Cormier, Sorbier domestique
Sorbus domestica, le cormier, est une essence d’arbre européenne rare, belle et fruitière, pressentie pour remplacer nos arbres décimés par le réchauffement climatique. Résistant à la sécheresse et à la chaleur, ce cormier est aussi un excellent arbre de service en agroécologie.


Sorbus domestica est un arbre caduc, une essence européenne appartenant à la grande famille des Rosacées, comme le pommier ou le cerisier. Le sorbier domestique est originaire d’Europe méridionale, mais ayant été dispersé il y 2000 ans pour sa production de fruits, il est considéré comme indigène sur le territoire Français, présent en Europe, Asie Mineure et Afrique du Nord.
Malgré cette large répartition, il est considéré comme très rare, protégé dans plusieurs régions. En effet, la population naturelle du cormier est très morcelée, dispersée, depuis que son fruit comestible n’est plus consommé. Quelques individus anciens sont notifiés comme arbres remarquables.
Bien que tout à fait tolérant en culture, l’espèce est actuellement considérée comme fragile du fait cause de sa régénérescence naturelle faible.
Pourtant, en ces temps de réchauffement climatique, le cormier est aujourd’hui une espèce à favoriser : il supporter la chaleur et a de nombreux avantages agroécologiques.
De croissance lente, mais tolérant, produisant des fruits comestibles et un bois très qualitatif, le cormier est donc un bel arbre en voie d’extinction à replanter, multiplier, favoriser avant qu’il ne disparaisse…
Description du cormier ou sorbier domestique
En isolé, le cormier prend de l’aisance, haut de 5 à 15 m, il porte son houppier bien étalé. Par contre, en peuplement plus dense, il forme un arbre au tronc droit et élancé (20 m), surmonté d’un houppier globulaire. Il peut monter exceptionnellement jusqu’à 30 m.
Son système racinaire est dirigé en profondeur.
Son écorce, sur un arbre mature, est écailleuse et sombre. Ses écailles assez typiques, rectangulaires et allongées, se détachent plus ou moins sur le bas de l’arbre.
Les sorbiers domestiques les plus anciens ont un tronc épais de 80 cm environ. Leur durée de vie moyenne se situe vers 200 ans, mais certains dépassent les 400 ans.
Le feuillage du sorbier domestique, très découpé, produit une ombre agréable et légère. Les feuilles caduques sont alternes, composées pennées de 11 à 21 folioles, dentées le plus souvent seulement au 2/3 supérieur, velues quand elles sont jeunes, puis glabres.
Les fleurs sont régulières et bisexuées, blanches, typiques des rosacées sont disposées en corymbe, des inflorescences comprenant 30 à 75 fleurs.
Même si elles sont capables d’un peu d’autopollinisation, elles sont bien plus fructifères avec une pollinisation croisée (entre deux arbres issus de 2 graines différentes), assurée par les abeilles, les syrphes, les bourdons, etc.. Cette pollinisation croisée est possible dès qu’il existe un autre sorbier domestique à moins de 12 kilomètres.
Les cormes, ou fruits du cormier ressemblent à de petites pommes ou de petites poires selon les individus. Elles mesurent en moyennes 3 cm de diamètre et deviennent jaunes ou rouges à maturité. Ces cormes renferment 1 à 5 graines noires, tels des pépins de pomme.
Les fruits sont consommés par les mammifères qui disséminent les graines après digestion du fruit.
Ces fruits étaient consommés autrefois lorsqu’ils étaient blets (trop mures). Il faut cependant être patient pour en goûter ses fruits à partir d’un arbre semé qui commencera à produire vers les 30 ans d’âge !
Le cormier est capable de produire des drageons qui généralement ne persistent pas, surtout s’ils sont ombragés.
Savoir différencier Sorbus aucuparia et Sorbus domestica
Cornus domestica peut être parfois confondu avec le sorbier des oiseleurs, surtout quand il a moins de 7 ans, car son écorce est lisse jusqu’à cet âge. Le cormier croît beaucoup plus lentement.
Sinon, leurs folioles diffèrent aussi légèrement. Le sorbier des oiseaux montre des folioles pointues, à base asymétrique et dentée partout. Tandis que le cormier montre des folioles au bout arrondi, souvent symétrique, non dentées vers la base.
Comment cultiver le cormier ?
Sorbus domestica a bon caractère ! il est très tolérant sur la nature du sol, d’acide à basique, même calcaire, tant qu’il n’est pas inondé et que cet arbre reçoit assez de soleil. Même un sol lourd argileux lui convient du moment qu’il n’est pas concurrencé pour la lumière.
Le cormier a l’avantage de très bien supporter la chaleur et la sécheresse une fois bien enraciné (au bout de 2 années). Il se montre alors plus concurrentiel que beaucoup d’autres espèces d’arbres.
Bien sûr, un terrain riche et régulièrement arrosé lui permet d’avoir une croissance un peu plus rapide, mais il supporte aussi les terrains pauvres et les sols secs.
