Les champignons des villes
Des forêts aux prairies, des dunes de sable aux crottes de mammifères, des marais aux places incendiées....Les champignons occupent des habitats diversifiés, aux conditions parfois extrêmes. Et ils ont su s'adapter aisément au milieu urbain.

Un mode de vie urbain
Les champignons des villes déploient leurs pieds et chapeaux, parties reproductives, dans les milieux les plus insolites. Sols tassés, pollués, couverts de béton, pelouses traitées, anciens décombres, zones d'incendies, troncs d'arbres, paillages de copeaux de bois....
Le mycélium, partie végétative, tente sa chance, quitte son habitat naturel. A la rencontre de milieux anthropisés, il cherche, trouve des conditions proches de son milieu d'origine, s'adapte, et s'installe dans nos villes et villages.
Des bords de chemins aux trottoirs des villes
On doit à l'Agaric des trottoirs une prouesse adaptative citadine des plus spectaculaires parmi le monde fongique. Le trottoir de la rue, le bitume de la route, un jour se fendille, se surélève poussé par une force souterraine puissante, silencieuse, lente. Apparaît, tête dure, le chapeau d'un Agaric. Agaricus bitorquis. Il ressemble au Rosé-des-prés, mais pousse dans des sols piétinés, compacts, caillouteux. L'urbanisation l'a vu s'étendre le long des chemins, au bord des routes, jusqu'au cœur des villes. D'autres Agarics l'ont suivi, s'installant dans des milieux un peu plus confortables.
Des lisières aux parcs
Quelques Agarics ont trouvé leur place dans les milieux anthropisés. De leurs clairières, lisières, ils sont venus vers les parcs, leurs arbres et leurs pelouses. Ils ont supporté le piétinement, la pollution, les sols de nombreuses fois remaniés, L'Agaric radicant, Agaricus bresadolanus est ainsi typique des lieux, bords de chemins, parcs et aussi jardins, aux côtés de l'Agaric impudique, Agaricus impudicus.
Sous les feuillus apparaîtra l'Agaric des jachères, Agaricus arvensis. Les pelouses dégagées, peu arborées, accueilleront des variétés bien connues.
Des prairies aux pelouses
Le célèbre Bouton de guêtre, ou Marasmius oreades, trouve aussi place dans des lieux inattendus, camping, pelouses bordant des parking. L'Agaric jaunissant, Agaricus xanthodermus, apprécie les sols azotés, enrichis par les activités humaines. S'il ressemble au Rosé-des-prés, il ne se récolte pas, laissé de côté pour sa toxicité, son pied jaunissant à la base signalant sa dangerosité. Autres amatrices de sols riches, les Lépiotes. Qui s'adaptent elles aussi au piétinement, à la pollution, aux tontes régulières.
Des forêts aux arbres citadins, aux poutres des bâtiments abandonnés
Si les arbres des forêts portent des champignons consommateurs de bois, il en est de même pour les arbres citadins. Quelques Polypores signalent de leurs consoles accrochées aux troncs les faiblesses de leurs hôtes. Perenniporia fraxinea, adepte des frênes, se développera aussi sur les arbres de Judée, les Platanes, les Chênes. Le Polypore soufré, Laetiporus sulfureus, dit poulet des bois pour sa chair blanche filamenteuse, se rencontrera sur feuillus essentiellement. La connue Piboulade, Pholiote du peuplier, Agrocybe aegirata, a été repertoriée sur peupliers et saules encore vivants.
Les champignons de villes se rencontrent en tout lieu. Les maisons abandonnées verront se développer des Polypores consommateurs de bois mort, tel le Poria de Vaillant, Fibroporia vaillantii, pour ne pas citer dans les maisons habitées la terrible Mérule, Serpula lacrymans. Les décombres et sols brûlés verront apparaître après la pluie Peziza petersi et Peziza muralis, et parfois les Morilles, invitées inattendues. Mais à regarder avec les yeux, comme tous les champignons citadins. Leur capacité à concentrer les toxines les rend totalement inconsommables.
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