De petits cerisiers résistants à la sécheresse et adaptés aux petits jardins

Présentation des prunus adaptés aux conditions sèches

Les clients de la pépinière 'Les jardins d'ollivier', posent très souvent une question à Laurent : 'Que pourrais-je planter comme petit fruitier adapté aux nouvelles conditions climatiques ?' ou 'Que pourrais-je planter à la place de mes fruitiers actuels qui dépérissent à cause des étés secs et des périodes de plus en plus chaudes' ?

Dans sa pépinière de plantes nourricières, Laurent fait depuis plusieurs années des tests sur des parcelles sans arrosage. Ces conditions de culture difficiles sans irrigation ont l'avantage de permettre d'expérimenter de manière réelle, et de sélectionner les plantes les plus adaptées au changement climatique.

Certains petits cerisiers (Prunus), de forme naturellement naine, c'est à dire sans avoir eu recours à des manipulations, transformations ou sélections de l'Homme, présentent à l'état sauvage un très faible développement. Ces cerisiers atteignent 1,5 m à 2 m de hauteur au maximum et sont structurés sous la forme de buissons.

Le ragouminier

Un des plus connus d'entre-eux est le ragouminier ou 'Cerisier de Nankin' qui se présente sous la forme d'un tout petit cerisier.

Prunus tomentosa, puisque tel est son nom latin, doit son appellation à ses feuilles tomenteuses c'est à dire duveteuses. Lorsque l'on voit ses feuilles, cela ne donne pas l'impression d'avoir à faire à un cerisier, cependant au printemps lorsqu'il est en fleurs on sait alors qu'il s'agit bien d'un cerisier. Le ragouminier se couvre littéralement de fleurs, il n'y a pas d'espace dégarni, chaque rameau est très productif. On peut d'ailleurs observer dès la chute des feuilles les bourgeons à fleurs regroupés de façon intense tout au long des rameaux.

Ce petit cerisier pousse à l'état sauvage en montagne au Japon, c'est à dire qu'il est habitué aux conditions hivernales difficiles et enneigées tout au long de l'hiver, mais aussi à des conditions estivales de privation d'eau car ces zones montagneuses sont soumises à de longues périodes chaudes, ensoleillées et sans eau. Sachant que Prunus tomentosa pousse toujours dans les sols relativement drainés, voire rocailleux, il est par moment confronté à un déficit d'eau, cependant il supporte parfaitement ces conditions. Sa forme prostrée et son feuillage tomenteux limitent le phénomène d'évapotranspiration ce qui lui permet de passer parfaitement ces périodes de sécheresse et de canicule.

Au printemps, il est spectaculaire, se transformant en un immense bouquet de petites fleurs simples collées aux rameaux qui dureront au moins 3 semaines, lui donnant en cette période un très bel aspect décoratif. Cette floraison débute courant mars, époque où les gelées tardives restent à craindre, cependant sa capacité de résistance en tant que plante montagnarde, lui assure de conserver ses fruits fécondés et donc de pouvoir supporter ces gelées tardives qui posent de plus en plus souvent de soucis.

Ce cerisier présente une autre particularité : lorsque ses fleurs sont fécondées, on commence à apercevoir les cerises qui sont collées aux rameaux. Les cerises ne présentent aucun pédoncule (queue), ce qui constitue une autre particularité décorative puisque l'on se demande comment et quand la cerise va se décoller. Elle ne se détachera pas, demeurera bien accrochée et prendra une magnifique teinte rouge pâle presque translucide.

Les petites cerises se dégustent fin juin, elles n'ont aucune acidité, elles sont douces, sucrées et très juteuses avec un petit noyau qui pourra se ressemer facilement. Il n'est pas rare que lorsqu'un oiseau emporte une cerise, il ne ressème le noyau un petit peu plus loin et on aura la chance, si les semis on eu de bonnes conditions, de voir naître un ou plusieurs petits ragouminiers qui pourront se développer dans le jardin. Ce n'est pas une plante invasive, on ne va pas en retrouver des centaines, mais on a toujours la surprise de retrouver un jeune plant quelque part dans le jardin.

Prunus cerasus

Le merisier (Prunus cerasius avium) bien connu en Europe est un arbre pouvant atteindre 20 m de hauteur une fois adulte. Mais il existe aussi dans l'espèce Prunus cerasus des petits sujets qui n'atteindront pas plus d'1,5m à 2 m. Érigés dans leur jeune âge, ces plantes vont s'arrondir au fil du temps, au moyen de nombreux rameaux dispersés sur tout leur pourtour.

La variété 'Carmine Jewel' est un griottier nain à cerises rouges alors qu' 'Oblacinska' est une griotte noire. Ces deux variétés vont avoir un développement modéré, une bonne faculté de résistance aux gelées printanières, puisque leur floraison échappe généralement aux gelées d'avril, ainsi qu'une bonne adaptabilité aux périodes chaudes de plus en plus récurrentes en été.

Leur petit développement s'adapte à tous les jardins puisque de nos jours les surfaces sont de plus en plus modestes, mais ils peuvent être également plantés dans les grands jardins en les intégrant dans des haies mixtes ou fruitières.

Grâce à leur faible développement, les gestes de taille seront réduits, et ils ne risqueront pas d'empêcher la croissance ou d'endommager des plantes voisines.

Ces prunus constituent d'excellent substituts aux cassissiers ou groseilliers, qui ont de plus en plus de difficultés à survivre aux étés secs, avec un développement à peu près égal.

Prunus cerasus 'Oblacinska' produit une griotte légèrement acidulée, noire, de saveur très agréable car le petit côté acidulé va être très vif en bouche pour les personnes appréciant de les consommer crues. D'autres préféreront transformer ces petites cerises griottes en les préparant au sirop ou confites afin de les accommoder en dessert, notamment dans les forêts noires ou autres.

La transformation en confiture est toute indiquée car le petit goût acidulé donnera de délicieuses confitures, mais il est également possible de les préparer à l'eau de vie comme le font de nombreux amateurs.

La griotte de Prunus cerasus 'Carmine Jewel' est rouge et légèrement moins acide que celle de la variété 'Oblacinska'. Elle offre plus de douceur et de sucres. Très juteuse, elle peut être consommée crue lors de sa maturité qui intervient de fin juin à début juillet, ce qui permet d'étaler les récoltes. En jus, elle sera toujours excellent ainsi que préparée à l'eau de vie ou en sirop. Elle permet également de concocter d'excellentes marmelades et confitures dans lesquelles, grâce à son petit calibre, elle pourra être conservée entière pour faire son effet une fois étalée sur une tartine.

Conditions de culture des prunus nains

Ces plantes sont faciles de culture une fois les deux ou trois premières années suivant la plantation passées, le temps que les plantes installent un bon système racinaire.

Un suivi en arrosage important devra être mis en place durant cette période, ensuite, une fois bien installés ces prunus résisteront aux conditions sèches et chaudes sans souci.

Pensez à faire des apports en compost conséquents lors de la plantation mais aussi assez réguliers pendant ces années de façon à stimuler le système racinaire et à booster la micro-faune autour des racines. Plus l'humus est présent et plus la micro-faune vivant en symbiose avec nos plantes sera présente en masse.

Ces trois années de suivi passées, avec arrosages en cuvettes et des apports de compost, toutes les autres périodes difficiles passeront sans problème, même les étés secs et chauds.

Cette gamme de petits cerisiers nains que Laurent Ollivier nous a présentée dans cette vidéo fait partie des végétaux adaptés au réchauffement climatique qu'il propose dans sa pépinière de plantes nourricières.