La tortue d'Hermann, emblème de la faune méditerranéenne
Véritable emblème de la faune méditerranéenne, la tortue d'Hermann fait partie des rares espèces de tortues terrestres encore présentes à l'état sauvage dans la nature en Europe. Bénéficiant d'un statut de protection depuis 1979, elle fait partie de ces trésors à préserver, car elle demeure toujours menacée.

Présentation
La tortue d'Hermann (Testudo hermanni), est un reptile originaire du nord du bassin méditerranéen (de la Catalogne au Bosphore). On peut la rencontrer dans le maquis touffu ou la garrigue, des zones très ensoleillées et sèches, des prairies et des pinèdes, en Corse, mais aussi en Provence.
Cette vie paisible (ou presque) dans le Sud de la France, lui permet de profiter de longues heures d'ensoleillement pour réguler sa température corporelle et activer son métabolisme, comme le font la majorité des reptiles, des animaux à sang froid.
Comment reconnaître la tortue d'Hermann ?
Vous la reconnaîtrez à sa carapace fortement bombée, jaune, présentant des taches noires de formes géométriques sur chaque écaille.
Le corps est jaune également et recouvert d'écailles de la tête à la queue. Les 4 pattes portent de puissantes griffes qui l'aident à creuser et à se déplacer dans les zones rocailleuses et arides qu'elle fréquente. Sa queue présente une griffe caudale terminale.
Notez qu'elle n'a pas de tubercules cornés sur la partie supérieure de ses pattes postérieures et l'écaille supracaudale est divisée en deux. Ces caractéristiques la différencient de Testudo graeca, la tortue grecque, avec laquelle on pourrait la confondre.
Pouvant vivre près de 60 ans, la tortue d'Hermann peut atteindre à l'âge adulte entre 20 et 25 cm de longueur pour les femelles (qui sont toujours plus imposantes que les mâles) et un poids de 2 kg contre la moitié pour un mâle.
Comportement
La tortue d'Hermann est très discrète durant la mauvaise saison, et ce pour une raison simple : elle entre en hibernation, elle s'enterre alors sous une vingtaine de centimètres de substrat. Vous la croiserez si vous avez de la chance dès le printemps, et ce, jusqu'en octobre. En été, elle ralentit ses activités durant les périodes de canicule. Il s'agit d'un animal diurne, vous avez donc peu de chance de croiser une tortue la nuit. Peu voyageuse, la tortue d'Hermann ne quitte pas son territoire dont la surface ne dépasse pas 2 hectares.
Lorsqu’elle vit dans un jardin, la tortue d’Hermann est tout aussi discrète ; vous pouvez l'attirer en lui offrant de la salade ou des fraises, mais ne vous attendez pas à ce qu'elle soit particulièrement câline. Elle apprécie les longs bains de soleil qui lui permettent d'activer son métabolisme et de retrouver l'énergie nécessaire à sa vie quotidienne. Ne la dérangez pas pendant ces moments précieux !
Régime alimentaire de la tortue d'Hermann
Cette tortue terrestre est principalement herbivore, elle apprécie tout particulièrement les graminées, mais aussi les végétaux de la famille des Fabacées et des Crucifères. Pensez à clôturer votre potager si vous désirez préserver vos choux, car elle les adore ! Elle se nourrit aussi de fruits, de baies et de champignons.
Cependant, elle constitue une bonne alliée du jardinier, car elle met à son menu certains invertébrés, dont des vers, des limaces et des escargots.
Parfois nécrophage, elle ne rechigne pas à débarrasser le jardin de quelques menus cadavres de petits animaux.
Cette tortue par son alimentation et ses déplacements, joue un rôle clé dans son écosystème en contribuant à la dispersion des graines et en limitant la croissance excessive de certaines plantes.
