La courtilière, entre auxiliaire et ravageur
La courtilière, autrement connue sous le nom de taupe-grillon, fait partie des ravageurs redoutés des jardiniers. Bien que l'animal puissent l'aider dans la lutte contre certaines larves dont celles des hannetons, il cause également de nombreux dégâts aux cultures en coupant les jeunes tiges, dévorant les semis et déracinant les plantules. Une stratégie complète combinant prévention, méthodes naturelles et, si nécessaire, traitements plus ciblés permettront de limiter sa présence au jardin.

Description de la courtilière
La courtilière (Gryllotalpa gryllotalpa) est un insecte fouisseur de la famille des Orthoptères, apparenté aux grillons et aux sauterelles.
Elle mesure environ de 3,5 à 5 cm de long et possède un corps cylindrique, de couleur brun chamois, recouvert d’une fine pilosité. Sa tête large et robuste est dotée de longues antennes, mais aussi de puissantes mandibules lui permettant de creuser la terre.
Ses pattes antérieures larges, plates et griffues, rappellent celles d’une taupe, ce qui lui a donné son nom vernaculaire de taupe-grillon. Elles lui permettent de creuser de profondes galeries avec aisance.
Sur son dos, ses élytres, frottés l’un contre l’autre, produisent un chant stridulant, surtout audible à la tombée de la nuit.
Bien qu’elle vive principalement sous terre, la courtilière est aussi capable de voler, en particulier à la recherche de nouveaux territoires.
La courtilière apprécie les terres un peu humides et bien meubles pour se développer. On peut la trouver jusqu'à 1 000 m d'altitude.
Cycle de vie de la courtilière
Son cycle de vie s’étale sur deux ou trois ans.
Au printemps, les adultes sortent d’hibernation. Les mâles stridulent alors à la tombée du jour pour attirer les femelles. La reproduction a lieu en mai-juin, période où les femelles creusent des galeries profondes pour y pondre entre 100 et 300 œufs.
Deux à trois semaines plus tard, les jeunes larves éclosent et commencent leur développement dans le sol, en se nourrissant de racines, de vers ou de petits insectes. Elles subissent plusieurs mues avant d’atteindre leur taille adulte et d'entrer en hibernation à l’abri dans le sol.
Régime alimentaire de la courtilière
La courtilière se nourrit de larves de hanneton, de limaces, de vers, de taupins et d'autres ravageurs ce qui en ferait un bon auxiliaire du jardinier, si à côté de cela elle ne détruisait pas au passage les cultures. Elle a aussi pour habitude de couper net au ras du sol les tiges tendres, indice qui permet souvent de se rendre compte de sa présence.
Prévention
La première étape pour éviter l’invasion de courtilières dans un jardin consiste à le rendre moins accueillant pour elles.
Évitez de laisser à ciel ouvert des tas de compost ou de fumier, notamment en automne, car ces zones constituent des refuges idéaux pour leur hibernation.
Favorisez la biodiversité en accueillant leurs prédateurs naturels, comme les oiseaux, les hérissons ou les musaraignes. Ces auxiliaires du jardin participent activement à la régulation de leur population.
Adoptez en parallèle des pratiques respectueuses de l’environnement et évitez les traitements chimiques au jardin pour favoriser l’installation durable des prédateurs naturels et maintenir un écosystème équilibré.
En mai-juin, période de reproduction, binez régulièrement le sol pour perturber les galeries menant aux œufs.
Pensez, avant de semer ou de repiquer, à arroser la terre avec du purin d’ortie ou de fougère qui agiront comme répulsif.
Enfin, si votre sol est très acide, corrigez son pH avec un apport léger de chaux : les courtilières n'apprécient guère les terrains ainsi amendés.
Traitements biologiques
Lorsque la présence de courtilières est avérée, certaines méthodes douces peuvent être employées pour en venir à bout :
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en juin, versez dans leurs galeries un mélange d’eau et d’huile végétale. Ce remède fait remonter les adultes à la surface et détruit les œufs. Vous pouvez alors facilement éliminer les insectes, surtout si vous vous faites aider de vos poules qui les dévoreront dès leur sortie de terre ;
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le pyrèthre, insecticide d'origine végétale, constitue également une alternative efficace en traitement biologique, pulvérisez-le à la tombée de la nuit, car la lumière annule son action ;
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autre astuce, enterrez des gobelets en plastique à moitié remplis d’eau sur leurs passages. Attirées, les courtilières s’y noieront ;
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pour capturer les courtilières sans nuire à la faune utile, vous pouvez piéger les adultes en installant à l’automne de petits tas de fumier. Elles viendront s’y réfugier pour passer la mauvaise saison. Il ne vous restera qu’à éliminer les spécimens pris au piège.
Traitements chimiques
Si l’infestation est importante et que les méthodes précédentes échouent, un traitement chimique peut être envisagé, mais uniquement en ultime recours.
En mars, l’injection de sulfure de carbone dans le sol est une technique utilisée, mais elle demande de grandes précautions (voir Fiche toxicologique).
L’usage de deltaméthrine, un insecticide de synthèse, est également possible, mais son impact sur la faune non ciblée et la biodiversité doit être pris en compte (Fiche toxicologique).
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