La cochenille à carapace, aussi discrète que redoutable
Presque invisible si l'on ne lui prête pas une grande attention, la cochenille à carapace s’installe discrètement sur les tiges, le revers des feuilles ou le tronc de vos plantes. Protégée par son armure, elle suce la sève en silence et peut provoquer, en cas de fortes attaques, de gros dégâts. Qui est-elle vraiment ? Quelles espèces sont les plus répandues ? Et comment s’en débarrasser de manière naturelle ? Faisons le point.

Comment reconnaître la cochenille à carapace ?
Les cochenilles à carapace appartiennent à la famille des Coccidés et à l'ordre des Hémiptères.
Elles sont également appelées cochenilles armurées, cochenilles tortues, cochenilles à coques ou cochenilles 'lécanines'.
Il s'agit de très petits insectes piqueurs/suceurs (3 à 8 mm selon les espèces), dotés d’un rostre leur permettant de se nourrir de la sève des plantes.
Le corps des femelles est recouvert d’une carapace rigide, de forme ovale ou arrondie, généralement de couleur brune, grise ou noirâtre. Cette carapace est soudée au corps : elle est formée de cire et d’anciennes mues, et adhère fortement à l’insecte, assurant une protection très efficace contre les prédateurs, les conditions climatiques défavorables et les traitements.
Cette particularité les différencie des cochenilles à boucliers qui sont indépendantes de leur protection (le bouclier peut être soulevé sans tuer l'animal). La forme aplatie de la carapace et sa couleur offrent un beau camouflage sur les végétaux.
Le mâle ne vit que quelques jours, le temps de la reproduction. Il est ailé pour permettre une reproduction sur un espace plus vaste et favoriser le brassage génétique.
Les larves sont minuscules et semblables aux adultes femelles.
Cycle de vie de la cochenille à carapace
Après l'accouplement, la femelle pond ses œufs directement sous sa carapace.
Une fois écloses, les minuscules larves vont passer par plusieurs stades. Au tout premier, les larves sont très mobiles (crawler), minuscules (moins d'un millimètre) et munies de pattes. Elles vont explorer la zone à la recherche d’un emplacement favorable. Ce stade est le seul où les femelles sont mobiles.
Ensuite, elles se fixent et enfoncent leur rostre dans les tissus végétaux. C'est à ce stade que les carapaces vont vraiment se former.
Après plusieurs mues, elles vont atteindre leur taille adulte et il sera temps de se reproduire. À ce stade, la femelle est totalement fixée et n'a plus de pattes pour se déplacer, excepté sur certaines rares espèces. Elle mourra après la ponte.
Deux générations par an peuvent ainsi se succéder en extérieur, alors qu'en intérieur, bien protégées des aléas climatiques dans une serre ou une véranda, jusqu'à 6 générations peuvent se développer.
Notez que certaines espèces se reproduisent par parthénogenèse, c'est-à-dire sans fécondation par le mâle.
En hiver, les cochenilles à carapaces hivernent au stade larvaire.
Quelles sont les espèces les plus fréquentes de cochenilles à carapace ?
Il existe plus de 2 500 espèces de cochenilles à carapace dans le monde. Voici quelques exemples que l’on retrouve en intérieur, au jardin ou dans les vergers :
La cochenille marron
Coccus hesperidum présente une carapace brune jaunâtre avec des taches plus foncées. Elle mesure entre 3 et 5 mm. Elle a pour particularité de conserver ses pattes et ses antennes, même au stade adulte, et de pouvoir se reproduire par parthénogenèse. Cette espèce s'attaque volontiers aux anthuriums, aux orchidées, aux agrumes et aux arums.
La cochenille noire de l'olivier
Saissetia olea présente une carapace brune, beige, parfois même noire. Elle est présente surtout sur la nervure principale des feuilles. On la reconnaît à une forme en 'H' en relief sur sa carapace. Cette espèce apprécie les oliviers, les agrumes, les anthuriums, certaines fougères du genre Nephrolepsis mais aussi le solandra et les aristoloches.
