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Le labour, quels impacts pour le sol ?

Bien que le labour puisse offrir certains avantages à court terme en matière de préparation du sol et de gestion des cultures, et qu'il soit pratiqué depuis des millénaires, il est important de prendre conscience de son action délétère sur la vie des sols à moyen et long terme. Explications…

Une terre de potager fraichement labourée
Une terre de potager fraichement labourée © AGDER/stock.adobe.com

Pour quelles raisons le labour est-il pratiqué ?

Nous avons tous vu les anciens retourner allègrement le sol du potager chaque année à grands coups de bêche au printemps avant d'effectuer semis et plantations. Cette pratique actuellement controversée avait, avant d'acquérir une meilleure connaissance du fonctionnement des sols, un grand intérêt pour de nombreuses générations.

  • Le labour, permettait de "nettoyer" la zone des débris végétaux, cailloux et autres herbes folles.

  • Il offrait une terre mise à nu, idéale pour recevoir semis et plantations après avoir été égalisée sur sa surface.

  • La terre est également décompactée par le labour, aérée, elle absorbe mieux l'eau de pluie.

  • De plus, le labour permet d'intégrer et d'enfouir plus facilement les divers amendements tels le fumier, le compost ou les engrais verts broyés.

  • Il détruit certaines larves de ravageurs pouvant attendre le moment propice pour se développer à la surface du sol.

À court terme, le retournement du sol, ou labour, semble donc avoir un intérêt certain, mais alors pourquoi est-il remis en question ?

Les impacts délétères du labour sur le sol

Le sol, une structure vivante

Un sol retourné met deux ans au moins à retrouver l'équilibre nécessaire à une vie foisonnante, source de fertilité. La terre n'est pas un simple support de culture comme on a voulu le laisser entendre durant des décennies, notamment depuis l'avènement des pratiques d'agriculture intensive.

La terre est en réalité constituée de milliards de micro-organismes (bactéries, champignons, protistes...), dont les fonctionnements s'imbriquent en un écosystème très équilibré et propice à la vie en général, mais aussi à la pérennité des végétaux et à leur bonne santé.

Problèmes posés par le labour du sol

Lorsque l'on connaît mieux le fonctionnement du sol et les symbioses dont il dépend, on comprend que le labour puisse poser de très nombreux problèmes à moyen et long terme, puisque tous les éléments qui permettaient sa vie et sa fertilité sont chamboulés, voire réduits à néant.

Un sol retourné est fortement perturbé :

  • les micro-organismes présents en profondeur se retrouvent en surface et ne peuvent ni survivre à l'apport d'oxygène ni à la forte luminosité, ils sont donc détruits. De même, par effet inverse avec les animaux et autres êtres vivants des premiers centimètres du sol, qui se retrouvent à une profondeur dans laquelle la vie est impossible pour eux ;

  • avec le retournement du sol, le mycélium, c'est-à-dire, les structures qui composent les champignons, est détruit. Problème : c'est justement grâce à ces champignons mycorhiziens que les plantes, par une relation symbiotique gagnant/gagnant avec leurs racines, peuvent étendre leur champ de prospection pour les nutriments et l'eau sur des dizaines de mètres. Une plante mycorhizée pousse plus vite, car elle a accès à beaucoup plus de nourriture, elle réagit mieux aux conditions climatiques défavorables et devient bien moins sensible aux maladies et ravageurs ;

  • le sol, laissé à nu par le labour, surtout lorsqu'il est effectué en automne et qu'il n'est pas immédiatement suivi d'une culture, est soumis à l'érosion par les effets de la pluie et du vent. Les éléments nutritifs essentiels aux végétaux sont lessivés, le sol est appauvri, sa structure est dégradée. La pluie et le vent ont un impact dix fois plus important sur un sol retourné que sur un sol forestier. Encore une fois, la vie foisonnante du sol est mise à mal, par les processus d'érosion et de lessivage, contrairement à un sol couvert qui protégera cette vie et la favorisera ;

  • lorsque le retournement du sol est répété chaque année, voire deux fois par an, cela peut entraîner un compactage du sol, ce qui réduit sa porosité et sa capacité à retenir l'eau et les nutriments. Si de la matière organique est apportée lors de ce labour, elle sera bien trop vite dégradée, ce qui n'aura que très peu d'intérêts nutritifs pour les plantes ;

  • on constate, après des pratiques de labour régulières, que la terre n'est plus noire, elle devient beige à jaune, ce qui matérialise visuellement sa mort inexorable et explique l'obligation d'utiliser de plus en plus d'intrants et de produits de traitements pour soutenir les cultures. Les plantes qui poussent dans ce type de terres infertiles, sont bien plus sensibles aux ravageurs et maladies, mais aussi aux conditions climatiques. La situation est donc assez catastrophique, car le sol perd ses fonctions microbiologiques.

Comment préparer son sol aux cultures sans labour ?

Nous l'avons vu, la préservation de la vie présente dans la terre et à sa surface est cruciale.

Le labour sera en conséquence remplacé par une couverture permanente du sol, comme dans la nature. Engrais verts en intra-culture ou un paillage organique épais constituent un espoir pour sauver nos sols. Il est grand temps de changer nos habitudes !

Article rédigé par Iris MAKOTO

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