatement les plants les uns des autres : comme ces petites salades sont serrées, leurs racines principales (pivot) sont droites et déjà profondes. -
Repiquez-les immédiatement en place, sur le terrain préparé, à raison d’une salade repiquée tous les 30 cm.
Plantez la gouge, appuyez d’un côté pour ouvrir la terre, enfilez la petite laitue, avec sa racine bien allongée, enlevez la gouge et appuyez avec vos 4 doigts courbés pour refermer la terre au collet de la laitue. Un léger creux de 1 à 2 cm favorisera l’arrosage. -
Arrosez tout de suite après avoir repiqué toute la ligne, en visant le léger creux, ainsi l’eau s’écoule préférentiellement le long de la racine.
Vous pouvez étaler ce repiquage sur 1, voire 2 semaines.
Les avantages de cette manière de faire du plant de laitue
-
Par rapport aux plants faits en châssis, serre, ou jardinière, ceux-ci demandent très peu de soin : à part parfois quelques arrosages si c’est une période sèche, ils se débrouillent tout seuls.
-
La jeune salade souffre moins, car elle reste dans le même environnement. En extérieur dans le potager, elle est déjà endurcie par le plein air, donc ses feuilles souffrent moins et sont moins sujettes aux ravageurs.
-
Par rapport aux mini-mottes ou à un semis sur terreau, on évite le choc que représente le changement de terre, elle est déjà adaptée à la terre du potager.
-
Sa racine bien droite, et non dispersée à l’horizontale dans une mini -motte, va en profondeur : elle sera mieux résistante aux déficits d’eau.
Quelques mots sur les variétés…
À semer en hiver
- Merveille des 4 saisons : se sème de janvier à avril pour une récolte printanière.
- les Gottes, qui se sèment en fin d’hiver et donnent en 2 mois environ des petites laitues de printemps.
À semer au printemps
- la plus grande partie des variétés de laitues peuvent être semées tout le printemps, même assez tôt.
- les batavias se sèment en avril/mai ; elles montrent une forte résistance à la chaleur et montent difficilement. Elles se récoltent en automne.
- et pour la fin du printemps alors que la terre est réchauffée, les scaroles.
À semer en été
- les scaroles d’hiver, qui sont des chicorées pain de sucre, plus amères, mais que l’on peut blanchir pour les adoucir, comme Cornet d’Anjou ou Cornet de Bordeaux : elles permettent de récolter de la salade en hiver.
- la laitue d’hiver comme Merveille d’hiver, qui se sème en aout/septembre pour être récoltée au printemps.
À semer en automne
- quelques laitues d’hiver comme la Grand-mère à feuilles rouges.
- l’oreille du diable, une petite salade rouge à récolter au printemps, et qui se sème aussi au printemps.
Un autre intérêt à faire soi-même ses plants, c’est que l’on peut cultiver des variétés plus rares, qui ne sont jamais vendues sous forme de plants, comme l’Oreille du diable.
Alors on commence à laisser monter quelques salades pour en récolter les graines, faire des échanges entre connaisseurs, dans les associations, etc.
Faire soi-même ses graines de salades
Récolter ses graines de salades
Il y a bien des avantages à laisser monter au moins 2 salades par variété sur l’ensemble pour en récolter les graines. 2 minimum, car une salade est généralement allogame : elle fructifie préférentiellement avec une pollinisation croisée.
Ça n’empêche pas les variétés de se conserver plutôt bien d’une année sur l’autre.
On laisse donc quelques salades terminer leur cycle jusqu’à ce qu’elles roussissent : les graines de laitues, lorsqu’elles sont mûres, deviennent pelucheuses. Alors, c’est le moment de les récolter.
La quantité de graines produites est généralement énorme.
D’ailleurs une partie peut tomber dans le jardin et germer spontanément, autrement dit, donner des salades à repiquer sans aucun travail, voire de belles salades à consommer tôt au printemps sans aucun travail, comme dans le cas des oreilles du diable, après qu’elles aient germé en septembre/octobre (sachant qu’habituellement leur semis est préconisé seulement au printemps).
Un peu de lâcher-prise
On voit qu’obtenir ses propres semences et des salades spontanées nécessite tout de même de s’éloigner du concept de potager « hyper propre ». Aux personnes qui ont du mal à lâcher prise, je conseille de commencer par réserver une petite parcelle bien délimitée à cet exercice, où vous ne sarclez pas dès que quelque chose germe.
Elle pourra changer de place chaque année pour éviter la prolifération du liseron ou du chient-dent, et, si vous voulez l’égayer, vous pouvez y jeter des graines de fleurs annuelles à cycle rapide, comme du coquelicot ou de la dauphinelle (Delphinium ajacis), d’un très joli bleu, faciles à arracher si on a besoin de place.
À noter également que laisser fleurir ses salades est favorable à la biodiversité du jardin. Outre les pollinisateurs qui s’en nourrissent lorsqu’elles sont en fleurs (la laitue fleurit en bleu laiteux), certains oiseaux mangent une partie des graines ou récoltent les soies pour leur nid douillet.
Vos commentaires