Une punaise invasive et diabolique Elle n'a l'air de rien et pourtant... La punaise diabolique qui ressemble à s'y méprendre à notre inoffensive punaise européenne, n'a pas fini de faire parler d'elle ! Invasions automnales dans les maisons, dégâts causés sur les cultures... La bestiole attaque sur tous les fronts ! Halyomorpha halys, autrement nommée 'Punaise marbrée' ou 'Punaise diabolique' Facebook Twitter Pinterest D'où vient la punaise diabolique ? Halyomorpha halys, autrement nommée 'Punaise marbrée' ou 'Punaise diabolique' est un insecte, plus précisément un hémiptère, originaire d'Asie. Amatrice de voyages, elle use et abuse des transports maritimes ou ferroviaires pour se déplacer et se propager autour du globe. Découverte pour la première fois au Liechtenstein en 2004, elle se propage très rapidement sur toute l'Europe. En 2012, la punaise diabolique était déjà présente dans la région de Strasbourg ; elle est de nos jours bien établie en Italie et en Grèce. Elle aurait colonisé les États-Unis dès 1990 où elle cause d'importants dégâts sur les cultures. Comment reconnaître la punaise diabolique ? Halyomorpha halys est une grosse punaise (12 à 17 mm de longueur et 7 à 10 mm de largeur). De couleur gris/brun, cette punaise est marbrée de tâches plus sombre sur tout le dos. Elle présente des tâches plus claires en bordure d'élytres, souvent blanc/crème et triangulaires. Cette punaise ressemble fortement à la punaise grise classique (Rhaphigaster nebulosa) dont elle présente les mêmes caractéristiques morphologiques et certaines habitudes comme celle de venir hiverner dans les maisons en automne. Pour trouver le seul signe distinctif flagrant, il faut retourner la punaise et observer son abdomen. Si celui-ci présente une pointe bien marquée partant de la base des pattes antérieures, il s'agit de notre punaise grise autochtone, si cette sorte de 'dard' n'est pas présent, vous êtes en contact avec une punaise diabolique ! D'autres critères permettent de les différencier, notamment le positionnement des taches blanches sur les antennes, ou la membrane blanche tachetée de macules de forme allongée brunes tout au long des nervures. Quel est le cycle de vie de la punaise diabolique ? Comme tous les grands voyageurs, notre punaise diabolique s'adapte facilement au climat du pays qui l’accueille. Dans son pays d'origine (Sud-Est de la Chine), la bête, heureuse, se reproduit jusqu'à 4 fois par an ! En France on ne compte qu'une à deux générations par an selon la zone climatique. Sachant qu'une seule femelle est capable de pondre 200 œufs dans la nature (presque 500 à l'abri d'un laboratoire), on comprend aisément pourquoi cette punaise est si invasive. Heureusement, les larves ne peuvent se développer qu'à une température comprise entre 15 et 30°C. Dès que les températures sont clémentes et stabilisées, les femelles pondent leurs œufs (ronds, blancs et lisses) par groupes d'une trentaine sous les feuilles des végétaux qui mettront entre 3 à 6 jours pour se développer au stade de larves. Chaque larve passera ensuite par 5 stades avant de devenir un imago (forme adulte), chose qui prendra entre 60 et 110 jours durant lesquels, les larves aspireront le suc des feuilles, des tiges, des fruits et même des graines. Dès que la durée des jours et la température baissent, les adultes hivernent dans des crevasses ou dans les maisons. Quelles sont les plantes de prédilection de la punaise diabolique ? Les plantes hôtes sont nombreuses (plus de 120), notamment de nombreux arbres fruitiers dont les agrumes, les pommiers, les poiriers, les pruniers, les noisetiers, mais aussi les petits fruitiers comme la vigne, le kiwi, la ronce ou le framboisier. Du côté des plantes ornementales, la punaise se plaît sur les noyers, les tilleuls, les hibiscus, les chèvrefeuilles ou les érables. Au potager, elle a une prédilection pour le pois, le soja, l'asperge, le concombre, le maïs, le poivron... Quels sont les dégâts causés par la punaise diabolique ? En piquant les tissus végétaux la punaise cause des nécroses, affaiblit la plante et parfois transmet des phytopathologies en passant d'une plante à l'autre. Les récoltes sont compromises ce qui pose de nombreux soucis notamment à certains géants de l'agriculture aux États-Unis où la punaise sévit depuis 1990 malgré les pluies de pesticides régulières. La punaise diabolique est-elle dangereuse pour l'Homme ? Non, bien que les invasions en automne dans les habitations puissent être impressionnantes, cette punaise phytophage ne pique pas l'être humain ni les animaux, elle est totalement inoffensive. Quelques cas d'allergie (rhinite, conjonctivite) ont été signalés mais ils sont très rares. Comment signaler la présence de la punaise diabolique ? Pour lutter contre un parasite, il est nécessaire d'apprendre à le connaître et de le localiser. Pour aider la recherche scientifique, vous pouvez signaler la présence de l'insecte et envoyer une photo qui aidera à déterminer l'animal et la plante hôte sur le site de Ephytia de l'INRA. Pour cela, inscrivez-vous sur le site ephytia via l'onglet 'Inscription' que vous trouverez en haut à droite. Ensuite, il ne vous restera qu'à cliquer sur l'onglet "Ajouter une observation" afin d'accéder à la page déclarative pour y inscrire vos observations. Autre possibilité de science participative : téléchargez l'application Agiir. Vous pourrez envoyer des photos qui aideront à déterminer s'il s'agit bien de la punaise en question. Le relevé de présence dans la région sera alors pris en compte. Si vous préférez les mails, envoyez vos observations au MNHN 'Muséum National d'Histoire Naturelle) à Romain Garrouste : et si vous êtes plus à l'aise à l'écrit traditionnel, voici son adresse postale : Romain Garrouste, Muséum national d'Histoire naturelleInstitut de Systématique Evolution BiodiversitéUMR 720545 rue Buffon, CP 5075005 Paris. Comment lutter contre la punaise diabolique ? Au niveau d'un simple jardin, les pièges à phéromones peuvent être utilisés avec efficacité. L'installation de filets anti-insectes aideront à préserver les vergers. La préservation de la biodiversité permettra de laisser une place aux prédateurs naturels que sont certaines guêpes parasitoïdes (Trissolcus et Anastatus), les oiseaux, mais aussi les coccinelles ou les perce-oreilles.