Le monarque, un nouvel arrivant en Europe

Splendide papillon de grande envergure, le Monarque est célèbre pour ses migrations sur des milliers de kilomètres entre le Canada et le Mexique. Autrefois cantonné aux Amériques et à quelques îles du Pacifique, il pointe le bout de ses ailes parfois en Europe. Une bonne nouvelle pour cette espèce en voie de disparition ?

Le monarque Danaus plexippus plexippus butinant Solidago sempervirens
Le monarque Danaus plexippus plexippus butinant Solidago sempervirens © CC BY 2.0/flickr/Cataloging Nature

Le monarque, un papillon symbolique

Danaus plexippus plexippus est la sous-espèce migratrice du papillon monarque Danaus plexippus qui lui, se cantonne dans les zones les plus chaudes des États-Unis et sur l’île d'Hawaï.

Connu pour parcourir des milliers de kilomètres lors de migrations nord/sud massives sur le continent américain, des régions lacustres du Sud du Canada, jusqu'aux forêts mexicaines, ce grand et beau papillon est en voie de disparition.

En cause : la perte de ses lieux de ponte et la raréfaction de sa nourriture le long des couloirs migratoires, mais aussi bien évidemment, l'usage intensif de pesticides et d'herbicides.

Les monarques migrateurs sont malheureusement touchés par les effets du dérèglement climatique mais aussi par la déforestation des forêts d’hivernage au Mexique.

Pour ne pas faciliter les choses, le Monarque migrateur ne pond que sur un genre bien spécifique de plantes : les asclepiades. C'est uniquement sur ces plantes-là que les chenilles vont se développer, se nourrissant de cette plante toxique (pas pour elles heureusement) les rendant impropres à la consommation de la majorité de leurs prédateurs naturels.

Les adultes quant à eux, se nourrissent de fleurs comme la verge d'or, les echinacées, les rudbeckias et les asters, mais aussi de nombreuses plantes indigènes qui disparaissent de leur couloir migratoire au profit de la monoculture intensive.

Selon l'UICN, qui a placé le Monarque sur sa liste rouge, la situation est fort préoccupante car la population occidentale de monarques aurait diminué de 99,9%, passant de 10 millions de papillons en 1980, à seulement 1914 en 2021. Ne reste que l'espoir qu'il demeure suffisamment de papillons pour assurer la reproduction et donc la survie de l'espèce face à une extinction programmée.

Symbolique, ce papillon est très cher au cœur des mexicains, car il arrive en octobre lors de la célébration de la fête des morts, les populations les rattachent alors aux âmes de leurs disparus.

Des origines aux migrations, le Monarque arrive en Europe

Originaire d’Amérique du Nord où il serait présent depuis 20 000 ans, ce papillon n'était jusqu'alors présent que sur le continent américain. Depuis 200 ans, il voyage de plus en plus est a été recensé sur plusieurs îles du Pacifique (1).

Les scientifiques s'interrogent toujours sur son arrivée dans ces îles lointaines. Aurait-il profité de voyages en bateau ? Sous sa forme adulte ou larvaire ? Aurait-il pu réaliser le voyage lui-même, porté par les vents ? Pour le moment, rien n'a encore été prouvé.

Toujours est-il que le fameux lépidoptère, s’éloigne de plus en plus, atteignant tout d'abord les Açores et les Canaries ainsi que Madère, il a trouvé une terre d’accueil en Afrique du Nord, puis est naturellement passé par l'Espagne et le Portugal. On a même trouvé ses œufs sur une asclépiade au jardin de Kew en Grande-Bretagne, mais sa présence y est plutôt très rare ! En France, certains ont eu la chance de le croiser également !

Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cette nouvelle migration et installation en Europe. Deux plantes hôtes du Monarque sont très présentes dans ces pays du sud de l’Europe et en Afrique : Asclepias curassavica et le faux cotonnier (Gomphocarpus fruticosus). Le papillon a donc trouvé un lieu de ponte idéal pour accueillir ses œufs.

Le climat régnant dans ces zones est également propice à son développement et à son installation, ce qui constitue une fort bonne nouvelle pour l'espèce !

Comment reconnaître le Monarque migrateur ?

Le monarque migrateur est un papillon de grande envergure (jusqu'à 14 cm ailes déployées, pour 11 cm de longueur).

Ce papillon diurne est reconnaissable à ses ailes orange vif veinées de noir, avec des bordures noires maculées de points blancs. Le corps, les pattes et la tête sont bruns à noirs. On peut voir des points blancs également sur la tête et le thorax.

La femelle est plus petite et plus terne et ne présente pas les deux taches noires caractéristiques des mâles sur les ailes postérieures.

Les œufs sont jaune crème, ovoïdes et minuscules (1,2 mm x 0,9 mm) ils sont pondus sous les feuilles d'asclépiades.

La chenille se développe de 2 mm à 50 mm en 5 mutations, elle ne passe pas inaperçue puisqu'elle est rayée de jaune, de blanc et de noir. Des antennes noires sont portées en haut de sa tête ainsi que des filaments de la même couleur à l'extrémité de son corps.

Comment l'aider ?

Si vous habitez une zone où les hivers sont doux, plantez les diverses espèces d'asclepiades, et le Gomphocarpus fruticosus, ce sont des plantes très ornementales.

Évitez les traitements phytosanitaires et favorisez la biodiversité en plantant des fleurs qui attirent les papillons.

Peut-être participerez-vous ainsi à la préservation de cette espèce en danger !

Carte distribution Monarque

Article rédigé par Iris MAKOTO

Vos commentaires

Vivi le 01/08/2023 à 22:01
Ce n'est absolument pas une nouvelle espèce en europe, il y a même deux espèces observées : Danaus plexippus et plus couramment Danaus chrysippus, depuis toujours Le monarque est présent pratiquement partout dans le monde