Les lis martagons, remarquables plantes à bulbes fiables et durables
Les lis martagons ont un charme délicat associé à une grande vigueur. Ces plantes à bulbes d’été, à planter tôt au printemps, se multiplient et fleurissent fidèlement : délicieuses petites fleurs de porcelaines suspendues au-dessus d’un feuillage régulier.

Pourquoi planter des lis martagons ?
Le début de l’année, en attendant le réveil du jardin c’est le moment de choisir les bulbes d’été (qui fleurissent en été, mais se plantent tôt dans l’année), de planifier ses massifs, bref, la période où on se projette au jardin en visitant les sites sur internet.
Avec les lis martagons, il y a vraiment de quoi se faire plaisir. La forme sauvage est emblématique des Alpes, où le promeneur reconnaît facilement sa silhouette aérienne bien structurée et ses mignonnes fleurs en turban : c’est donc une espèce indigène et ses variétés, issues de croisements avec d’autres lis turban proches, sont particulièrement faciles à acclimater dans le jardin.
Il existe ainsi plus de 50 cultivars de lis martagon très solides et parfaitement adaptés aux jardins : de vraies petites merveilles bien vigoureuses qui récompenseront la patience du jardinier.
Vous désirez du rouge sombre, du orange vif, du rose layette, du jaune, du saumon, du blanc pur, des fleurs tigrées ? Entre le turban chocolat et le turban blanc pur, il y a presque tous les intermédiaires sauf dans les nuances de bleu..
Des variétés toutes plus jolies les unes que les autres
Les blancs
Lilium martagon « Snowy Morning » (ou « Album ») est d’un incroyable blanc pur, si lumineux dans les massifs d’ombre qu’il y devient le point de mire en juin. Il fait merveille au milieu des fougères, des hostas ou des épimediums, ou d’autres couvre-sol. Très vigoureux, il se multiplie bien et peut porter plus de 30 fleurs sur une seule hampe.
À ne pas confondre avec Lilium martagon var albiflorum qui est une variété de la forme sauvage, blanche et mouchetée de sombre, sans doute moins vigoureuse que les cultivars hybrides.
Ensoleillés ou ombragés, les martagons Lilium ‘Albi Morning’, aux fleurons blanc cassé et mouchetés, sont sublimes intégrés dans les massifs monochromes écrus ou en contraste devant des arbustes au feuillage sombre, comme un prunus pourpre ou un physocarpus noir.
Les rouges
Lilium martagon ‘Claude Shride’ est une variété phénoménale au turban rouge foncé. Phénoménale par sa couleur très marquée, mais aussi par son développement au fil du temps : Il peut atteindre 1,50 de hauteur et porter jusqu’à 50 fleurs de 7 cm de large par tige ! De quoi donner du volume aux massifs. Superbes sur fond de feuillage panaché blanc (cornouiller), doré ou vert cru (comme l’oranger du Mexique Choisya 'Goldfinger') ou sur fond de fleurs blanches (deutzia, spirées, seringats).
En très sombre également, Lilium martagon 'Arabian Knight' qui se situe davantage dans les tons bordeaux et rouilles, une couleur qui résonne dans les massifs avec les teintes orangées d’agastaches, de pavots d’orient, de benoîtes, d’hémérocalles, ou au milieu d’un semis direct d’Eschscholtzia, le pavot de Californie. Au fil des années, 'Arabian Knight' atteint 1,40 m.
Les roses
Si vous désirez de la douceur ou du romantisme, il vous faut soit Lilium martagon « Candy Morming », rose layette, ou bien, d’un caractère plus accentué, une version ponctuée de nombreux grains de beauté 'Pink Morming'.
D’humeur changeante est le martagon ‘Chaméléon’ : ses turbans légèrement mouchetés naissent roses et évoluent en jaune, puis en saumon.
Le martagon ‘Manitoba Morning’ est un mélange de rose corail, rose foncé, rouge, ponctué de pourpre. Il est petit, haut seulement de 70 à 80 cm, mais très vigoureux. Ses couleurs toniques envoient du peps dans n’importe quel massif. Ses fleurs n’excèdent pas 5 cm de large, mais il en produit jusqu’à 50 par hampe sur les sujets bien installés. C’est sans doute le martagon rose le plus flashy.
Le martagon existe aussi en vieux rose, tout en nuances de style « sépia » avec par exemple Lilium martagon 'Alberta Morning'.
