Azolla fausse-fougère, Azolle, Mousse des fées
On l'appelle mousse des fées, elle flotte sur les eaux en tapis denses, d'un vert mat tirant sur le roussâtre. Venue d'Amérique du Sud, l'Azolla fausse-fougère n'est autre qu'une petite fougère adepte des zones humides.


Une minuscule fougère flottant sur l'eau
Elle cohabite avec la connue petite lentille d'eau, Lemna minor, plante recouvrant mares et bassin d'un tapis vert tendre. L'Azolla fausse-fougère, de la famille des Salviniacées, installe ses tapis vert foncé à roussâtre à la surface des eaux stagnantes. Petite, elle développe des tiges d'un centimètre tout au plus, ramifiées dans un plan horizontal, couvertes d'écailles emboîtées. De fines racines plongent dans l'eau. Les unes à côté des autres, ces fougères flottent, se multiplient, forment une couverture dense, parsemée de gouttelettes brillantes.
Petite, mais rapide et envahissante
Comme toute fougère, l'Azolla se multiplie par spores, des grandes et des petites, produites à l'automne, donnant jour à de nouveaux individus à la fin de l'hiver. Mais l'Azolla est surtout remarquable pour sa propagation végétative. Ses fines tiges poussent à toute vitesse, se ramifient, se déploient, toutes semblables les unes aux autres. Leur population peut doubler en une semaine. Surtout lorsque les températures sont douces, entre 22 et 27°C. Elles ont avec elle une précieuse alliée pour grandir aussi vite : Anabaena azolla, cyanobactérie fixatrice d'azote, installée bien à l'abri dans des cavités au sein des feuilles. Leur symbiose permet à l'Azolla une croissance efficace. Le moindre coup de vent, un oiseau s'ébrouant, casse et fragmente les tiges fragiles. Elles continuent alors à se multiplier de plus belle.
Une invitée inattendue
L'Azolla prend place dans une mare, un fossé, un plan d'eau calme, le recouvre d'un tapis homogène. Sous son ombre, un Dytique décide de prendre son envol, de trouver un site aux eaux plus claires et lumineuses. Mais il décollera avec un fragment de la petite fougère accroché aux poils de ses pattes. Ainsi l'Azolla voyage, passagère clandestine des oiseaux, petits mammifères, batraciens, se déplaçant d'un point d'eau à l'autre.
L'hiver seul marquera une pause. L'Azolla n'aime pas le froid. Elle disparaît progressivement avec l'avancée de l'hiver. Les derniers individus cachés dans des recoins abrités disparaîtront avec un gel durable et intense.
Parfois redoutée, quelquefois cultivée
Importée en Europe à la fin du 19ème siècle, l'Azolla pose de graves problèmes d'eutrophisation des zones humides. Elle forme un tapis si dense à la surface des eaux, s'empilant elle-même sur plusieurs étages, qu'elle occulte totalement le soleil. A sa mort, l'excès de matière organique, riche en azote, déposé dans les fonds, accentuera encore l'eutrophisation, et signera la fin de la biodiversité de la mare.
Pourtant, parfois, l'Azolla est recherchée. Et cultivée. Comme bio-engrais dans les rizières, mais aussi comme couverture végétale étouffant les mauvaises herbes comme les larves de moustiques. Des débouchés dans l'alimentation animale ont aussi vu le jour, pour sa richesse en protéines, acides aminés, vitamines, éléments minéraux.
Et surtout les Azollas ont d'exceptionnelles propriétés de fixation des métaux lourds. Propriétés utilisables pour filtrer des eaux polluées, et par suite recycler ces fougères , récupérer et réutiliser ces métaux.
Si petite, et si prolifique, l'Azolla est une fougère qui questionne. Invasive, elle a un prédateur redoutable, un coléoptère venu d'Amérique. Est-il risqué de l'introduire en Europe ? La cultiver pourrait déséquilibrer des écosystèmes entiers, en déplaçant des éléments essentiels du soll ? L'introduire dans les chaînes d'alimentation animale nécessite de surveiller ses concentrations en métaux lourds ?
La plante en bref
Botanique
Floraison
Port et feuillage
Plantation
Entretien & Multiplication
Espèces et variétés intéressantes
- Azolla caroliniana, l’Azolle de Caroline
Vos commentaires