Les symptômes graves et mortels d'intoxication aux champignons
Sur plus de mille cas d'intoxications aux champignons recensés chaque année en France, plusieurs dizaines sont graves voire mortels

Amatoxines, gyromitrine, orellanine... nombreuses sont les toxines impliquées dans des intoxications graves. Plus les signes cliniques mettront de temps à apparaître, en général plus de 6 heures après consommation, plus les cas seront gravissimes. L'ensemble des symptômes impliqués dans une intoxication sont regroupés en syndromes.
Le syndrome phalloïdien
Responsable de 90 à 95% des intoxications mortelles, ce syndrome se développe 6 à 24 heures après ingestion, troubles digestifs violents s'associent à une hépatite aigüe. Les amatoxines, phallotoxines, virotoxines, sont les molécules responsables. L'Amanite phalloïde, Amanita phalloides, l'Amanite vireuse, Amanita virosa, l'Amanite printanière, Amanita verna, sont les principales Amanites en cause. La Galère marginée, Galerina marginata, et son groupe ainsi que certaines petites Lépiotes sont également mortelles.
Le syndrome orellanien
Troubles digestifs, soif, dans les 2 à 3 jours, puis insuffisance rénale aiguë entre le quatrième et quatorzième jour. Nécessité pour certains cas de dialyse et greffe. Plusieurs toxines sont impliquées, dont l'orellanine. Les Cortinaires, dont le Cortinaire couleur de rocou, Cortinarius orellanus, sont les principaux responsables. La difficulté de lister les espèces toxiques de Cortinaires incite à la plus grande prudence et à connaître et éviter ce genre.
Le syndrome gyromitrien
Variable selon les champignons et les personnes, cette intoxication affecte le système digestif après 6 heures, puis provoque maux de tête, fièvre. Peuvent survenir dans les 36 heures une atteinte hépatique et neuronale avec troubles mentaux. La toxine impliquée, la gyromitrine, a des propriétés cytotoxiques, hémolytiques et mutagènes. La mort suit dans 10% des cas. Les Gyromitres, dont Gyromitra esculenta, Gyromitra gigas ont donné leur nom à ce syndrome. D'autres Ascomycètes, Helvella crispa, Cudonia circinans, possèdent la même toxine.
Le syndrome cérébelleux
Les Morilles, outre le syndrome hémolytique, peuvent être responsables de troubles digestifs dans les 6 heures, puis neurologiques dans les 12 heures, avec tremblements, vertiges, perte de vision. Essentiellement si elles sont consommées crues ou en grande quantité.
Le syndrome d'encéphalopathie
Certaines encéphalopathies sont dues à la consommation du Pleurote en oreille, Pleurocybella porrigens, ou du Polypore rutilant, Hapalopilus rutilans. 12 heures après ingestion apparaissent nausées, troubles digestifs, puis atteinte rénale et hépatique. Les troubles neurologiques surviennent dans les 3 à 4 jours.
Le syndrome proximien
En France, l'Amanite à volve rousse, Amanita proxima, provoque des troubles digestifs entre 8 et 14 heures puis une atteinte rénale 4 à 4 jours après ingestion. Une dialyse permet une guérison complète.
Quelques syndromes particuliers
Espèce française, le Clitocybe à bonne odeur, Clitocybe amoenolens, induit divers symptômes 24 heures après consommation, mains et surtout pieds extrêmement douloureux, avec sensations de brûlures et érythèmes locaux. Ce syndrome acromélalgien peut persister plusieurs mois.
Le syndrome de rhabdomyolyse s'exprime par une fatigue profonde, des sueurs et douleurs musculaires, 1 à 6 jours après ingestion de tricholomes, Tricholoma auratum syn. T.equestre.
Des champignons cultivés et commercialisés ont parfois des effets indésirés. Le Shiitaké a pu provoquer une dermatose à zébrures, 1à 3 jours après consommation ; les Oreilles-de-Judas et espèces cousines, les champignons noirs de la cuisine asiatique, induisent des risques hémorragiques et l'apparition d'un purpura par surconsommation.
Les intoxications dues aux champignons peuvent être graves, mortelles, laisser des séquelles à vie. Les risques de confusion sont nombreux. Connaître et récolter les champignons comestibles implique de connaître aussi les champignons mortels et toxiques. Des déterminations sûres restent le meilleur des remèdes et tout champignon à l'identification douteuse doit rester dans son habitat.
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