Des fleurs toute la saison pour les auxiliaires du jardinier

Indispensables à l'écosystème du jardin, les auxiliaires qui parasitent ou se nourrissent des ravageurs de nos cultures, doivent être préservés. La mise en place d'une couverture végétale et florale dense constitue la meilleure des idées pour les attirer et fixer leurs populations. Explorons ensemble quelques pistes …

Des fleurs pour les insectes dans un jardin urbain
Des fleurs pour les insectes dans un jardin urbain © M.Dörr & M.Frommherz/stock.adobe.com

Pourquoi favoriser un couvert végétal au jardin ?

Très controversée, la pelouse est l'exemple type de ce qu'il ne faut pas faire si l'on désire préserver les auxiliaires du jardinier ! De même pour les zones de terre laissée à nu, notamment au verger sous les arbres fruitiers qui constituent des aires très pauvres en biodiversité.

Les auxiliaires du jardinier, qu'il s'agisse d'insectes comme les abeilles, les bourdons, les syrphes, les coccinelles et les cantharides, ou de reptiles, d'oiseaux, voire de mammifères, ont tous besoin d'une couverture végétale. Cette dernière est d'une importance cruciale, car elle leur fournit un abri, un lieu de reproduction et souvent une source de nourriture.

Les insectes ont besoin de fleurs qui produisent du nectar, tout comme les oiseaux ou les mammifères qui se nourriront ensuite des baies. Un bon couvert végétal assure également une zone de chasse protégée pour les reptiles, grands consommateurs de rongeurs et pour les hérissons qui se repaissent de limaces et d'escargots.

Sachant cela, on comprend mieux pourquoi un jardin tiré au cordeau composé de haies monospécifiques d'espèces non florifères, de vastes pelouses et de zones constamment désherbées et ratissées, se transforme peu à peu en désert pour la biodiversité.

En résultent des déséquilibres entre ravageurs, toujours prompts à s'installer, et auxiliaires prédateurs qui ne sont plus présents pour réguler leurs populations de manière naturelle.

Autre souci : l’absence d'insectes bénéfiques va engendrer une baisse de la pollinisation, notamment sur les plantes potagères et au verger, et par là-même, une baisse de la production.

Comment choisir les plantes qui attireront les auxiliaires toute la saison ?

La diversité avant tout 

Nul mystère ! La diversité végétale devra être privilégiée pour que le jardin demeure attrayant pour nos auxiliaires.

Notez que les plantes sauvages et les espèces botaniques ont bien plus d'intérêts nectarifères que les cultivars et autres obtentions récentes qui contiennent un pourcentage moindre de nectar.

Les sauvageonnes comme le pissenlit, la carotte sauvage et toutes les ombellifères, mais aussi l’achillée, la centaurée ou le trèfle constitueront une base parfaite.

Quelles plantes choisir ?

Lorsque vous désirez introduire de nouvelles plantes au jardin, optez pour des espèces diversifiées afin d'étaler les floraisons sur une longue période.

Jouez sur un combo de vivaces florifères, mais aussi d'annuelles et de bisannuelles. Attention, ces dernières ne fleuriront que la deuxième année suivant la plantation.

Parmi elles, une plante oubliée, mais à la fois utile et attirante pour les insectes auxiliaires, le pastel des teinturiers (Isatis tinctoria) qui fera leur bonheur d'avril à juillet. Petite parenthèse pratique, cette plante tinctoriale pourra être utilisée pour donner une douce couleur bleutée à vos tissus.

Vous préférez le jaune vif ? Qu'à cela ne tienne, introduisez dans votre jardin l'Anthemis tinctoria, qui prendra le relais de juin à octobre. Outre sa capacité à ensoleiller vos textiles, cette plante facile de culture aura pour grand avantage d'attirer des guêpes et des mouches parasitoïdes sur de nombreuses chenilles, ainsi que les carabes qui trouveront un gîte dans son découpé et dense feuillage. Rustique (-18 °C), vivace et lumineuse, cette plante devrait trouver sa place dans tous les jardins, mais aussi aux pieds des arbres fruitiers pour que les auxiliaires aient un accès direct aux chenilles.

