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La mineuse de la carotte, un ravageur des racines

S'attaquant à de nombreuses plantes de la famille des Apiacées, la mineuse de la carotte fait partie de ces ravageurs que l'on préfère ne pas côtoyer dans son potager. Capable de compromettre une récolte en un rien de temps, ce petit insecte doit être éloigné grâce à des méthodes préventives et des inspections régulières des cultures, que ce soit dans un potager particulier ou en maraîchage.

La mineuse de la carotte (Psila rosae), un ravageur des racines
La mineuse de la carotte (Psila rosae), un ravageur des racines © Tomasz - stock.adobe.com

Reconnaître la mineuse de la carotte

La mineuse de la carotte (Psila rosae), également connue sous le nom de mouche de la carotte, est un insecte diptère de la famille des Psilidés qui s'attaque principalement aux carottes, mais aussi à d'autres membres de la famille des Apiacées comme le céleri, le panais, le persil, etc.

Aussi discrète que redoutable, la mineuse de la carotte officie le plus souvent sous terre sous la forme de ses larves, ce qui la rend très difficile à repérer avant que les dégâts ne soient irréversibles.

Description Psila rosae

Sous sa forme adulte, la mineuse de la carotte revêt l'aspect d'une petite mouche de 4 à 5 mm de long. Son corps est noir, un peu allongé comme celui d'une grosse fourmi, ses trois paires de pattes sont jaunes et sa tête brun-orangé avec des yeux à ocelles très développés. Elle porte des ailes translucides, légèrement fumées, plus longues que l'abdomen.

Les larves, responsables de la majorité des dégâts, se présentent sous la forme de petits asticots blancs de 5 à 10 mm de longueur selon leur stade.

Les pupes, généralement enterrées dans le sol, sont brun/jaunâtre et mesurent 5 mm de long.

Cycle de vie

Le cycle de la mineuse de la carotte comprend plusieurs étapes et, selon les régions, elle peut produire deux à trois générations par an. La deuxième génération, en particulier, peut causer des dégâts importants en fin de saison.

Les adultes émergent au printemps, lorsque les températures dépassent 10 °C. Ils quittent alors la forme de pupe, sous laquelle ils ont passé l'hiver enfouis dans le sol.

Après la reproduction, la femelle pond ses œufs directement au niveau du collet des plants de carottes, juste avant le coucher de soleil par temps non venteux. Elle est attirée par les composés organiques volatils spécifiques émis par certaines plantes de la famille des Apiacées, dont la carotte. La température idéale pour la ponte est comprise entre 19 et 22 °C. On note une forte mortalité des œufs dès que les températures dépassent 25 °C.

Après l'incubation qui va durer une dizaine de jours, l'éclosion aura lieu. Les larves, de petits asticots blancs, pénètrent alors dans les racines et creusent des galeries, se nourrissant des tissus internes de la plante.

Une fois leur développement terminé, les larves quittent les racines pour se nymphoser dans le sol, dont elles émergeront sous la forme adulte après 25 jours si les températures demeurent assez douces, c'est-à-dire comprise entre 15 et 22 °C.

C'est ainsi qu'une deuxième, voire une troisième génération, suivront en été et parfois également en début d’automne. Les nymphes de la dernière génération, bien cachées dans le sol, constitueront le réservoir d'adultes qui émergeront au printemps suivant.

Symptômes et dégâts

Les indices d'une attaque de mineuse de la carotte ne sont pas toujours visibles de prime abord. Cependant, un ralentissement de la croissance des carottes ou un feuillage qui jaunit puis rougit peut alerter.

Il faut généralement arracher les carottes pour se rendre compte de la présence de ce ravageur redoutable. C'est à ce moment que l'on découvrira de petites galeries sinueuses, brunâtres, qui rendent la carotte impropre à la vente ou à la consommation. Ces galeries peuvent favoriser l’entrée d’agents pathogènes secondaires, provoquant des pourritures.

Autre problème : outre leur aspect peu ragoutant, les légumes infestés présentent une amertume en bouche.

Méthodes de prévention

La lutte contre la mineuse de la carotte repose essentiellement sur la prévention, qui demeure une étape cruciale. Parmi les méthodes employées :

  • une inspection régulière de la culture est importante pour détecter au plus vite la présence du ravageur ;
  • la rotation des cultures qui consiste à ne pas cultiver des carottes ou tout autre légume de la famille des Apiacées au même endroit pendant au moins 4 ou 5 ans devra être mise en place. Cela limite la réinstallation des populations issues des pupes hivernantes ;

  • un binage régulier va déranger le cycle de l'insecte en mettant à jour les pupes. Si vous avez des poules, faites-les participer à cette opération, elles vous aideront à les éliminer ;

  • un sol bien drainé permettra d'éviter la prolifération de cet insecte qui se plaît dans des terres riches en matière organique et conservant l’humidité. Ajoutez du sable de rivière à la terre, si elle est argileuse, compacte et qu'elle a tendance à trop retenir l'eau. Le sable assurera une meilleure évacuation de l'eau tout en permettant aux racines de carottes de se former sans déformations.

  • l'association de cultures qui consiste en la plantation de végétaux qui rebutent par leurs effluves la mouche de la carotte sera également d'une aide précieuse. Parmi eux, les oignons ou les poireaux qui, plantés en rangées alternantes avec les carottes, vont les protéger, mais aussi les tomates, bien que cette association soit moins connue ;

  • Moins fréquente mais très efficace, la mise en place d'huile essentielle d'oignon sur des granules spécifiques, sera mise effectuée dès la levée sur la parcelle et renouvelée tous les 6 mois.

  • l'installation de filets anti-insectes qui permettra de couvrir les cultures avec des filets à mailles fines pour empêcher les mouches de pondre. Cette méthode est une des plus efficace.

  • le semis en décalé peut être tenté. Effectuez les semis hors de la période de vol principal des mouches, qui a lieu fin mai-début juin. Par exemple, vous sèmerez début mars pour récolter en juin, ou fin juin pour récolter en automne ;

  • la plantation de variétés résistantes comme 'Resistafly' ou 'Flyaway' ;

  • la mise en place de pièges chromatiques collants jaunes ou oranges aidera à capturer les adultes et donc de confirmer la présence de l'insecte pour agir au plus vite ;

  • la pulvérisation de purin de fougère ou d'une macération de feuilles de ciboulette repoussera les mouches de la carotte ;

  • l'élimination de toute carotte atteinte est cruciale pour éviter la propagation du ravageur ;

  • enfin, privilégier la biodiversité est la clé de l'équilibre dans votre jardin. La présence d'insectes prédateurs, tels que les carabes et les staphylins, qui se nourrissent des œufs et des larves de la mineuse sera d'une grande aide dans cette lutte.

Méthodes curatives

Une fois la bête installée, il n’existe pas de formule miracle pour combattre la mineuse de la carotte.

Cependant, il existe des pratiques en lutte biologique capables d'en venir à bout, à condition de les appliquer par temps doux, dans un sol très humide. Il s'agit de nématodes entomopathogènes de l'espèce Steinernema feltiae.

Autre solution, le lâcher d'acariens spécifiques de type Macrocheles robustulus réduirait le risque de dégâts sur les carottes de 40 % selon la FREDON nouvelle-Aquitaine.

En combinant ces différentes méthodes, vous pouvez réduire considérablement les risques de dommages causés par la mineuse de la carotte et préserver vos récoltes.

Article rédigé par Iris MAKOTO

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