Les jaunes
Et les jaunes alors ? Peu courants, parce que tant de jardiniers préfèrent éviter de planter des fleurs jaunes. Pourtant, le lis martagon ‘Golgen Morning’, avec ses parfaites petites fleurs jaune pâle, est merveilleux dans les situations ombragées. Chacune de ses fleurs enroulées en turban ressemble à un lumignon miniature en suspension. Il est génial simplement sur un fond de verdure sombre et bien fournie (fougères, corydales, épimediums).
Martagon 'Guinea Gold', légèrement moucheté, a ce jaune doré chaleureux qui supporte le plein soleil. Il peut devenir haut de 1,40 m. Lilium martagon 'Fairy Morning' est d’un jaune à la fois plus orangé et plus doux.
En orange
Bien sûr, pour les amateurs de couleurs vitaminées, il y a le tonique Martagon ‘Orange Marmelade’. Orange vif, ses fleurs aux pétales moins récurvées donc pointus, dessinent une étoile qui s’éloigne de la forme en turban, mais gagne en tonus. Il n’excède pas 1 mètre de hauteur. Pour les associations faciles, il s’inscrit en contraste sympathique au milieu de fleurs violettes ou bleues.
Lis martagon : une plante de plus en plus impressionnante avec les années
Les martagons sont des plantes vivaces à bulbe d’une grande durabilité, très vigoureux quand ils se plaisent au jardin. Leur place sera choisie soigneusement pour les laisser s’installer et se développer durant des années. Plantés à la bonne profondeur, ces cultivars de martagon produisent rapidement des bulbes-fils qui fleurissent à leur tour. Ils deviennent incroyables avec l’âge.
Malgré tout, cette plante nécessite un peu de persévérance : lorsque le bulbe vient d’être planté, il ne fleurit pas systématiquement la première année, car ce lis étant précoce, il a besoin de s’enraciner au plus tôt.
Les bulbes de martagon sont proposés à la vente le plus souvent en début d’année, mais il serait théoriquement plus judicieux de les planter en automne ; c’est pourquoi parfois, il ratera sa première floraison, fera une tige feuillée peu développée qui jaunit rapidement. Mais pas de panique : il n’est pas mort, mais attend la prochaine saison. Il faut alors marquer son emplacement puisque l’année suivante il rejaillira de terre avec vigueur et fleurs.
Néanmoins, sur plusieurs bulbes de beau calibre, il n’est pas rare que quelques-uns fleurissent tout de même dès la première année.
Où faut-il planter le martagon ?
Le lis martagon supporte le plein soleil à condition que sa terre reste fraîche en été. On dit de lui alors : tête au soleil et pied à l’ombre, l’ombrage et la fraîcheur seront générés alors par des plantes voisines et un paillage.
Plus souvent, on l’installe en ombre claire, protégé du soleil par un mur ou par un grand arbre, ou encore mieux, car quelques rayons de soleil augmentent le nombre de fleurs sur ses hampes, à mi-ombre, avec du soleil le matin et/ou le soir, mais ombragé pendant le milieu de la journée pour éviter la surchauffe.
Bref, finalement ces martagons peuvent aller où on veut, ce qui permet facilement de jouer avec les couleurs, les volumes et les contrastes au sein des massifs.
Entre une exposition très ensoleillée ou l’ombrage, le choix peut être fait judicieusement en fonction de la variété, car plus sa teinte est pâle et mieux elle est mise en valeur dans l’ombre.
Un port parfait
Les martagons gardent toujours un port naturel et aérien. Loin des formes lourdes des lis orientaux, leurs inflorescences hautes (90 à 140 cm) aux petites fleurs de porcelaine parfaitement formées sont bien espacées avec un long pédoncule. Elles sont nettement dégagées au-dessus du feuillage par leur hauteur de tige florale.
Leur tige est forte et leurs fleurs ne sont pas si lourdes : ils n’ont généralement pas besoin d’être tuteurés.
Leurs feuilles en verticilles étagés font également un feuillage intéressant, bien fourni.
Lorsque les fleurs de ces martagons émergent d’un massif au feuillage bien rempli, ils sont de toute beauté.
Planter les bulbes de lis martagon avec soin
Les bulbes de martagons seront installés au jardin le plus tôt possible en saison, entre novembre et mars. Ils sont précoces et ont besoin de s’enraciner tôt.
Ils apprécient un sol légèrement basique et relativement drainant, donc à la plantation si vous leur apportez du terreau, choisissez-leur un terreau sans tourbe (qui n’acidifie pas le sol).
Plantez-les profond ! Des racines, et les bulbilles qui lui permettent de se multiplier rapidement sont produites sur la portion de tige enterrée au-dessus du bulbe. Une partie de ses racines, persistante, pousse de la base du bulbe, mais de nombreuses racines renouvelées chaque année sont aussi produites à partir du bas de la tige. Il leur faut donc environ 15 cm d’épaisseur de terre au-dessus du bulbe.