Cependant, pour se développer, il a besoin absolument d’une exposition mi-ombre ou ensoleillée.
Il est transplanté de préférence de novembre à mars, de préférence assez jeune, et devra être régulièrement arrosé en cas de sécheresse durant ses 2 premières années.
Étant rares, actuellement, les sorbiers domestiques proposés à la vente sont principalement des arbres greffés, qui d’ailleurs produisent fleurs et fruits plus rapidement.
Mais il serait judicieux de multiplier et planter ce cormier à partir de plantes semées, pour étoffer sa diversité génétique (donc le sauver) et pour profiter des bienfaits de son enracinement profond.
Du point de vue forestier
Le cormier est de croissance lente, ce qui lui permet de produire un bois précieux, d’excellente qualité : très dur, beau, lisse au polissage. Son grain est fin et il se travaille bien. Il était autrefois (avant de pratiquement disparaître) utilisé pour faire des meubles de qualité, des bateaux et des instruments de musique.
Aujourd’hui, son bois très recherché est parfois commercialisé sous l’appellation « poirier suisse » qu’il partage avec quelques autres espèces.
L’essence est malgré tout vigoureuse : la croissance du jeune cormier se fait d’abord surtout en hauteur. Il s’élève plus rapidement qu’un chêne. Puis s’il en a la place et qu’il peut développer un large houppier, son tronc s’épaissit à la même vitesse qu’un hêtre. Il a l’avantage de maintenir son tronc extrêmement droit.
En revanche, Sorbus domestica ne supporte pas la concurrence d’un chêne par exemple, trop près et qui le dépasse en hauteur.
Agroforesterie et agroécologie
Avec le réchauffement climatique, certaines essences locales souffrent actuellement en France de la chaleur ou de manque d’eau et meurent. Sorbus domestica, résistant à la chaleur et à la sécheresse, est une des espèces qui pourraient être plantées à leur place.
L’agriculture fait preuve donc d’un nouvel intérêt pour cet arbre,
Du point de vue écologique, il est favorable à la biodiversité et au maintien de la vie du sol. Son système racinaire bien développé va chercher l’eau en profondeur sans assécher la surface, et son ombre est légère, si bien qu’il fait un bon « arbre de service » en agroforesterie.
D’ailleurs, « arbre de service » est le nom commun que lui donnent les anglophones.
Il permet d’adoucir les excès climatiques pour les cultures qui se développent à ses pieds et peut notamment être cultivé avec la vigne.
Par exemple, en plus de limiter la surchauffe de l’air, le système racinaire du cormier va faire remonter de l’eau par capillarité s’il en manque en surface, et à l’inverse, peut également offrir un effet de drainage sur une argile trop lourde.
Le fruit était autrefois consommé quand il était trop mûr. Ils étaient cueillis puis laissés à blettir, devenant bruns. Le fruit va blettir aussi sur l’arbre, mais est alors très apprécié par les oiseaux, les rongeurs, voire des blaireaux, des chevreuils, des sangliers, et même de quelques carnivores.
Les cormes blettes servent entre autres à produire du Snaps. Du point de vue médicinal, elles aident à lutter contre la nausée et contre la diarrhée.
Multiplier le cormier
Sorbus domestica se multiplie par semis, mais ce semis n’est pas des plus aisés.
Les petites graines noires sont si possible débarrassées de leur péricarpe, puis mélangé avec le substrat de semis, une bonne terre humifère humidifiée. Ce pot de semis doit connaître un minimum de 2 semaines de températures assez chaudes, puis une stratification froide de 2 à 4 mois entre 1 et 4 °C (ensaché dans le bas du réfrigérateur, par exemple).
De façon plus naturelle, en extérieur, il n’est pas rare que ces graines demandent plusieurs alternances de saisons chaudes et saisons froides avant de germer.
En milieu sauvage, sa régénérescence naturelle est faible, d’où sa rareté. Cependant, les graines germent plus facilement après avoir transité dans l’intestin d’un animal qui a mangé le fruit.
Lorsque les plantules ont germé, elles montrent une croissance lente et sont assez fragiles. Elles sont protégées des limaces, arrosées régulièrement et bien aérées. Elles sont maintenues en pot, jusqu’à leur premier hiver puis transplantées en place au printemps suivant afin qu’elles développent efficacement leur système racinaire en profondeur. Les jeunes cormiers apprécient un ombrage léger.
Une multiplication végétative est possible à partir des quelques drageons qui repoussent à partir d’une racine superficielle et par greffage.
La plante en bref
Botanique
Floraison
Port et feuillage
Plantation
Entretien & Multiplication
Espèces et variétés intéressantes
Sorbiers et alisiers
- Sorbus aria, alisier blanc
- Sorbus chamaemespilus, alisier nain et montagnard
- Sorbus aucuparia, le sorbier des oiseleurs
- Sorbus intermedia, le sorbier de Suède
- Sorbus torminalis, l’alisier
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