La cochenille du caféier
Saissetia coffeae présente une carapace bombée et lisse, marron foncé. Elle mesure entre 2 et 4 mm. Elle est également connue sous le nom de cochenille des serres, car elle sévit sur de nombreuses plantes d'intérieur.
La cochenille pulvinaire de l'hortensia
Pulvinaria hydrangeae, autrement nommée cochenille de l'hortensia, ne s'attaque pas qu'à ces plantes, mais aussi à l'if, au houx, aux érables, aux tilleuls, aux camélias et à de nombreux autres arbustes du jardin et du verger. De couleur claire, son repérage est assez aisé puisqu’elle porte sur son dos un ovisac blanc cotonneux terminé par une plaque brune dure.
La cochenille céroplaste
Ceroplastes ssp. sont des cochenilles très présentes sur le pourtour méditerranéen. La carapace, arrondie et bombée, est constituée de plaques de cire grises, rosées ou brunes souvent séparées par des marques plus foncées. Les céroplastes s'intéressent au figuier, au ficus, aux agrumes, mais aussi au laurier rose, au pommier, au lierre et au pittosporum, sans que cette liste ne soit exhaustive !
Dégâts causés par les cochenilles à carapace
Les dégâts causés incluent :
- un affaiblissement général de la plante attaquée ;
- un jaunissement suivi de la chute des feuilles ;
- la déformation des fruits ;
- le dépérissement des rameaux.
Quelles sont les plantes fréquemment attaquées par les cochenilles à carapace ?
Ces cochenilles sévissent sur de nombreuses plantes, notamment :
- les agrumes ;
- les ficus ;
- les plantes dites d'intérieur ;
- les arbres fruitiers et ornementaux ;
- les hydrangeas.
Comment prévenir l'apparition des cochenilles à carapace ?
N'achetez jamais une plante portant des cochenilles à carapace, même si vous n'en voyez qu'une sur la plante ; elle peut cacher des centaines d’œufs ! De même, si dans le point de vente, certaines plantes sont porteuses de cochenilles, fuyez et allez vous servir ailleurs !
Pensez à garder les plantes récemment achetées en quarantaine quelques semaines.
Renseignez-vous sur leurs besoins culturaux réels pour les soigner au mieux en matière d'exposition, d'arrosage, de taux d'hygrométrie et de température. Dans la même veine, optez pour un rempotage régulier afin que vos plantes ne soient pas carencées, ce qui entraîne un affaiblissement des végétaux favorable à l'installation de ravageurs et de maladies.
En extérieur, favorisez la biodiversité pour que les prédateurs naturels que sont certaines espèces d'oiseaux, de guêpes ou d'autres insectes s'installent durablement dans votre jardin.
Inspectez régulièrement vos plantes, notamment le long des tiges, sous les nervures des feuilles, dans les anfractuosités des écorces. Un brossage et un chaulage des troncs et des branches charpentières pourront aider à éliminer les larves en dormance lors de la saison froide.
Méthodes de lutte contre les cochenilles à carapace
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Outre une inspection très régulière des parties aériennes, la pose de pièges collants pour détecter les larves au stade mobile peut s'avérer d'un grand secours.
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Coupez si possible les parties atteintes et détruisez-les. Ne les ajoutez pas au compost.
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Un nettoyage manuel sur les plantes peu atteintes sera un premier pas vers leur éradication.
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La carapace protège assez efficacement ces cochenilles des produits de traitement, toutefois, une application d'huiles minérales en période de dormance permettra d'étouffer les cochenilles.
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Bien qu'ils soient peu recommandés pour l'environnement, des insecticides spécifiques pourront être utilisés en respectant les périodes de traitement et les doses recommandées. N'oubliez pas de vérifier leur fiche toxicologique pour les appliquer en toute conscience.
En lutte biologique, de nombreuses espèces peuvent être employées selon chaque cas. (1)
De la coccinelle à la guêpe parasite, d'autres hyménoptères peu connus comme Scutellista spp. qui prédatent les céroplastes et les cochenilles de l'olivier, nombreuses sont les possibilités, bien que cet univers soit encore peu exploré !
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