La terre au-dessous du bulbe doit être aussi ameublie et on lui ajoute si besoin du matériel de drainage : sable grossier (même calcaire), pouzzolane, billes d’argile…
Si vous avez l’impression que beaucoup de bulbes rustiques disparaissent d’une année sur l’autre, c’est que votre jardin accueille sans doute des mulots. Dans la mesure où ces petits rongeurs peuvent se nourrir des bulbes de lis en hiver, on peut protéger éventuellement les bulbes de martagon dans une cage de grillage à poule fait maison qu’on enterre avec.
Espacez suffisamment les bulbes à la plantation (d’un minimum de 40 cm) pour laisser de l’espace à leurs racines et pour que leurs hampes ne se chevauchent pas, ce sera plus joli. De toute façon, ils aiment la compagnie d’autres plantes plus basses qui maintiennent de la fraîcheur à leur pied et les mettent visuellement en valeur.
Entretien des lis martagon
L’entretien du martagon est léger.
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Sauf si c’est absolument nécessaire pour les déplacer, on ne les déplante pas.
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Après la floraison, le lis a encore besoin de ses feuilles jusqu’en automne pour régénérer son bulbe. Lorsque la dernière fleur est fanée, la hampe est coupée au-dessus du verticille de feuilles le plus haut. Cela évite de fatiguer le bulbe par une mise en graines dont vous ne ferez rien. Par contre, si vous souhaitez vous lancer dans le semis de martagon, ne gardez que 2 capsules de graines. C’est bien suffisant.
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Durant toute la période de végétation, mais surtout en début de saison, il faut inspecter le feuillage à la recherche du criocère du lis (petite bête rouge assez mignonne) pour les collecter à la main et les détruire, avant qu’ils ne se reproduisent. Pour se sauver, ils se laissent tomber donc, maintenez une boite en dessous d’eux et faites-les tomber dedans.
Les lis martagons sont parmi les premiers lis à sortir leurs feuilles, donc les criocères s’y précipitent pour leur première ponte. Si on ne les en empêche pas, les larves dévorent le feuillage et vivent entourées de leurs excréments sous les feuilles (petits tas noirs et gluants beurk ! À ôter à l’aide de papier absorbant).
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En mai, pailler les martagons qui pourraient souffrir de manque d’eau ou de chaleur en été.
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Quand leur feuillage se termine, notifier leur emplacement avec un bâton ou une étiquette pour ne pas oublier.
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En hiver ou au printemps, étaler un compost en surface pour les nourrir.
Division des lis Martagons
Au fil du temps, un bulbe de cultivars de martagon se divise et se multiplie, au point que de nombreuses hampes florales s’épanouissent en même temps.
Au bout de 10 ou 15 ans, on voit parfois une diminution des floraisons, notamment au centre du groupe de lis. Dans ce cas seulement, ces lis martagons peuvent gagner à être divisés.
Attention, ce processus doit être rare, fait uniquement si on observe un amoindrissement de leur vigueur, car souvenez-vous, ce Lilium préfère ne pas être dérangé.
Cette division sera faite en automne, dès que leurs tiges sont entièrement jaunies. Sous chaque tige, il y a un bulbe. La terre doit être très délicatement creusée à l’aide d’une fourche à bêcher, et non d’une bêche qui couperait les racines. La fourche s’enfonce à 15 cm des tiges les plus à l’extérieur puis soulève délicatement les bulbes les uns après les autres, en leur laissant un maximum de racines.
Ces bulbes déterrés ne doivent pas rester à l’air libre, sinon leurs racines et même les écailles sèchent. Il faut les replanter aussitôt.
Pour les multiplier par division
En automne, en grattant délicatement la terre autour d’une tige jaunie, vous pourrez trouver sans doute 1 ou 2 bulbilles, parfois déjà assez épaisses.
La multiplication par semis
Si vous avez laissé quelques capsules pour semer votre lis, il faut semer les graines dès que les capsules s’ouvrent sous les doigts et les enterrer aussitôt sous 1 cm de terre légère. Elles ont besoin de moyennement chaud (fin d’été/automne), puis de froid (hiver) avant de faire leur première feuille au printemps suivant. Si c’est en pot, humidifiez légèrement la terre puis emballez-le dans un sachet pour le laisser dehors. Ces lis peuvent nécessiter 5 à 7 ans pour fleurir à partir de la graine.
La multiplication des écailles
Les écailles détachées malencontreusement du bulbe peuvent se bouturer.
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