Si votre sol est profond, frais à légèrement humide et riche, pensez à l'Angélique officinale, une bisannuelle de grande taille (1,80 m) très ornementale faisant partie de la famille des Apiacées. Cette plante médicinale, très utile pour soulager les soucis digestifs, est également utilisée en cuisine ou pour concocter des liqueurs. Mellifère, elle attire en masse les pollinisateurs.

Parmi les plantes considérées comme des engrais verts, qui sont utilisées pour améliorer la structure et la fertilité du sol, pensez à semer la phacélie aux délicates fleurs bleutées. Cette plante attire les syrphes, ainsi que les carabes, prédateurs des pucerons. Au verger, elle encourage la venue d'Aphelinus mali un auxiliaire féru de pucerons de la pomme. Selon l'époque de semis, elle peut fleurir de mai à octobre, alors échelonnez-les ! Dans la gamme des engrais verts, la luzerne, le lupin et le trèfle, faisant tous partie de la vaste famille des Fabacées, attireront de nombreux pollinisateurs tout en fixant l'azote dans le sol en le rendant disponible pour les autres plantes. Ces plantes améliorent le sol, ne vous en passez pas !

Ornez vos bordures d'allées et de massifs, mais aussi le pied de vos fruitiers de plants d'alysses odorantes ! Selon une expérience californienne menée en 1992, cette plante permettrait d'attirer plus de 200 insectes bénéfiques par contrer les ravageurs !

Comment mettre en œuvre un tel jardin ?

Voici quelques pistes pour obtenir des fleurs toute la saison pour les auxiliaires :

  • renseignez-vous sur les espèces qui attirent une grande diversité d’auxiliaires et qui matchent avec le terroir de votre jardin (exposition, climat, sol) ;

  • pensez à échelonner les semis et les plantations pour obtenir des fleurs une grande partie de l'année. Certaines plantes seront installées ou semées dès l'automne, d'autres au printemps ;

  • laissez quelques espaces en jachère où les plantes sauvages seront reines ;

  • semez des mélanges tout prêts de plantes pour les abeilles, elles attireront également d'autres espèces auxiliaires ;

  • mixez les vivaces, bisannuelles et annuelles pour que les auxiliaires ne manquent jamais de fleurs ;

  • installez ces plantes précieuses partout au jardin, que ce soit à l'ornement dans les massifs, les bordures d'allées ou les mixed-borders, mais également au verger et au potager ;

  • composez des haies mixtes avec des arbustes aux floraisons opulentes et échelonnées.

  • n'oubliez pas d'y ajouter des espèces produisant des baies pour les oiseaux ;

  • conservez la ronce et l'ortie, deux plantes mal-aimées et pourtant cruciales pour abriter et servir de lieu de ponte à de multiples auxiliaires.

Comment entretenir un jardin de fleurs pour les auxiliaires ?

Arroser

Pensez à arroser vos plantes les premiers printemps et étés suivant la plantation, s'il fait chaud et qu'il ne pleut pas suffisamment, même si ces plantes ont la réputation d'être résistantes à la sécheresse !

Ôtez les herbes sauvages à leurs pieds pour éviter leur concurrence en eau et nutriments.

Paillez le sol pour éviter une trop grande évaporation, notamment aux pieds des plantes gourmandes en eau.

Tailler

Si vous désirez obtenir un renouvellement des floraisons, pensez à couper les fleurs fanées avant qu'elles ne montent en graines, chose qui prendrait toute l’énergie de la plante au détriment des fleurs.

Laissez toutefois quelques graines se former en fin de cycle de floraison si vous désirez profiter de semis spontanés au jardin, surtout au niveau des plantes annuelles. Il sera toujours possible de les transplanter ailleurs pour fleurir une nouvelle zone par la suite !

Il s'avère qu'il vous sera également possible de récolter les graines et de les conserver pour les semer directement à l'emplacement de votre choix l'année suivante.

Évitez de tailler à ras vos vivaces dès l'automne, car leurs touffes constituent autant de refuges pour les auxiliaires. Notez que vous pouvez également placer çà-et-là quelques hôtels à insectes et abris à hérissons pour qu'ils trouvent un refuge chaleureux en hiver.

Article rédigé par Iris MAKOTO

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