Reproduction
La maturité sexuelle n'est atteinte qu'au bout de dix ans. Les accouplements ont lieu du printemps à la fin de l'été. La femelle va aménager une cavité dans le sol pour y pondre jusqu'à 4 œufs. La durée d'incubation varie selon la température et le taux d'humidité, mais il faut compter environ 90 jours. Généralement, les petites tortues éclosent après une forte pluie en fin d'été.
Menaces et conservation
La tortue d'Hermann est une espèce menacée et protégée depuis 1979.
Elle est également inscrite à l'annexe II de la Convention de Berne et à l'annexe II de la Directive Habitats de l'Union européenne, ce qui interdit sa capture, son transport, sa vente ou sa détention. Seuls quelques élevages sont habilités à vendre des tortues d'Hermann.
La destruction de son habitat naturel et, par extension, la raréfaction des lieux de ponte, l'urbanisation, l'agriculture intensive et les incendies, si fréquents dans les zones méditerranéennes ont fait des ravages au sein de ses populations.
Le commerce illégal de reptiles de ce type, et donc, le braconnage dans la nature font malheureusement partie des causes de sa disparition progressive.
Face à ce problème de menace de l'espèce, plusieurs programmes de conservation ont été mis en place. En France, des réserves naturelles, comme celle de la plaine des Maures (1) dans le Var ou le village des tortues à Moltifao en Corse (2), protègent des populations de tortues d'Hermann.
Un Plan National d'Action (PNA), œuvre à sauvegarder les populations sauvages, à aménager leurs habitats, et à sensibiliser le public.
La lutte contre les incendies fait également partie de ces mesures, tout comme l'aménagement de corridors écologiques pour permettre à la tortue de se déplacer.
Ce PNA participe en outre à la réintroduction d'individus issus de programmes d'élevage dans des zones où la population a disparu ou est en fort déclin.
La cohabitation avec l'agriculture et l'urbanisation fait aussi partie des défis abordés par le projet.
Le travail de nombreuses petites associations qui soignent des tortues blessées ou qui accompagnent la réintroduction de tortues braconnées ne doit pas être oublié.
Comment est-il possible que je puisse acheter une tortue d'Herman, alors que la convention de Berne l'interdit ?
Cette convention interdit la capture et le commerce de tortues sauvages prélevées dans la nature. L'élevage en captivité sous conditions strictes par des éleveurs agréés est toutefois accepté, tout simplement pour réduire la pression sur les populations sauvages et dissuader les prélèvements illégaux dans la nature.
Pour pouvoir vendre des tortues d'Hermann, les éleveurs, soumis à de nombreux contrôles rigoureux et en possession d'agréments spécifiques, doivent en plus obtenir des certificats CITES. Ces documents, qui permettent de suivre la traçabilité et de s'assurer que les tortues ont été élevées légalement, offrent la garantie qu’elles ne sont en aucun cas issues du milieu sauvage et que leur commerce est encadré. Chaque tortue doit impérativement être vendue accompagnée d'un certificat CITES.
Quant au nouveau propriétaire, il devra de son côté obtenir une autorisation de détention d'espèce protégée, délivrée par la préfecture, pour avoir le droit d’accueillir une tortue d'Hermann chez lui.
Combien coûte une tortue d'Hermann ?
Les tortues nées en captivité dans ces élevages sont vendues tout à fait légalement.
Le prix varie selon l'âge du sujet et son sexe. Les petites tortues de moins de 2 ans se négocient entre 100 et 300 €, alors qu'une femelle adulte pouvant être utilisée pour la reproduction peut valoir aisément de 500 à 700 €.
N'oubliez pas, qu'une tortue est un animal qui a des besoins spécifiques. En zone méditerranéenne, elle pourra être installée dans un jardin fermé par un enclos.Ailleurs, un terrarium, un système de chauffage, et un éclairage UVB devront être ajoutés au coût initial. Des frais vétérinaires pourront aussi s'avérer nécessaires, comme pour tout animal de compagnie. Pensez-y !
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