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Azolla de Caroline, Fougère moustique

Nom scientifique : Azolla caroliniana
Synonymes : Salvinia azolla, Carpanthus axillaris, Azolla bonariensis, Azolla densa, Azolla portoricensis
Famille : Salviniacées

Azolla caroliniana, l’Azolla de Caroline est une minuscule fougère aquatique, une plante flottante des eaux calmes et acides. Parfois utile, décorative ou envahissante, elle n’est facile à maîtriser qu’en milieu aquatique restreint : aquarium ou petit bassin.

Azolla de Caroline, Fougère moustique, Azolla caroliniana
Azolla de Caroline, Fougère moustique, Azolla caroliniana © CC BY 2.0/flickr/Samantha
Azolla de Caroline, Fougère moustique, Azolla caroliniana
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Azolla caroliniana, l’azolla de Caroline ou fougère moustique de Caroline, est une petite plante flottante appartenant à la famille des Salviniacées, donc apparentée aux Salvinia. Les azollas font partie du groupe de ptéridophyte, soit des fougères au sens large : des plantes sans fleurs (contrairement aux spermatophytes, les plantes à fleurs) et avec des canaux conducteurs de sèves, contrairement aux bryophytes, les mousses). Le terme « fougère moustique » s’applique aux différentes espèces d’azollas.

Azolla caroliniana est originaire d’Amérique, présente d’Amérique du Nord jusqu’en Amérique du Sud, donc sur une large latitude, montrant une grande tolérance climatique qui a permis une introduction réussie en Europe et en Asie du Sud-est. L’azolla de Caroline est une minuscule plante flottante pour eau calme, adaptée aux eaux acides et capable de se multiplier très rapidement à la manière des lentilles d’eau.

Échappée des cultures, elle est considérée comme invasive par endroit, lorsqu’en excès, elle étouffe les plantes indigènes et la faune aquatique.

Pour les petits bassins, l’aquarium ou le terrarium, c’est une plante flottante mignonne et colorée.

Description de l’azolla de Caroline

Il est difficile de classer l’azolla parmi les fougères au premier coup d’œil. Ses feuilles en forme d’écaille, arrondies, sont minuscules, larges d’environ 1/2 millimètre, mais appliquées densément les unes contre les autres pour former une petite plante aplatie et conique, en forme de mini-sapin de 1 cm qui se ramifie régulièrement. Azolla caroliniana crée un motif miniature, mais assez ordonné qui fait un tapis flottant joliment texturé. En outre, elle prend des teintes sur les contours, puis devient plus rouge encore vers la fin de saison.

Les rachis produisent des filaments racinaires longs de quelques centimètres qui flottent dans l’eau.

Azolla caroliniana est capable de faire une abondante multiplication végétative ; c’est ce qui lui permet de couvrir rapidement une surface d’eau, puis de multiplier ses couches de feuilles jusqu’à 4 cm d’épaisseur.

La reproduction sexuée, sans fleurs, se fait en automne,  en septembre octobre et se joue sur le dessous des feuilles.

Dans les régions où il gèle, Azolla caroliniana disparaît, mais de petits bourgeons s’immergent et coulent pour supporter le froid. Azolla caroliniana réapparait ainsi au printemps.

Écologie

Azolla caroliniana, comme les autres espèces d’azollas, vit en symbiose avec une cyanobactérie fixatrice d’azote, Anabaena azolla. Cette bactérie appelée couramment algue bleue (filament bleu vert à l’odeur forte) lui permet de fixer l’azote atmosphérique de l’air quand le milieu de vie est pauvre. Elle est capable également de travailler en anaérobie, quand il n’y a pas assez d’oxygène. En échange, l’azolla lui livre d’autres molécules synthétisées.

Cette association donne un avantage à l’azolla par rapport aux autres plantes aquatiques.

Comment cultiver Azolla caroliniana ?

Vendue en magasin d’aquariophilie ou dans les jardineries, il suffit de poser les plants d’azolla sur la surface de l’eau en fin de printemps et de la laisser se multiplier.

L’azolla de Caroline se complaît dans une eau calme, stagnante ou avec un courant très léger, en ombre claire ou en plein soleil. Elle préfère les eaux de pH acide à neutre, entre 4,5 et 7. Elles peuvent être pauvres en nutriment, puisque ses algues bleues symbiotiques lui permettent d’utiliser l’azote de l’air : dans ce cas, elle enrichit le milieu peu à peu.

