Comment éviter la faim d'azote ?

Passant parfois inaperçue jusqu'aux premiers symptômes sur les plantes, la faim d'azote est souvent méconnue et donc difficile à déterminer de prime abord. De quoi s'agit-il exactement ? Comment éviter ce phénomène biochimique ? Quelles sont les mesures à prendre ? Autant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre...

Deficience de fer et d'azote pour cette vigne
Deficience de fer et d'azote pour cette vigne © Au Jardin

Importance de l'azote pour les plantes

Élément majeur pour une bonne croissance des plantes, l'azote (N) entre dans la composition des enzymes et des acides nucléiques.

Dans la chlorophylle, l'azote est essentiel à la liaison entre les différents groupes moléculaires. Sans cet élément, nulle photosynthèse possible !

En outre, l'azote présent dans le sol sous sa forme organique ou minérale, après transformation par l’activité biologique du sol, devient accessible et assimilable par les racines des plantes qui s'en nourrissent. Seules les plantes de la famille des Fabacées (Légumineuses) sont capables de capter l'azote présent dans l'atmosphère et de le rendre directement assimilable grâce à une symbiose bactérienne présente dans les nodosités de leurs racines. D'où l’intérêt de mettre en place une rotation des cultures ou de pratiquer de bonnes associations de plantes, notamment au potager.

Qu'est-ce-que la faim d'azote ?

Le terme 'Faim d'azote' détermine un phénomène courant, surtout en début de printemps.

Les plantes souffrent d'une carence en azote, le feuillage jaunit, la croissance est faible et sur le long terme, les rendements peuvent être très bas sur les cultures vivrières.

Si des conditions particulières se présentent, notamment un apport trop important en matière carbonée, les plantes vont manquer d'azote pour assurer leur croissance optimale.

Quels sont les éléments qui provoquent cette carence en azote ?

Comme nous l'avons vu, l'azote n'est assimilable par de nombreuses plantes que sous sa forme transformée (NO3- et NH4+) lors du cycle de l'azote par les micro-organismes du sol (bactérie et champignons).

La faim d'azote correspond à un déséquilibre de ce cycle qui affecte directement la disponibilité de cet élément vital pour la santé et la croissance de ces plantes.

Dans le cas d'un apport trop important d'élément carbonés comme le BRF ou la paille, ces micro-organismes vont devoir consommer de grandes quantités d'azote inorganique présent dans le sol afin d'une part de se multiplier, mais aussi de décomposer cette matière carbonée.

Le prélèvement de l'azote par les micro-organismes rend celui-ci temporairement indisponible pour les plantes.

En bref, les micro-organismes entrent en concurrence avec les végétaux dans la quête d'azote assimilable.Ce phénomène peut perdurer de quelques semaines à plus de 6 mois selon les conditions sur place.

Quelles sont les conditions qui favorisent la faim d'azote ?

Des circonstances défavorables au cycle de l'azote peuvent entraver sa disponibilité dans les sols, c'est le cas en fin d'hiver ou au début de printemps lorsque le sol demeure froid, gorgé d'eau ou qu'il est à tendance acide.

Si un lessivage important a été occasionné par de fortes pluies durant la mauvaise saison, cela n'arrange pas les choses. Voilà pourquoi une couverture du sol est si importante dès l'automne pour le protéger de ce phénomène, mais aussi pour bien le nourrir.

Dans les régions les plus chaudes, le sol se réchauffe plus vite, si un arrosage régulier est mis en place, les risques de faim d'azote seront réduits.

Comment prévenir la faim d'azote ?

La paille et le BRF, qui sont des matériaux très riches en carbone, seront de préférence étalés sur le sol en fin d'été ou en automne. Ainsi, les micro-organismes auront le temps de faire leur travail de transformation avant que les cultures printanières ne soient mises en place. Cette matière organique protégera également la terre du lessivage et donc de la fuite des nutriments, dont l'azote fait partie.

Autre astuce, mettre en place une inter-culture d'engrais verts de la famille des Fabacées comme la vesce, le trèfle, le lupin, la féverole ou la luzerne. Le sol sera ainsi enrichi en azote mais aussi décompacté par les racines noduleuses.

Si vous désirez malgré tout pailler votre sol au printemps, étalez au préalable une épaisse couche de compost mélangé à de la corne broyée, du fumier décomposé (excepté le fumier de cheval), ou pratiquez le compostage direct en disposant votre matière organique fraîche (résidus de tonte, épluchures de fruits et de légumes...) avant de disposer la paille ou le BRF par dessus.

Notez que ces éléments très riches en carbone peuvent également être compostés avant d'être ajoutés en paillage. Une fois transformés en humus, ils ne poseront aucun souci même au printemps.

Il a été constaté que les éléments contenant beaucoup de carbone sont moins nocifs lorsqu'ils sont juste étalés sur le sol plutôt qu'enfouis. Évitez donc de les intégrer en profondeur à la terre.

Pour favoriser la présence en masse de micro-organismes qui décomposent la matière organique, de vers de terre qui aèrent la terre et la rendent plus perméable à l'eau, et donc de booster la vie du sol en augmentant sa biomasse, éviter l'emploi de pesticides en tous genre et bien sûr d'anti-fongiques qui détruisent les champignons du sol. Ces derniers n'ont pas besoin de beaucoup d'azote pour transformer le carbone, ils sont donc à préserver doublement !

Sachant que la vie du sol est plus pauvre en sol acide, il est également possible de corriger ce paramètre en réalisant des apports en calcaire broyé.

Comment faire si la faim d'azote est déjà en place ?

Vous ne connaissiez pas le phénomène de faim d'azote et n'avez de ce fait pas pensé à mettre des mesures préventives en place ? Il est encore temps d'agir, même si la prévention demeure toujours préférable.

Pour sauver vos plantes, vous pouvez bien sûr faire des apports directs en azote facilement assimilable par simple griffage à leurs pieds.

Évitez les engrais chimiques, qui certes ont un effet très visible à court terme, mais qui causent bien des désagréments notamment en stoppant le développement de certaines bactéries bénéfiques dans le sol. De plus ces engrais, fragilisent les tissus des végétaux, amenés à pousser trop rapidement. Ils seront ensuite plus sensibles aux maladies et ravageurs.

Préférez les engrais organiques et biologiques riches en azote, parmi eux :

  • le tourteau de ricin dont un seul kilo contient autant d'azote que 20 kg de fumier. Attention, cet amendement doit être enterré car s'il n'est pas traité par étuvage, il peut se révéler toxique, notamment pour les animaux de compagnie, dont les chiens qui sont attirés par son odeur ;

  • le sang séché bien connu pour son action très rapide et coup de fouet ;

  • le purin d'ortie qui stimule la pousse, renforce les tissus végétaux et qui présente également une efficacité redoutable en répulsif contre les ravageurs ;

  • le guano d'oiseaux ou de chauves-souris qui constitue un engrais très complet et riche en phosphore ;

  • le fumier de bovins ou d'ovins, ce dernier étant le plus riche en de nombreux éléments essentiels à la croissance des plantes ;

  • les fientes de poules, utilisées seulement après dilution pour ne pas brûler les racines ;

  • la farine de plume, dont le rapport NPK parle de lui-même (14/0/0) ;

  • la corne broyée, un engrais polyvalent à libération lente qui favorise l'enracinement et stimule la pousse des parties aériennes.

Respecter toujours les dosages préconisés sur les emballages lors de l'ajout de vos engrais.

Article rédigé par Iris MAKOTO

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