Les plantes fixatrices d'azote pour enrichir le sol
La nature regorge de secrets, parfois enfouis sous le sol. Marc-Henri Doyon des pépinières Ripaud nous en révèle un dans cette vidéo où il sera question de plantes ayant pour capacité de capter l'azote dans l'atmosphère et de le rendre immédiatement disponible pour les plantes via une symbiose bactérienne. Découverte...
Qu'est-ce que l'azote ?
L'azote est un des trois éléments chimiques naturels essentiels à la croissance des plantes. Azote (N), phosphore (P), potasse (K), sont généralement indiqués selon leur quantité sur les emballages d'engrais ou de terreau sous la forme NPK suivie de chiffres.
L'azote est une molécule diatomique (N2) sous la forme de gaz incolore à l'état standard. C'est cet élément indispensable qui va permettre le développement végétatif de la plante, c'est-à-dire son système racinaire, et son système aérien comprenant ses branches et ses feuilles.
Cet élément est naturellement présent dans l'air, du reste, lorsque l'on respire, on absorbe environ 80 % d'azote. l'azote est également présent de manière variable dans les sols.
Certaines plantes vont avoir pour capacité de créer un partenariat avec des bactéries leur permettant ensuite de réussir à capter directement cet azote de l'air et le restituer de manière disponible dans le sol.
Quelles sont les plantes fixatrices d'azote ?
Marc-Henri, nous présente le Sophora 'Sun King' un arbuste faisant partie de la fameuse famille des Fabacées (de nos jours Légumineuses).
Cette vaste famille comprend des plantes herbacées comme les pois, les haricots, les fèves, mais aussi des arbres et arbustes tels le catalpa ou le gleditsia.
Les plantes de cette famille ont la capacité d'entrer en symbiose avec des bactéries du sol. On retrouve également ce phénomène avec la famille de l'eleagnus plus connu sous le nom de 'Chalef', un arbuste très utilisé pour former des haies.
Cette notion de fixation d'azote est très importante, car dans un certain nombre de sols, peu de plantes pourront pousser, alors que les plantes fixatrices d'azote vont parfaitement réussir à s'y développer grâce à leur partenariat avec les bactéries.
Comment ces plantes fixent-elles l'azote dans le sol ?
Les racines de ces plantes présentent de petites boules, des excroissances, plus exactement des nodosités sur leurs racines, ce sont elles qui vont héberger des bactéries. Ces dernières vont capter l'azote de l'air qui pénètre dans le sol et vont le mettre à disposition des plantes.
Les plantes, en échange, par le biais du processus de photosynthèse assuré grâce aux rayons du soleil, vont capter du carbone, fabriquer des sucres qui vont ensuite nourrir les bactéries.
Lorsque l'on va fertiliser, notamment avec de l'engrais minéral chimique, la plante aura forcément beaucoup moins besoin de ces bactéries et va les négliger. Résultat : au lieu de profiter d'un azote gratuit, disponible en quantités illimitées dans l'air, le jardinier va aller acheter des sacs d'engrais, qui éventuellement risquent de créer des pollutions dans l'eau, sous la forme de nitrates. En effet, l'azote se présente sous diverses formes dont les nitrates, des substances polluantes et nocives pour l'environnement et la santé lorsqu'ils sont ingérés.
Conclusion : économisez l'engrais sur les plantes de la famille des Légumineuses et des eleagnus, car ces végétaux vont réussir à capter naturellement leurs besoins en azote même dans un sol pauvre.
L'absorption de l'azote est assez consommatrice en eau, les plantes qui entrent en symbiose avec les bactéries fixatrices d'azote, sont souvent des plantes résistantes à la sécheresse. Quand on pense aux arbres, le Cercis, autrement connu sous le nom d'arbre de Judée, fait partie des plantes très résistantes à la sécheresse, tout comme le sophora et l'eleagnus, qui est une des plantes de haies les plus résistante au manque d'eau.
Est-il nécessaire d'introduire ces bactéries ?
Ces bactéries fixatrices d'azote sont naturellement présentes, cependant, un certain nombre d'agriculteurs avisés, choisissent de privilégier les processus naturels plutôt que d'épandre des engrais chimiques. Ils vont donc utiliser ces fameuses bactéries, qui de nos jours sont produites en laboratoires, pour ensemencer les graines ou leurs champs afin de renforcer l'action de la nature. Cette méthode va leur assurer des plantes qui seront bien plus productives, dans le respect de l’environnement.
Autre technique, celle de l'utilisation des mychorizes, des micro-champignons qui prolongent les racines des plantes et les pourvoient en eau et en nutriments. Il s'agit d'un autre exemple d'alliance bienfaitrice au sein de la nature pour que tout ce petit monde arrive à vivre en harmonie et qu'il puisse tirer le meilleur parti de son environnement.
Quels sont les intérêts des plantes fixatrices d'azote au potager ?
Ces plantes peuvent être utiles au potager. Prenons l'exemple du haricot vert ; plutôt que d'arracher le plant en fin de culture, il est préférable de laisser la motte racinaire dans le sol, car toutes les nodosités présentes sur les racines sont très riches en bactéries et en azote et viendront nourrir la culture suivante.
Les plantes fixatrices d'azote comme engrais verts
Dans sa pépinière, Marc-Henri utilise régulièrement le trèfle, qui fait partie de la fameuse famille des Légumineuses, et qui va fixer l'azote via les bactéries pour enrichir le sol avant de replanter les arbres. Outre les trèfles à 4 feuilles, il existe de nombreuses espèces, dont les trèfles annuels qui seront laissés en paillage ou enfouis en fin de cycle, et les trèfles vivaces qui resteront en place 4 à 5 ans.
Il est important de laisser la plante faire son cycle entier pour que la fixation d'azote soit optimale. Si le trèfle est tondu très régulièrement, il fixera moins d'azote que s'il a l'occasion de se développer jusqu'à sa floraison, puis sa montée en graine.
Voilà une plante également très intéressante pour les abeilles et autres insectes pollinisateurs qui l'adorent. Notez qu'il est possible de faire du délicieux miel de trèfle, comme c'est le cas des pépinières Ripaud qui en produisent.
Un sol doit toujours être couvert ; n'hésitez pas à semer du trèfle plutôt que de laisser une parcelle à nu pendant plusieurs mois. Dans la nature, le sol ne demeure jamais nu, les agronomes ont d'ailleurs un dicton très parlant « Sol nu, sol foutu ».
Préférez semer un mélange de trèfles, de la vesce, de la féverole également. Dans la pépinière, le sol est couvert par une culture de féverole, qui va fixer de l'azote dans ses nodosités qui sera disponible au printemps pour les arbres et les arbustes.
Si l'on veut que bactéries et mychorizes se développent bien, il faudra leur fournir des plantes, car elles ont besoin de leur photosynthèse pour se nourrir, si le sol est laissé à nu, ce processus de photosynthèse est brisé et les bactéries ne pourront plus se multiplier.
D'où l'avantage de semer des engrais verts comme le trèfle ou la féverole qui, durant l'hiver, vont continuer à nourrir ces micro-organismes du sol, contrairement aux arbres à feuillage caduc dont la photosynthèse est au repos. Grâce à ces engrais verts, les bactéries et champignons bénéfiques vont se multiplier allègrement, pour qu'au printemps, ils soient disponibles en nombre pour nourrir vos légumes, arbres ou arbustes et plantes d'ornement.
La famille des fabacées, celle des haricots vert et des pois, on en use et on en abuse, au potager, dans la pelouse, au verger, ces plantes sont des compagnes idéales pour aider les autres végétaux à vivre !
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