L’eau peut élégamment être riche à très riche, voire eutrophisée : encore une fois le manque d’oxygène n’est pas un facteur limitant, puisque les cyanobactéries peuvent travailler en anaérobie. L’azolla de Caroline montre donc une grande capacité d’adaptation, notamment en zone perturbée.

Point de vue climatique, Azolla caroliniana ne craint pas vraiment le froid, étant capable de réémerger au printemps à partir de bourgeons dormants lorsque les frondes ont été détruites par le froid.

C’est pourquoi il n’est conseillé de l’introduire que dans de petits bassins bien délimités, dans des mini-bassins du type demi-tonneau, en aquarium ou en aquaterrarium, afin de pouvoir la maîtriser facilement.

Elle couvre l’eau de ses petites frondes élégantes assez raidement dès que les conditions sont optimum sont réunies, capable de multiplier sa surface par 7 en une semaine !

Lorsqu’elle couvre toute une surface, ou tous les interstices entre les plantes émergées plus hautes, tels les massettes, les linaigrettes ou les iris, elle se densifie sur plusieurs étages de feuilles, au point d’annihiler toute lumière dessous : cela détruit alors les autres plantes immergées et empêche la faune aquatique de venir respirer en surface, voire limite l’oxygénation de l’eau. Ainsi poissons, grenouilles et tritons, et toutes les larves aquatiques comme les libellules ou les éphémères seront en difficulté.

L’excès d’azola est donc néfaste pour l’équilibre du bassin et il faut pouvoir la maîtriser : tout simplement en enlevant les excès à la main.

Usage de Azola caroliana

  • lorsqu’elle remplit les surfaces de bassin déséquilibré biologiquement (entre autres sans prédateurs), comme les réserves d’eau de pluie sous une gouttière, l’azolla a un effet limitant sur les moustiques.

  • les excès d’azolla de Caroline sortis du bassin avant que les feuilles ne se désagrègent en automne peuvent être compostés ou seulement séchés (très rapide) et étalés sur la terre : ces azollas font un excellent fertilisant.

  • Comme Azola caroliniana fait assez facilement concurrence à toute autre plante, elle est utilisée dans les rizières en culture associée : d’une part, elle empêche l’apparition de plantes adventices et d’autre part elles font du même coup un excellent engrais vert  qui enrichit l’eau en azote.

  • Azolla caroliniana est utilisée aussi en bioremédiation. En effet, les fougères moustiques accumulent les métaux lourds qui sont dans l’eau. Elles sont utilisées pour dépolluer les eaux en nickel, cadmium et mercure.

  • avec sa croissance rapide et ses différentes caractéristiques Azolla caroliniana fait un excellent sujet d’étude scolaire en biologie.

Attention : bien que dans certains pays, l’azolla soit utilisée parfois comme fourrage, ses cyanobactéries produisent des toxines. Il ne faut pas l’ingérer, et se laver les mains après l’avoir manipulée.

Multiplication et dissémination

L’azolla se casse facilement et tout fragment, même minuscule, est capable de refaire une plante. Ainsi, elle peut être disséminée d’un plan d’eau à un autre par les pattes d’oiseau.

La plante en bref

Botanique

Floraison

Période
Pas de fleurs

Port et feuillage

leaf
Type
Plante aquatique flottante
Feuillage
Caduque en climat gélif
Hauteur
1 à 2 cm

Plantation

Exposition
Plein soleil à ombre claire
Rusticité
Rustique, jusqu'à -15 °C
Sol
En eau stagnante, bras morts, marais
Acidité
Acide à faiblement acide
Humidité
Aquatique, éventuellement posée sur une vase très humide
Utilisation
Bassin, mare, étang, aquarium, rizière, engrais vert, plante dépolluante, contrôle des moustiques
Période favorable
Propagation par les oiseaux

Entretien & Multiplication

Multiplication
Multiplication végétative très rapide

Espèces et variétés intéressantes

7 espèces dans ce genre

  • Azolla filiculoides, naturalisée presque partout
  • Azolla pinata, d’Afrique et du Sud-est asiatique

et encore 4 autres espèces de fougères moustiques

  • Azolla nilotica
  • Azolla japonica
  • Azolla mexicana
  • Azolla microphylla

Article rédigé par Véronique MACRELLE

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